Il est loin le temps ou Alexander Haig, (éphémère) Secrétaire d’État de Ronald Reagan à la Maison Blanche, félicitait officiellement Hafez al-Assad, le père de l’actuel président syrien, pour sa répression brutale en février 1982 d’un soulèvement organisé par des officiers membres des Frères Musulmans. Deux ans auparavant un « Frère » avait d’ailleurs tenté d’assassiner le dirigeant syrien. Aujourd’hui, si le régime autoritaire de Damas est en proie à une sanglante tentative de déstabilisation, largement suscitée par des terroristes islamistes sunnites téléguidés depuis l’étranger, le porte-parole du département d’Etat américain, Mark Toner, a estimé mercredi que Bachar el-Assad est soit « complètement coupé de la réalité, soit fou ».
Un commentaire qui se voulait une réponse à l’entretien accordé par le président syrien à la chaîne américaine ABC le même jour , dans lequel il a formellement contesté les accusations de sauvagerie et de violences meurtrières à l’endroit d’opposants pacifiques. « La majorité des personnes ayant trouvé la mort étaient des partisans du régime, et non l’inverse, a-t-il affirmé, « aucun gouvernement au monde ne tue son propre peuple, à moins d’être mené par un fou » a-t-il encore indiqué.
Malgré les raisons objectives, fondées, compréhensibles, qui rendent audibles la contestation non violente du pouvoir en place à Damas, il n’en reste pas moins qu’il bénéficie toujours d’un très large soutien populaire. Celui-ci n’a pas été entamé jusqu’à présent par les actions des groupes terroristes qui essayent de dresser les différentes communautés religieuses les unes contre les autres afin d’enclencher une guerre civile généralisée.
Moscou a bien jugé de la situation et c’est significativement le président russe Dmitri Medvedev, lors d’une cérémonie de remise de lettres de créance par des ambassadeurs étrangers au Kremlin, qui a tenu à inviter les Etats-Unis et ses alliés anti-syriens de circonstance, à la retenue.
« L’esprit d’amitié et de sympathie mutuelle a toujours déterminé les relations unissant la Russie et la Syrie a déclaré le président russe. Cette circonstance, ainsi que la volonté d’empêcher l’érosion des normes du droit international et des principes des relations interétatiques, définissent notre approche concernant les épreuves auxquelles la Syrie est actuellement confrontée ». « Nous pensons a-t-il ajouté, que les Syriens doivent eux-mêmes, et sans ingérence extérieure, stabiliser la situation dans le pays, mettre un terme aux violences et établir un dialogue national constructif. »
Trois jours auparavant, le quotidien britannique The Telegraph rapportait les propos du Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki. Il donnait sa conviction selon laquelle « l’assassinat ou l’éviction de Bachar el-Assad débouchera sur une lutte (interreligieuse ,NDLR) à l’intérieur du pays ce qui aura des répercussions sur toute la région. En tant que pays victime d’une guerre civile basée sur un conflit interconfessionnel, nous nous inquiétons pour l’avenir de la Syrie et de la région » a-t-il expliqué.
Un souci de paix et de stabilité qui devrait être partagé par les chancelleries occidentales estime Bruno Gollnisch qui garde également en mémoire le cas irakien.
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