Créé en 2010 par la « Loi de Modernisation de l’Agriculture et de la Pêche», avec pour mission de disséquer la formation des prix alimentaires, l’Observatoire des prix et des marges des produits alimentaires vient de rendre son premier rapport de 250 pages, que le quotidien « Les Échos » s’est procuré, sur l’évolution des prix et des marges dans l’alimentation depuis dix ans. Selon son président, l’économiste Philippe Chalmin, « les marges brutes de la grande distribution ont tendance à augmenter » (les marges nettes ne sont pas communiquées par les distributeurs…), marges proprement exorbitantes sur des produits comme le lait, la viande ou encore les fruits et les légumes.
Lors d’une conférence de presse, M. Chalmin a relevé que « suivant les produits alimentaires, la marge brute de la grande distribution évolue entre 30 et 50% » ! A titre d’exemples, il cite le lait UHT, le beurre en plaquette et l’emmental, produits sur lesquels la marge brute de la grande distribution a doublé en 10 ans, ou encore le jambon sous cellophane sur lequel la grande distribution réalise une marge brute d’environ 45%.
L’association de défense des consommateurs UFC que Choisir a relevé sur son site d’autres exemples de marges colossales, rapportés par Les Echos : « le kilo de cerise bigarreau est facturé cinq fois plus cher qu’il n’est payé au producteur », les « 50 % de marge sur un melon »…
« L’exemple de la longe de porc ( …) est édifiant. En dix ans, le profit a complètement changé de main. En 2000, 45 % du prix final allait au producteur. En 2010, il ne lui revient plus que 36 %. L’abatteur a lui, vu passer sa marge de 11 % à 8,8 % en dix ans. Quant à la part de la grande distribution dans le prix final, elle a grimpé de 39 % à 55 %.
Il ya d’autant plus urgence à agir que « l’alimentation représente 14 à 17 % du budget des ménages », rappelle encore Guy Grandgirard de l’UFC Que Choisir.
Rappelons qu’en 2004, alors ministre des Finances, Nicolas Sarkozy s’était engagé à faire baisser les prix dans la grande distribution et à aider les producteurs en esquissant très timidement une baisse sur les marges arrières. Mais on était là aussi dans l’affichage plus que dans le concret puisque « l’accord de Bercy » élaboré par M Sarkozy avec les grandes surfaces avait surtout permis à certains grands distributeurs de se faire de la publicité…à moindre frais.
D’autres avaient souligné que cet accord ne prenait pas en compte un autre problème de taille généré par la mondialisation, à savoir le fait que la grande distribution, qui va se fournir principalement dans les pays à bas salaires, fait baisser les prix dans tous les pays. Cela apparaît favorable (de moins en moins) aux consommateurs mais cela favorise aussi les délocalisations, étrangle les producteurs locaux et favorise le chômage.
Cette question plus générale du rééquilibrage du pouvoir de la grande distribution par rapport aux fournisseurs avait été soulevée par Jean-Marie Le Pen en 2007. Il avait alors redit son opposition ferme aux centrales internationales d’achat qui s’opposent aux centrales d’achat françaises, son opposition au chantage permanent de rupture auquel se livre la grande distribution vis-à-vis des entrepreneurs, sur le thème « soit vous baissez vos prix, soit on rompt nos relations sans préavis »
Un dossier qui pose aussi pleinement le problème du recul de notre souveraineté nationale devant l’Europe de Bruxelles et les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce ; OMC qui, l’exemple est frappant, a divisé par deux le prix d’achat de la betterave aux producteurs français…même si dans le même temps le consommateur ne paye pas moins cher le kilo de sucre dans son supermarché…
C’est pourquoi le FN rappelle aussi la nécessité d’agir sur la répartition de la valeur ajoutée en faveur des producteurs et les éleveurs qui ne cessent de voir leurs marges rognées par la multiplication des intermédiaires, la grande distribution et les gros trusts de l’agro-alimentaire. A l’autre bout de la chaîne, les consommateurs seront également bénéficiaires de cette nécessaire remise à plat.
Il s’agit aussi d’imposer une régulation des marchés financiers, afin d’empêcher la spéculation sur les matières premières, dont Bruno Gollnisch dénonce la nocivité.
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