Pour lutter contre l’afflux ces dernières semaines de clandestins tunisiens (30 000 personnes selon les derniers calculs), débarquant en France via l’Italie, le gouvernement affirme avoir activé la clause de sauvegarde des accords de Schengen, actant la fin des frontières au sein de l’UE et la libre circulation des biens et des personnes. Paris demanderait un aménagement de cette clause. Cela consisterait pour un immigré non européen, à justifier de son appartenance à l’espace Schengen ou à disposer d’un visa pour pouvoir s’y déplacer librement. Une nouvelle fois, l’UMP agite une volonté d’agir (éventuellement) à la marge sur les conséquences de l’immigration et non sur ses causes.
Si les clandestins tunisiens souhaitent gagner la France, outre qu’ils veulent rejoindre la forte communauté tunisienne qui y réside; c’est bien parce qu’ils sont certain d’y trouver des aides, des prestations sociales, un droit du sol pour les enfants à naître, bref des conditions d’accueil beaucoup plus favorables que dans le reste de l’Europe.
Sur ce sujet de l’immigration le quotidien Les Echos s’est fait aujourd’hui le relais de la propagande du Medef pour tenter d’expliquer que la France accueille très peu d’immigrés par rapport à ses voisins, 100 000 par an est-il affirmé, chiffre à comparer avec les 180 000 visas de long séjour que le gouvernement a officiellement octroyé en 2010 aux immigrés non européens…
Bref il rentrerait moins d’immigrés aujourd’hui en France qu’au début du XXème siècle…le quotidien omettant de préciser cette évidence, à savoir que l’immigration a changé de nature et que celle du début du siècle précédent ou de l’immédiate après guerre en provenance des pays européens –italienne, portugaise, espagnole, polonaise…- n’a jamais suscité de problème…
Utilisant un mode de calcul tout aussi « curieux », ce dossier explique que les immigrés ne pèsent pas sur les comptes sociaux, et ne concurrence pas les Français sur le terrain de l’emploi puisqu’ l’immigré répond à la pénurie de main d’œuvre qui frappe les métiers précaires et mal payés, qui sont refusés par les français.
Il n’est pas précisé pas non plus que c’est justement là une des raisons d’être de l’immigration, la volonté d’un certain patronat d’utiliser l’immigration pour faire pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français, alimentant ainsi ce recours à l’immigration permanente.
Les Echos fait aussi l’impasse sur la cause principale de l’immigration de peuplement, qui n’a rien à voir avec les besoins du marché du travail, à savoir le regroupement familial, et reste très pudique sur les 25% de travailleurs immigrés actuellement au chômage, plombant d’autant les comptes sociaux.
Plus sérieusement, nous relations sur ce blog les travaux de Jean-Paul Gourévitch, un homme qu’on ne peut soupçonner de « rouler » pour le FN, à savoir la réactualisation de sa monographie sur l’immigration publiée l’année dernière
Au-delà de son impact, non chiffrable, sur la culture, l’identité, les mœurs, le modèle civilisationnel français –toutes choses qui ne rentrent pas dans les calculs opérés par « nos gestionnaires »-, M. Gourevitch parvenait à la conclusion d’un déficit dépenses/recettes de 30,4 milliards d’euros pour l’immigration et de 7,9 milliards d’euros pour l’émigration. Soit près de 2 points de PIB à la charge des contribuables.
Il relevait notamment « l’augmentation très importante de la population originaire d’Afrique subsaharienne du fait de la persistance des flux migratoires et d’une natalité exponentielle ; l’importance des communautés turques et asiatiques, cette dernière étant difficile à chiffrer du fait qu’elle vit en circuit quasi fermé ; le reflux massif des migrations originaires de l’Union européenne. »
Une réalité perçue par le pays réel mais pas encore à l’évidence par Les Echos, propriété du groupe LVMH dirigé par Bernard Arnault…