Incarcéré à la prison de haute sécurité de Papuna depuis son arrestation en 2007 à Rio de Janeiro, l’écrivain d’extrême gauche Cesare Battisti a retrouvé hier la liberté après que la Cour suprême du Brésil a rejeté son extradition réclamée par la justice italienne. Silvio Berlusconi a exprimé aujourd’hui « la vive amertume » de l’Italie, où il a été condamné par contumace en 1993 à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970, crimes dont il se dit bien évidemment innocent. Ex membre du groupuscule Prolétaires Armés pour le Communisme (PAC), il avait cessé toute activité terroriste depuis la fin des années 70, Battisti avait fui la France en août 2004 pour échapper à la décision de l’extrader vers son pays pour y être jugé.
C’est au nom de la fameuse Doctrine Mitterrand, laquelle n’a jamais eu aucune valeur juridique, soit l’engagement pris en 1985 de ne pas extrader les anciens militants italiens d’extrême gauche ayant rompu avec la violence, que cet homme trouva un sanctuaire en France.
Loin d’être le pur idéaliste décrit par ses soutiens français, il y a quelques années – Fred Vargas, l’ensemble de l’extrême gauche, François Bayrou ou encore Dominique Strauss Khan s’étaient prononcés pour sa non extradition vers son pays-, Cesare Battisti devait aussi répondre de son implication dans de sordides affaires de droit commun. Pour lesquels il peut difficilement se retrancher derrière « le combat politique » ou les « manipulations » dont les PAC auraient été l’objet. Il lui est reproché notamment le meurtre d’un joaillier, dont il avait également blessé le fils, devenu paraplégique, inculpé d’ « association de malfaiteurs », de « recel » et pour une soixantaine de braquages.
La justice italienne l’accuse aussi de l’assassinat d’un gardien de prison, d’un membre des services de renseignements italiens et d’avoir fait partie du commando qui fit irruption au siège du Mouvement Social Italien (MSI) de Mestre en février 1979, attaque au cours de laquelle fut tué un militant de ce mouvement nationaliste, Lino Sabbadin.
Il ya trois ans, c’est une autre activiste d’extrême gauche, Marina Petrella qui bénéficia de la mobilisation des grandes consciences françaises. Ancienne des Brigades rouge, Petrella avait été condamnée en 1992 à la perpétuité en Italie pour complicité dans le meurtre d’un commissaire à Rome onze ans auparavant. Elle jouissait elle aussi de l’asile en France au nom de cette même « Doctrine Mitterrand ».
Le 3 juin 2008, un décret du gouvernement français autorisa l’extradition de Mme Petrella vers l’Italie. C’était sans compter sur la mobilisation très médiatique de Carla Bruni et de sa sœur Valeria Bruni-Tedeschi, qui fut efficace en ce qu’elle déboucha finalement sur la non extradition de cette femme. Officiellement pour « raison de santé » annonça l’épouse de Nicolas Sarkozy en octobre de cette même année.
Ce qui déclencha une mini-crise diplomatique entre l’Italie et notre pays, l’indignation des associations transalpines de victimes du terrorisme d’extrême gauche. « L’esprit de 68 » avec lequel le candidat Sarkozy prétendait vouloir rompre lors de sa campagne présidentielle de 2007 montrait ici qu’il avait encore de beau reste au sommet de l’Etat…
La question qui est posée par le cas Petrella comme par le dernier rebondissement de cette affaire Battisti , est aussi en effet celle, plus générale, des « tendresses » du microcosme pour les criminels gravitant dans l’orbite de l’extrême gauche. Les milieux progressistes ont une conception du pardon des fautes et de la justice singulièrement à géométrie variable. Il est vrai que nous vivons toujours sous le règne du deux poids, deux mesures, à l’aune d’une haine politique qui sous-tend encore largement la vision du monde de nombreux faiseurs et « leaders » d’opinion, et qui explique le traitement « à part » dont est victime en France même le Mouvement national.
Rappelons encore, que les appels à la clémence de nos « grands humanistes » n’ont jamais retenti en faveur des militants d’extrême droite. Notamment ceux qui, lors des « années de plomb » en Italie, et à l’instar des activistes d’extrême gauche, ont été emprisonnés dans des conditions, il s’agit de ne pas l’occulter, faisant peu de cas de la dignité humaine. A ce sujet, les témoignages et les épreuves subies par des figures de l’ultra-droite radicale, d’un Gabriele Adinolfi ou d’un Georgio Freda, sont particulièrement éclairants.
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