Gardons nous de toute euphorie déplacée, ne cédons pas à l’ivresse de l’altitude des intentions de vote : les enquêtes d’opinion s’accordant à qualifier Marine Le Pen pour le second tour ne doivent pas nous faire oublier que le chemin est encore long, que la campagne présidentielle n’a pas commencé, qu’elle réservera certainement son lot de coups tordus et que si le système gère très mal notre pays il se défend très bien…
Dans Le Parisien en date du 20 avril Le politologue Roland Cayrol explique que les sondages favorables au FN peuvent avoir un effet d’alerte et expose ce sur quoi table l’Elysée. Le 21 avril 2002 note-t-il, « il y avait eu un certain degré de surprise ». « Jean-Marie Le Pen n’avait jamais été donné comme possible qualifié au second tour. Là, c’est différent puisqu’il n’y a pas de surprise. Les partis peuvent s’y préparer en évitant l’atomisation des candidatures. Par ailleurs, les électeurs de Marine Le Pen sont encore friables. Ceux qui ont quitté Sarkozy vont se demander s’ils doivent aller jusqu’au bout de leur démarche et donc faire gagner le candidat de la gauche. Ils peuvent encore revenir vers l’UMP.
« Atomisation des candidatures » qui est la crainte numéro Un de l’Elysée, qui espère contrôler les velléités de candidature de Jean-Louis Borloo et celle de Dominique de Villepin au nom de la « menace FN ». A gauche, nous évoquions hier les velléités d’une candidature unique souhaitée par le think tank Terra Nova, des personnalités du PS, alors que Nicolas Hulot a déjà déclaré qu’il pourrait retirer sa candidature à quelques mois du scrutin au cas où les sondages donneraient encore Marine Le Pen en bonne position.
Mais se pose aussi la question de savoir si Dominique Strauss-Kahn est vraiment le candidat idoine pour contrer la montée en puissance du FN. Un article publié sur Agoravox relève que « la promotion de la candidature de DSK semble tenir lieu de ligne éditoriale pour la politique française dans la plupart de ces médias. »
« (…) Quelles sont les raisons qui poussent aujourd’hui les Dassault, Lagardère, Pigasse, Rothschild, Arnault, Pineau, Bolloré, Bouygues à soutenir avec autant d’insistance et avec une telle unanimité la candidature d’un socialiste qui a été un des lobbyistes les plus importants en France ? L’approbation d’autant d’hommes d’affaire, de financiers, d’industriels de l’armement n’est-elle le signe que DSK est d’avantage le candidat d’un système qui désire se maintenir en place et qui voit en lui la garantie que les privilèges qui assurent aujourd’hui sa prospérité soient maintenu et éventuellement renforcés ? »
« Quoi qu’il en soit, la mise en avant de DSK a de lourdes conséquences pour le PS car DSK, de part ses activités politiques et de lobbying passées et présentes ne peut ni rassembler la gauche, ni prétendre être le candidat du changement ; alors que ces deux conditions semblent devoir être réunies par un candidat de ce parti s’il veut gagner une élection (…).
« Avec une candidature de DSK, nous serions dans une situation dramatique déplore l’auteur de cet article. La gauche serait privé de son thème de campagne le plus porteur, c’est-à-dire le changement global et délibéré voir radical de politique économique, et Marine Le Pen, qui complète maintenant le discours traditionnel du FN sur l’immigration par un discours altermondialiste pourrait paraître beaucoup plus crédible aux yeux de nombreux électeurs en tant que candidate incarnant le changement (…). »