Depuis l’émergence électorale de l’opposition nationale, les partis de la droite « libérale » expliquent à leurs électeurs que « voter FN c’est faire gagner la gauche ». L’argument, à défaut d’être très étayé, a cependant produit son effet, le réflexe du «vote utile » au sein d’une frange non négligeable de l’électorat droitier. Les affreux frontistes seraient les alliés objectifs des socialo-communistes et des verts en favorisant, par leur simple présence, l’élection de ces derniers. Il s’agit donc de voter hier RPR, aujourd’hui UMP, dés le premier tour…
Là ou les choses se compliquent pour l’actuelle majorité, c’est quand celle-ci est confrontée à un choix autrement plus difficile à expliquer à ses électeurs, celui du vote à gauche pour faire barrage au FN. Soit la mise en place du fameux « Front ripoublicain » qui a plutôt bien fonctionné les décennies précédentes.
Par malheur pour les partis de l’Etablissement, les lignes ont bougé. La récupération par Sarkozy et l’UMP d’une partie des thématiques et du discours frontistes, pour tenter de contenir son expansion, rendrait aujourd’hui totalement inaudible et scandaleuse auprès d’une large fraction de l’électorat de la majorité tout appel à voter PS, PC ou Verts contre un candidat du FN.
Un avis que ne partage pas à l’évidence le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a déclaré qu’à « titre personnel (…), il n’a jamais été question de choisir l’extrême droite ». Invité à dire si sa position signifiait qu’en cas de duel FN/PS, il voterait PS, M. Larcher a répondu : « Bien sûr. »
Sur la même longueur d’onde « humaniste », nous retrouvons cette figure de la droite bobo qu’est le maire de Lonjgumeau, Nathalie Kosciusko-Morizet. Invitée mardi sur le plateau de Canal Plus, le ministre de l’Ecologie et conseillère politique du bureau de l’UMP a précisé sa pensée.
« A l’occasion des élections cantonales, il faut avoir des principes très clairs a-t-elle affirmé. Par exemple, s’il y a un second tour Front national/Parti socialiste dans un canton, ce que je ne souhaite pas, on ne considère pas que la politique est un continuum et que tout se vaut. Moi, dans ce cas-là je dis clairement : on vote PS. C’est ma position à moi, l’UMP n’a pas encore pris de position officielle. »
Le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a déclaré mercredi que son parti « prendrait position au soir du 1er tour » en cas de duels FN/PS aux cantonales. : « Aujourd’hui il n’y a pas lieu d’avoir une position, le temps viendra pour cela. »« Même si ici ou là, les Français peuvent exprimer des déceptions ou quelques regrets par rapport à la manière dont nous faisons les choses […] il faut que chacun sache qu’il n’y aura jamais d’alliance avec le Front national », a-t-il insisté
Quoi qu’il en soit, l’UMP est dans une position intenable : tout appel à faire barrage au FN précipite dans les bras de l’opposition nationale une large partie de ses électeurs excédés. Mais ne pas appeler à voter pour le candidat de gauche confirmera dans les urnes l’emprise grandissante du FN sur l’électorat traditionnel de la droite. Et mettra l’Etat major UMP en porte à faux avec ses grands principes « humanistes » et républicains défendus pareillement par les lobbies antinationaux.
[…] réflexion de Bruno Gollnisch dans un article sous le titre « Cantonales : des pontes UMP appellent (déjà) à voter PS contre le FN […]