Comme le disait l’homme politique israélien Shimon Peres, employant une image heureuse, « les sondages c’est comme le parfum, il faut les humer mais ne pas les boire ». Selon celui réalisé par BVA les 7 et 8 décembre, 17% des sondés disent pouvoir voter pour Marine Le Pen à la présidentielle, contre 8% pour Bruno Gollnisch, ce qui est déjà beaucoup compte tenu du déficit médiatique qui le frappe. En décembre 2006, un sondage similaire créditait Jean-Marie Le Pen de 18%. Une nouvelle enquête d’opinion réalisée par l’IFOP pour la Lettre de l’opinion, portant sur 200 personnes ayant déclaré être sympathisants du FN, rapporte le blog de Marianne aujourd’hui, tend à confirmer l’aura médiatique de Marine…mais quid des militants-adhérents ?
« On se rappelle qu’au moment de la campagne interne de Ségolène Royal, relève Marianne, plusieurs études avaient tenté de cerner le vote des adhérents socialistes. D’où l’idée de l’IFOP, sonder ceux qui s’affichent comme sympathisants du Front National. »Une enquête « tout de même à prendre avec des pincettes », qui « attribue un score quasiment coréen – du Nord – en faveur de Marine Le Pen, soit 91 % alors que le même sondage réalisé en juin 2010, lui était légèrement moins favorable (83% contre 9 pour Bruno Gollnisch) » est-il souligné.
« Il est probable poursuit cet article que le score réel du vote des adhérents en vue du Congrès de Tours des 15 et 16 janvier sera bien plus favorable à Bruno Gollnisch. Car on ne comprend pas l’engagement de Jean-Marie Le Pen et la vigueur de la campagne de sa fille sans une réelle inquiétude sur l’issue du vote interne. »
« En revanche, et sous réserve d’un scrutin réellement équitable – rien n’est très transparent dans l’organisation interne du FN – une victoire écrasante de Marine Le Pen marquerait la victoire définitive de l’esprit de média sur l’esprit de parti » poursuit Marianne qui reprend ici l’analyse de Jérôme Leroy pour le mensuel Causeur que nous évoquions hier.
En effet, est-il encore rappelé, « On avait déjà bien constaté le phénomène lorsque, en 2006, Ségolène Royal a pris le Parti socialiste par l’extérieur grâce à ses apparitions médiatiques et aux sondages qu’elles généraient. Mais on ignorait que cette modernité-là touchait même à présent le dernier parti militant avec le PCF, le Front National ».
Nous serons désormais fixés assez vite sur la réalité de cette « modernité-là », qui aurait été bien différente si les 200 sympathisants sondés ici par exemple, avaient été interrogés après le passage de Bruno dans une grande émission, du type de celle où était présente Marine le 9 décembre dernier sur le plateau d’Arlette Chabot.
Les adhérents eux, connaissent il est vrai beaucoup mieux le talent, l’envergure et la stature de présidentiable du candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen. Et leur capacité de résistance au « discours dominant » n’est plus à prouver, elle est même consubstantielle à l’esprit frontiste…