Le député-maire socialiste d’Evry, Manuel Valls, sera aujourd’hui à Marseille pour y parler « sécurité », domaine dans lequel il a acquis une certaine légitimité au sein du PS, en refusant de sombrer dans le « jeunisme » et en s’abstenant de discours trop angéliques. Il est assez transparent que ce social-libéral ancien fondateur en 1985 du club rocardien « Forum XXI » avec le strauss-kahnien Stéphane Fouks, Christian Pouge et le futur Grand Maître du Grand Orient de France, le sarkozyste Alain Bauer, vise le poste de ministre de l’Intérieur si le PS l’emporte en 2012. C’est tout l’objet de son éventuel (probable) candidature aux primaires du PS, afin de « peser » dans l’appareil et faire monter les enchères.
La capitale phocéenne est en effet emblématique du recul de l’Etat de droit face à une délinquance qui prend des proportions proprement insupportables, alors que dans le même temps, 19 000 postes de policiers et gendarmes ont été supprimés depuis 2005.
Le quotidien 20 minutes relayait ce matin les propos de M. Valls : « Rendez-vous compte qu’il y a 100 000 agents de sécurité privés en France. On se dirige vers une société où seuls ceux qui ont les moyens pourront se protéger. Ce n’est pas ma conception du service public», «Il faudrait sanctuariser trois secteurs: l’école, la justice et la police même si je pense que l’on ne pourra pas revenir sur toutes les suppressions de poste de Sarkozy. »
Il est encore (justement) expliqué dans cet article que « Marseille a perdu plus de 400 policiers depuis le 1er janvier 2007, seules 16 caméras sur les 260 promises ont été installées (…) et la violence explose (195 braquages avec violences en 2010, déjà 115 cette année). Au commissariat de la rue Félix-Pyat, 15 policiers seulement pour tout le 3e arrondissement. Un grillage entoure le bâtiment. Le préfet a décidé de l’installer quand le commissariat a été attaqué à la grenade, explique une policière. »
Une insécurité qui sera un des thèmes majeurs de la campagne qui s’annonce, en tout cas qui est bien un sujet d’angoisse pour des millions de Français, et sur lequel la rue de Solferino essaye de se débarrasser de son image de laxisme, voire de lâcheté qui lui colle à la peau. En novembre dernier, nous l’évoquions sur le blog de Bruno Gollnisch, le PS tenait une réunion sur ce thème, animée par Martine Aubry et le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, au cours de laquelle fur proposée un « pacte national de protection et de sécurité publique ».
Le PS avait annoncé son intention de créer des « zones de sécurité prioritaire », la mise en place d’une « police des quartiers », de « centres de placement immédiat » pour les mineurs délinquants, de « centres de discipline et de réinsertion » pour jeunes délinquants multirécidivistes. Le rôle majeur des maires pour maintenir les conditions de l’ordre avait été mis en avant.
Dans un entretien accordé à cette occasion au site du Nouvel Obs, M. Rebsamen n’avait pas craint de tenir un discours particulièrement musclé qui avait beaucoup choqué ses « amis » de « la gauche de la gauche ». Il promettait que la gauche au pouvoir « (rétablirait) l’ordre et la sécurité de façon pérenne », « éventuellement » en faisant appel à l’armée, puisque « les gendarmes savent très bien mener ces opérations de pacification, ils l’ont plusieurs fois démontré à l’étranger ». « Une centaine de quartiers extrêmement difficiles sont aujourd’hui devenus des zones de non-droit où règne la loi du caïdat. La reconquête de ces quartiers sera longue et compliquée (…). Certains élus de mon parti en sont à se dire qu’il faudrait des lois d’exception pour reconquérir ces cités difficiles. Je pense, moi, qu’il faut des moyens exceptionnels et une volonté politique sans faille ».
Volonté politique sans faille dont le PS au pouvoir fut singulièrement dépourvue, mais plus que jamais nécessaire à la simple lecture du bilan du mois d’avril de l’Observatoire national de la délinquance (OND).
Les « violences contre les personnes » ont augmenté de 2,43% entre mai 2010 et avril 2011, dans la même période les « violences crapuleuses » ont progressé de 6,3%, les « homicides » de 4,81%, les « tentatives d’homicides » de 16,3%, les « cambriolages » de 3,69% … Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur en 2002, toujours selon les chiffres officiels, les violences contre les personnes ont augmenté de 35% !
Bien sûr, nous ne sommes pas dupes des effets de manche du PS puisque le discours d’un Manuel Valls ou d’un François Rebsamen se heurte au tabou des tabous, la poursuite d’une immigration de peuplement que ni l’UMP ni le PS n’entendent remettre fondamentalement en cause. En cette période de crise économique, sociale et identitaire, sur fond d’échec de l’assimilation, c’est bien la permanence des flux migratoires qui est la cause première du développement des zones de non droit.
Une immigration qui assure de plus à la gauche, par la voie du droit du sol et d’une politique de naturalisation massive, de gros bataillons d’électeurs, ce qu’ont bien compris les analystes du think-thank social-libéral Terra Nova …
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