C’est la crainte de voir Dominique Strauss-Kahn quitter le sol américain qui a grandement motivé hier le refus de la juge Melissa Jackson d’élargir le dirigeant socialiste dans l’attente de son procès, comme le réclamait son avocat Benjamin Brafman , contre le paiement d’une caution et le port d’un bracelet électronique. La classe politique et son appendice médiatique, doivent peut être aujourd’hui se mordre les doigts d’avoir défendu le cinéaste Roman Polanski, réfugié en France et réclamé en vain par la justice américaine, accusé du viol d’une adolescente de treize ans.
Alors que Benoit XVI était violemment attaqué l’année dernière, soupçonné d’avoir couvert dans l’Eglise les agissements de pervers pédophiles, Denis Tillinac, relevait le 3 avril 2010 dans France Soir, que « de BHL à Onfray en passant par Finkielkraut (…) un certain système médiatique a trouvé toutes les indulgences à Roman Polanski, qui a été condamné pour pédophilie, ou à Frédéric Mitterrand, qui en a fait l’apologie dans un livre ».
Cette fois-ci commentateurs et hommes politiques se font plus prudents, tant il apparaît que les faits reprochés à DSK paraissent fondés sur des accusations précises. Répétons-le encore une fois, il n’en reste pas moins que la présomption d’innocence doit bénéficier au « séducteur » DSK comme le désigne sans rire ses amis.
Quelles que soient les turpitudes reprochées à ce dernier, les images passant inlassablement en boucle de cet homme abattu, défait, le visage marqué par l’épreuve et sur lequel se referme les mâchoires de la justice américaine, laisse tout de même une profonde impression de gêne et de malaise.
Pour le reste nous suivons totalement Marine Le Pen quand celle-ci déclare, nous l’évoquions hier que « s’il est avéré que (M. Strauss-Kahn) est coupable des faits très graves dont il est inculpé, c’est une bonne nouvelle pour la France et les Français ».
Rappelons notamment que DSK, mondialiste assumé, est l’auteur du rapport remis il ya sept ans au président de la Commission européenne qui exposait sa vision du futur. Il y préconisait une Europe fédérale, englobant les pays du Maghreb, la Turquie, Israël et le Liban…
Car au-delà même de ce sordide épisode newyorkais , c’est bien désormais l’escroquerie politique incarnée par DSK qui est sous le feu des projecteurs. Le site Contrepoint relevait cruellement hier que dans l’hypothèse où celui-ci a payé de sa poche la suite à 3000 dollars qui l’hébergeait à New York, cela « en dit long sur la cohérence de certains socialistes dans leurs principes ».
« Comme François Hollande qui pouvait déclarer en 2006 « je n’aime pas les riches, les socialistes en France se disent souvent proches des pauvres. On s’attend donc de leur part à un comportement exemplaire, pour contraster avec le bling-bling de certains (…) Déjà début mai 2011, la photo du couple DSK-Sinclair entrant dans une luxueuse Porsche Panamera S d’un ami devant leur domicile de la non moins luxueuse place des Vosges avait fait jaser ».
« Et on connaissait le goût de DSK pour les costumes hors de prix (…). Pour beaucoup de socialistes, la pauvreté mérite la compassion, mais de loin , et, point important, avec l’argent des autres : c’est toujours plus simple. Les principes mêmes de nombreux socialistes sont donc trahis dans leurs actes. »
Et cet article de relever pareillement que si la luxueuse suite de DSK est payée par le FMI, le problème est tout aussi grave » et permet de s’interroger « sur le train de vie de ces agences internationales donneuses de leçons et financées avec des deniers publics » (…). « On peut comprendre qu’un fonctionnaire international de premier rang ne descende pas à l’hôtel Formule 1 du coin » mais « alors que le FMI sermonne à longueur d’année les pays aux gouvernants irresponsables, on s’attendrait à ce qu’il pratique lui-même la rigueur dans ses propres dépenses de fonctionnement. »
« Les bureaucraties internationales non supervisées par nos processus démocratiques sont des foyers de croissance incontrôlées des dépenses (…). Il serait peut-être temps que la transparence soit imposée, pas seulement à Athènes mais aussi à Washington où siègent Banque Mondiale et Fonds Monétaire International …» était-il encore noté.
Enfin se pose aussi la question de la responsabilité indirecte de Nicolas Sarkozy dans cette affaire Strauss-Kahn, le président français ayant pesé de tout son poids pour sa nomination à la tête du FMI. Le 2 octobre 2007, réagissant alors à la nomination du ponte socialiste, Jean-Marie Le Pen soulignait plus largement « l’illégitimité du FMI dans les pays émergents », « son inutilité flagrante », « le coût financier exorbitant de cette institution pour les Etats membres ».
En conséquence, ajoutait-il, une vraie réforme du FMI serait sa dissolution. A défaut, la France devrait sortir du FMI afin de sauvegarder ses intérêts nationaux en recouvrant ses avoirs », le président du FN dénonçant « une collusion entre les pouvoirs apatrides du système monétaire international »
Le site Oumma.com a placé le 15 mai sur la page d’accueil de son site un article de René Naba publié en octobre 2007 qui souligne qu’au-delà du côté bling-bling, MM. Sarkozy et Strauss-Kahn partagent nombre de convictions géopolitiques communes puisque ce dernier « paraît plus proche des néo-conservateurs américains que les ténors de la droite française ». « C’est d’ailleurs là son point de convergence avec son nouveau parrain international (…) Nicolas Sarkozy, l’artisan de la mutation post-gaulliste de la Droite française et de son ralliement aux thèses atlantistes. »
Cet article faisait aussi référence au « comportement » de M Strauss-Kahn, que M. Sarkozy ne pouvait ignorer, pointé par le blog de Jean Quatremer, « journaliste du quotidien français Libération accrédité auprès des institutions européennes à Bruxelles ».
« M. Quatremer exprime la crainte que DSK ne se laisse aller à ses penchants naturels vers la gente féminine et ne place la France et lui-même dans une inconfortable position, les éclaboussant d’un scandale comparable à celui qui a abrégé la carrière internationale de Paul Wolfowitz, l’ancien dirigeant de la Banque Mondiale, contraint à la démission pour avoir favorisé la carrière de son amie de cœur. » S’il n’y avait que cela à reprocher à DSK…