L’hebdomadaire pour « adulescents » Charlie Hebdo, mélange de vulgarité, d’anticonformisme en peau de lapin et, sous l’impulsion de son précédent patron, le neocon Philippe Val, de soutien plus ou moins indirect aux menées du Nouvel ordre mondial, pouvait-il rêver d’une campagne de publicité (gratuite) aussi massive ? Le jet d’un cocktail Molotov qui a ravagé ses locaux dans la nuit de mardi à mercredi a été au moins autant commenté que l’incendie qui touche l’UE. Par ailleurs le groupe de hackers islamistes Akincilar a revendiqué ce jeudi le piratage du site de ce journal, au nom de la « lutte contre une publication qui attaque (ses) croyances et (ses) valeurs morales ».
Des ennuis que certains avaient jugé prévisibles suite à la diffusion en avant première sur internet de la « une » de ce nouveau numéro intitulé finement « Charia Hebdo » et consacré sur un mode « humoristique » à la montée en puissance des islamistes en Tunisie et en Libye suite au « printemps arabe ».
Attaché à la liberté d’expression, ce qui lui a valu les persécutions que l’on sait et d’être traîné dans la boue par les petits kapos de Charlie et d’ailleurs, Bruno Gollnisch condamne cet attentat. Certes, les plus cyniques diront que l’incendie criminel de la rédaction de Charlie Hebdo est une divine surprise qui arrive à point nommé pour booster les ventes du journal qui se situent en moyenne autour de 48 000 exemplaires par semaine en 2011… contre 120 000 les années précédentes. Le numéro « litigieux » est d’ailleurs déjà en rupture de stock.
Si la rédaction de l’hebdomadaire a été accueillie temporairement dans les locaux de Libération pour permettre sa parution la semaine prochaine, le patron du journal, Stéphane Charbonnier alias Charb, n’a pas craché non plus sur le soutien apporté par Claude Guéant ou encore Jean-François Copé à la suite de cet « attentat » ; ces « fachos » de l’UMP conspués habituellement dans les colonnes de l’hebdomadaire…
Les grandes figures de l’islam de France de M. Boubakeur (Grande mosquée) à M. Moussaoui (Union des organisations islamistes de France, UOIF), ont dénoncé pareillement cette atteinte à la liberté d’expression. Sur le site communautaire oumma.com, Nabil Ennasri a résumé le sentiment de nombreux musulmans en expliquant que « pour exprimer sa désapprobation sur la ligne éditoriale d’un journal, aussi minable soit-il, l’usage de la violence n’est ni justifiable, ni explicable.» « Devant une énième provocation poursuit M. Ennasri, l’heure est plutôt à la sagesse et à l’action réfléchie. Le pire serait de donner à des charlatans l’occasion de profiter de notre emballement pour se refaire une santé financière et médiatique… »
Dans une optique plus « libérale », le président de la Conférence des imams de France, l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, a « condamné » plus vigoureusement cet incendie en le mettant en résonnance avec le réveil islamiste au sud de la Méditerranée : « je ne trouve aucun justificatif à un acte criminel qui est contre les principes de la République et tous les principes de l’islam », a-t-il déclaré sur Europe 1. « Si ces gens là sont des musulmans, j’aimerais dire que ce sont des pratiques qui ne défendent en aucun cas l’image de l’islam ni l’image du prophète de l’islam ».
Dans France Soir, l’imam s’inquiète par ailleurs du fait que « les révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye, qui au départ étaient nobles et démocratiques, sont en train d’être récupérées par les islamistes », des « gens intolérants (qui) menacent même des musulmans qu’ils jugent trop modérés ». « Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde arabe est très grave. Quand le parti islamiste Ennhada accède au pouvoir en Tunisie, quand 40% des Tunisiens de France ont voté pour lui, je suis catastrophé. Je connais le double langage des islamistes, je suis musulman, je suis tunisien… Ces gens-là veulent instaurer la charia, et tout le monde se réjouit » ( ?).
Charb déclarait hier qu’il n’avait qu’une peur, à savoir que cet attentat soit « instrumentalisé par l’extrême droite » (sic). Conseiller « République-Laïcité » de Marine Le Pen, Bertrand Dutheil de La Rochère, que le patron de Charlie n’y voit pas malice, a cependant logiquement dénoncé « une atteinte à la liberté de la presse et une agression contre la laïcité » -l’intégralité de ce communiqué est consultable sur le site du FN.
Notons encore cette déclaration de Yves Thréard directeur adjoint du Figaro qui, hier soir sur BFM-TV, a avancé la probabilité d’un attentat émanant de « l’extrême droite catholique », au motif que celle-ci a été (également) pointée du doigt par Charlie hebdo dans son dernier numéro. L’Hercule Poirot du Figaro étaye son hypothèse criminelle en signalant la présence de musulmans à la manifestation organisée par Civitas à Paris samedi dernier –voir notre article en date d’hier. Du mythe du complot « rouge-brun » très en vogue dans les médias il y a quelques années, à la toute aussi fantasmatique conjonction « brune-verte », les obsessions de la presse bourgeoise, du Figaro à Charlie Hebdo sont finalement assez semblables. Il n’y a guère que l’emballage qui diffère.
Sebaneau dit
Qui lit encore le Figarose ?
Fana bruno dit
Bravo à l’analyse , pleine de sens et de mesure comme d’habitude dirais je
bonne journée à tous
Alain dit
Très honnêtement, ainsi que vous le soulignez, qui lit encore Charlie Hebdo de nos jours, à part les bobos ? Ca ressemble en effet à un coup de pub, ni plus, ni moins.
Ce pet de lapin ne m’a fait ni chaud, ni froid.
Et puis, ce n’est pas à vous que je parlerai de liberté d’expression ou de la presse : la loi de 1881 est malheureusement bien loin derrière nous, sabotée successivement par les lois Pleven (1972), Gayssot (1990), les autres lois depuis avec comme point d’orgue la création de la HALDE en 2004…
Quant on pense que « L’incitation à la haine » est condamnable et qu’aucun politique n’a réagi, il y a de quoi avoir peur… En effet, la haine est-elle condamnable aux yeux de la loi ?
Pauvre France… Alors bon, Charlie Hebdo est autant un journal contestataire que je suis le Pape…