Une nostalgie malsaine, « moisie » dirait Philippe Sollers, la « tontonmania », déferle depuis plusieurs jours dans les medias où l’on ne compte plus les articles témoignages et reportages laudateurs sur François Mitterrand à l’occasion du trentième anniversaire de son élection. Une catastrophe pour notre pays, bien amorcée il est vrai par le septennat Giscard, amplifiée par quatorze ans de chiraquisme. L’occasion de la rupture tant espérée avec ses années de régression et de décadence de notre pays dans le concert des nations interviendra l’année prochaine. Une occasion à saisir tant il est vrai que comme le disait Céline « l’histoire ne repasse pas les plats », en tout cas rarement…
A l’aune de cette commémoration du « (passage) de la France des ténèbres à la lumière » le 10 mai 1981, dixit la célèbre phrase prononcée alors par le sans-culotte à col mao Jack Lang , le sondage publié par le quotidien La Croix aujourd’hui est révélateur des désillusions de nos compatriotes.
Comme l’explique l’analyse de cette enquête de l’institut CSA, « la promesse mitterrandienne du 10 mai 1981 », celle de « Changer la vie », «semble s’être éloignée ». « Une majorité relative des sondés (42 %) juge ainsi que la capacité des responsables nationaux à améliorer la vie des gens a reculé en trois décennies, seuls 30 % étant d’un avis inverse. »
En cause, « la progression de la mondialisation », « les liens et conflits d’intérêts entre politiques et groupes économiques arrivent tout en haut du palmarès » (pour 37% des cadres et 16% des employés). « (…) Les ouvriers et les employés mettent l’accent sur le manque d’écoute et de compréhension à l’égard des citoyens , semblant souligner que les politiques ne connaissent même plus leurs aspirations. »
Claire Piau, directrice d’études à CSA, souligne que « les cadres pensent que le véritable pouvoir a basculé du côté de l’économie et que le politique ne peut plus vraiment transformer le monde . Les ouvriers, eux, croient davantage à la persistance d’une capacité d’action de la sphère politique, mais doutent de plus en plus de sa volonté de faire bouger les choses. Le verdict des Français sur le pouvoir politique apparaît donc sévère, pessimiste. Un électeur sur deux pense ainsi que les hommes politiques ont perdu la main et se révèlent incapables d’améliorer la vie de leurs électeurs. »
« L’alerte est d’autant plus inquiétante que le désenchantement touche particulièrement les couches les plus modestes, celles justement que promettent d’aider en priorité les décideurs politiques. En vain. Le doute sur la capacité du pouvoir à faire avancer la société atteint ainsi 56 % parmi les ouvriers et les employés ; il culmine même à 69 % chez les chômeurs. »
Ce sondage indique aussi que le sentiment de cette impuissance ou de l’absence de volonté des responsables politiques à Changer le monde « traverse d’ailleurs tous les camps, y compris parmi les sympathisants des partis qui n’ont pas vraiment expérimenté le pouvoir et promettent de bouleverser l’ordre des choses s’ils y parviennent (…). À l’extrême gauche, à l’extrême droite comme chez les écologistes, moins d’un électeur sur cinq croit à la possibilité pour un homme politique d’imposer une modification « en profondeur » de la société.
Pour autant, indique aussi cette enquête d’opinion, « les responsables nationaux sont ainsi largement en tête du palmarès des leviers capables de faciliter la vie des gens. Loin devant les élus locaux, l’Europe ou les acteurs économiques. À un an tout juste de la prochaine présidentielle, voilà les futurs candidats prévenus : les attentes sont fortes, les doutes aussi. »
Ce désenchantement voire cette résignation est explicable. Les Français sont largement conscients que notre classe politique a délégué à l’Europe supra nationale la conduite des affaires de notre pays -sans même parler de notre inféodation accrue à l’Otan-, à l’heure où 60% des lois qui s’appliquent sur le territoire national émanent de Bruxelles. Ce sentiment de dépossession de souveraineté, conduit de facto à attendre assez peu des candidats des partis européistes.
Mouvement porteur d’une alternative nationale à l’euromondialisme, cette enquête indique aussi en creux que le FN, comme l’a bien vu Bruno Gollnisch, doit encore gagner en crédibilité pour convaincre les Français qu’ils sont encore en situation de stopper ce processus.
Oui, la France doit être une nation souveraine, indépendante de toute autorité, organisation étrangère ou internationale, capable de nouer, notamment avec ses voisins européens et dans le cadre d’une Europe des patries, des accords qui ne doivent pas entraver ses libertés fondamentales.
Oui, la France est encore en capacité de se défendre efficacement et raisonnablement contre les effets ravageurs de la mondialisation, dans les domaines économique, sociale ou migratoire ; oui, notre pays peut faire échec aux diktats des multinationales, des trusts, du capitalisme financier ; oui les Français peuvent sauvegarder leur souveraineté et leur identité nationales ; oui ils peuvent accorder leur confiance au seul Mouvement politique de premier ordre s’opposant frontalement au mondialisme, le pire des internationalismes, poursuivant comme objectif final avoué la dissolution de toutes références territoriales et de toutes originalités culturelles.
Le seul danger est de s’imaginer que la France n’a plus d’avenir.
[…] Posté par pat le 10 mai 2011 « Changer la vie »… […]