Le débat sur la place de l’islam maintenu par Jean-François Copé et qui prendra la forme d’une convention UMP le 5 avril prochain, ne plait pas aux musulmans de l’UMP et ils le font savoir. Abderrahmane Dahmane, « conseiller technique en charge de la diversité » à l’Elysée, militant sakozyste dans les banlieue en 2007, a déclaré jeudi lors d’une réunion à la Grande Mosquée de Paris, que « l’UMP de Copé c’est la peste pour les musulmans ».
Emporté peut être par son élan, M. Dahmane a comparé la situation actuelle des musulmans en France à celle des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, fustigeant la «poignée de néo-nazis» (M. Copé et son entourage ?) qui a décidé de lancer ce débat. Il a demandé à ses frères musulmans de l’UMP de «ne pas l’accepter dans les sections s’ils ont une dignité et une fierté», à « ne pas renouveler leur adhésion » au parti présidentiel tout en défendant Nicolas Sarkozy.
Il a été limogé de son poste le lendemain parle chef de l’Etat. « Il vient de me rendre ma liberté, je vais me mettre en campagne pour défendre la dignité des musulmans de ce pays » a aussitôt indiqué M. Dahmane.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a annoncé avoir reçu, samedi, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui «l’a assuré des bonnes intentions du débat sur la laïcité» prévu début avril. La communauté musulmane de France craint une dérive et dénonce la volonté de «certains UMP de vouloir faire de ce débat, la stigmatisation de l’islam». Le site Yabiladi.com précise que M. Boubakeur « ne souhaite qu’une chose : que ce débat soit annulé par le président de la République. »
Jeudi toujours, un autre militant de poids du parti sarkozyste, chargé de faire de la retape pour le parti présidentiel au sein de la communauté mahométane, a également déchiré sa carte de l’UMP devant la caméra d’I-télé, appelant ses coreligionnaires à faire de même. Il s’agit Abdallah Zekri, président de la fédération régionale du sud-ouest de la Grande mosquée de Paris et chargé de mission au Conseil Français du culte musulman (CFCM).
Le site communautaire islamique francophone Oumma.com a lancé de son côté le 5 mars une pétition contre le « débat de trop » sur l’Islam en France. En concertations avec le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, ou encore Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône). Ce site appelle notamment les musulmans de France à s’opposer à un « débat électoraliste de trop » sur l’islam.
L’express.fr cite aussi de son côté Kamel Hamza, élu UMP de Seine-Saint-Denis et président de l’Association nationale des élus locaux de la diversité, pour lequel ce débat est « devenu un fourre-tout, qui agite le chiffon rouge du spectre du FN ».
En filigrane, ce débat pose la question du poids électoral des musulmans de France, incontournable dans de très nombreux quartiers et banlieues. Une communauté qui selon différents sondages, pencherait très nettement à gauche.
Un avis que la sociologue Nacira Guenifi, citée il ya trois jours par Amer Ouali dans une dépêche Afp ne partage pas du tout. Elle parle d’une « convergence des comportements électoraux avec ceux de l’ensemble des Français ; les électeurs musulmans se distribuent sur l’ensemble de l’échiquier politique » affirme-t-elle. Cependant en 2007, il y a eu un effet d’aubaine en faveur de Nicolas Sarkozy « qui avait mis en avant des icônes venues de pays musulmans comme Rachida Dati, de père marocain et de mère algérienne, et Rama Yade, de parents sénégalais, selon Mme Guenifi.
« Cette stratégie a engendré un transfert de voix sur Nicolas Sarkozy et non sur la droite, analyse la sociologue. Mais, pronostique-t-elle, ce moment d’émerveillement électoral ne pas vas se reproduire en 2012 car la politique d’affichage outrancière de M. Sarkozy a abouti à un désenchantement. »
« Au gouvernement, les figures de la diversité n’ont jamais été en position d’exercer le pouvoir et ce qui reste finalement dans le marbre ce sont les lois de plus en plus répressives de Mme Dati alors que Fadela Amara a joué le rôle de fossoyeur de la politique de la ville, accuse Mme Guénifi. »
Enterrement tout relatif précisons le tout de même puisque ladite politique de la ville, soit le financement de l’immigration, a certes coûté selon les chiffres officiels quelques 50 milliards d’euros de 1989 à 2002, mais de 2003 à 2012, le plan concocté par Borloo lui consacre encore 40 milliards supplémentaires.
Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui estime comme Nacira Guenifi que le vote musulman est « très dispersé » et « n’exprime pas l’appartenance religieuse. »
« Lors de la dernière présidentielle rapporte encore l’Afp, , des musulmans n’avaient pas caché leur préférence pour Jean-Marie Le Pen qui avait choisi une jeune fille d’origine nord-africaine pour illustrer l’une des affiches de sa campagne. Un étudiant en histoire de l’art avait alors expliqué à l’AFP qu’il partageait avec l’ex-dirigeant frontiste certaines valeurs morales comme l’interdiction du mariage homosexuel. »
Musulmans de France qui savent aussi, pour les plus informés, que le FN n’est pas l’ennemi de l’islam dans le monde mais qu’il défend notre identité helléno-chrétienne et s’oppose à l’immigration de peuplement et à ses idéologues, ce qui n’est pas du tout la même chose. La confusion entretenue sur le sujet par l’UMP et le PS est tout sauf anodine…