Les consignes de vote données par les partis du Système, ont-elles encore une influence véritable sur les électeurs et influeront-elles sur les résultats du second tour des cantonales ? A dire vrai il est permis d’en douter, ceux qui se déplaceront pour aller voter dimanche prochain le feront en leur âme et conscience, les oukases et conseils émanant de telle ou telle « grande conscience républicaine » ayant plutôt pour effet de les conforter dans leur ras-le-bol de l’UMPS. Dans la cacophonie assez pathétique qui règne à l’UMP, un sondage Ifop publié aujourd’hui mercredi par France-Soir indique que les sympathisants du parti sarkozyste approuvent à 77% l’absence de consigne de vote au second tour des cantonales en cas de duel gauche-FN. Pour l’ensemble des Français cette approbation reste assez élevée (48%), chute à 29% chez les sympathisants de gauche et monte à 61 % chez ceux du FN selon cette enquête.
Pour autant, cette pseudo absence de consigne de vote, présentée comme telle notamment par ce sondage n’en est pas vraiment une. Comme l’a souligné Marine Le Pen sur l’antenne d’Europe 1 ce matin, « j’ai cru comprendre qu’on laissait le choix aux électeurs soit de s’abstenir, soit de voter socialiste. Ce qui en réalité correspond à un front républicain, mais à un front républicain honteux. En espérant que les électeurs du Front national n’en voudront pas trop lors des prochaines élections à Nicolas Sarkozy ».
D’autant que cette doctrine du «ni ni », prônée officiellement par Sarkozy, est rejetée au profit d’un appel à voter clairement en faveur de la gauche contre les candidats nationaux , non seulement par des centristes comme Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Dominique de Villepin, ou François Bayrou, mais aussi par François Fillon et des membres de son gouvernement comme Alain Juppé, Roselyne Bachelot, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse…
Le Figaro rapportait aujourd’hui les propos de la délicate Mme Bachelot : «en ce qui me concerne, je voterais sans problème pour le PS ». Mais aussi ceux d’Alain Juppé qui a appelé hier à «voter pour le candidat républicain acceptable». «Je n’ai jamais varié d’un millimètre. Le jour, qui n’arrivera pas, où il y aura une alliance UMP-FN, je quitterai l’UMP». «Si tel ou tel se lance dans cette alliance, il ne fera plus partie de la famille», a-t-il affirmé relayant ici les propos du président de la République.
Dans Libération, Nicolas Demorand s’arrête sur ce psychodrame : « Depuis plusieurs jours, nous assistons à beaucoup plus que de la cacophonie : une peur panique, une crise d’identité, peut-être les prémices d’une vraie division politique. Car sur la question du FN, les différentes droites, unies et silencieuses quand un Nicolas Sarkozy victorieux les dominait en 2007, reprennent désormais leur autonomie et le bloc UMP commence à ressembler à un archipel de sensibilités divergentes, voire contraires, qu’un lien de plus en plus ténu tient encore assemblées.
« Bloc UMP » qui ne tient en effet que par les postes et prébendes que le sarkozysme triomphant avait assuré à ses troupes. A l’heure de la débandade électorale les fissures apparaissent au grand jour et elles sont nombreuses. Entre l’euroscepticisme d’un Jacques Myard et les amis européistes de Laurent Wauquiez, la position d’un Christian Vanneste sur la famille traditionnelle et la « gay attitude » d’une Roselyne Bachelot, le discours d’un député UMP immigrationniste militant comme Etienne Pinte ou celui d’un de ses collègues membre du Collectif de la droite populaire, il n’y a strictement rien en commun.
Bruno Gollnisch a martelé ces derniers mois cette évidence à savoir que l’agrégat UMP était voué à l’implosion. Et qu’à l’aune de la recomposition politique qui s’imposera, du fait de la formidable montée en puissance de l’Opposition nationale et de la candidature de Marine, il n’est pas exclu que les patriotes sincères qui gravitent encore dans l’orbite du parti présidentiel, de nombreux militants et élus locaux, rejoignent le FN. C’est cela la vraie peur de l’Etat-major UMP.