Fin août , dans un entretien au Figaro dont nous nous faisions l’écho, la présidente du Medef, Laurence Parisot, avait dénoncé les manœuvres américaines pour déstabiliser les économies européennes, le rôle joué par Washington qui a « orchestré » le déclenchement de la crise de la dette en Europe, utilisant celle-ci pour camoufler aux yeux des marchés son propre problème d’endettement. « Nos banques sont parmi les plus solides au monde. Des unes de médias américains annonçaient pourtant la mort de telle ou telle et même la fin de la zone euro. Nous sommes passés d’attaques sur l’Espagne à des attaques sur l’Italie, puis sur la France, jusqu’à des rumeurs de dégradation de l’Allemagnela semaine dernière !» affirmait-elle encore. Reste que comme l’a noté Bruno Gollnisch, la solution de facilité consiste à trouver la justification de ses déboires, de ses faiblesses, de ses insuffisances, voire de ses vices, chez les autres et en l’occurrence dans la toute puissance américaine (ou chinoise).
Faut-il le rappeler on ne meurt jamais que de sa propre faiblesse et comme nous le notions alors, on ne peut reprocher aux Américains de défendre leurs intérêts, y compris par une politique cynique et brutale, alors que les dirigeants « bruxellois » s’accommodent fort bien de leur statut de dhimmi.
Après Laurence Parisot qui tire à boulets rouges sur les résistants nationaux au Nouvel ordre mondial, après François Mitterrand confiant à la fin de sa vie que la France est engagée dans « une guerre » impitoyable contre les Etats-Unis, tout en ayant beaucoup cédé devant « l’Empire » à l’Elysée, c’est au tour de Valéry Giscard d’Estaing de conspuer les mauvaises manières de l’oncle Sam.
Le rédacteur de la (néfaste) constitution européenne a ainsi fort mal pris la visite en Europe la semaine dernière du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner. « La visite de Geithner est tout à fait inopportune et il n’a pas à se mêler des affaires de l’Europe. Les Français ne vont pas assister à la réunion de la Réserve fédérale, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » « L’Europe est devenue une espèce de victime offerte à tous les sacrificateurs mondiaux, c’est insupportable » a déclaré l’ancien président à l’agence Reuters.
Il a fustigé pareillement les spéculateurs américains au moment ou l’agence de notation américaine Standard & Poor’s vient de mettre sous surveillance la note de la France et de quatorze autres pays de la zone euro. « Cette spéculation n’est pas faite par les Européens, mais par les Américains, qui non seulement spéculent mais font le jeu des agences de notation, c’est insupportable » a-t-il insisté.
« Insupportable » soit, mais ses cris d’indignation ne doivent pas cacher encore une fois la responsabilité des Bruxellois dans le marasme actuel…et l’inanité de l’accord finalisé vendredi à Bruxelles pour tenter de nouveau de sauver la zone euro, renforcer sa discipline budgétaire.
Sur LCP, Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE, a relevé que cet « accord est complètement catastrophique sur le plan économique » et qu’il induit « un problème de perte de souveraineté. » « On nous avait vendu remarque-t-il plus généralement, la zone euro en disant qu’avec la zone monétaire les pays n’auraient plus à se préoccuper de leur solde extérieur, que ça allait stabiliser leur économie. C’est tout à fait l’inverse, avec une paralysie complète des gouvernements. »
Avec cet accord, « les pays se lient les mains en matière budgétaire (d’où le refus du Royaume-Uni de s’y soumettre, NDLR). Les pays de la zone euro n’auront plus aucune liberté en matière de politique économique. C’est très préoccupant. Comment réagiront-ils demain s’il y a de nouveau une crise ? Ce n’est pas prévu. Les pays soumettent entièrement la politique budgétaire à la commission. Est-ce la peine d’aller voter l’année prochaine ? »( Plus que jamais à notre avis répondrons nous!)
« Il est stupéfiant poursuit-il, qu’on réforme la politique budgétaire alors que la crise ne provient pas d’excès de déficit public, mais initialement, en 2007-2008, de l’avidité aveugle des marchés financiers. »Il note à ce sujet que les politiques ne veulent pas « réguler les marchés », notamment par « peur de s’opposer complètement aux marchés anglo-saxons » et « du fait que l’Allemagne, qui en principe est pour la régulation, compte sur les marchés pour imposer une discipline aux pays du Sud. Et c’est le manque de courage des classes dirigeantes en Europe qui refusent de voir que la globalisation financière ne marche pas. »
« Depuis 2 ans, relève l’économiste, la crise de la zone vient d’erreurs du Traité de Maastricht qui ne prévoit pas que la BCE finance automatiquement les Etats. La spéculation a pu se déchaîner. Or l’accord ne garantie pas nettement les dettes publiques. On a l’impression que c’est un prétexte pour l’Allemagne et la commission d’imposer leur vue. »
Cet accord indique Henri Sterdyniak (…) ne répond pas aux défaillances qu’on constate depuis 4 ans (…). On voit mal comment les marchés pourraient être rassurés. Les pays vont simultanément mettre en œuvre une politique d’austérité. La chute de croissance qui en découlera n’est pas de nature à rassurer les marchés. Par ailleurs, l’accord ne prévoit aucune mesure pour relancer la croissance, favoriser le tournant écologique, la réindustrialisation des pays du Sud. »
Face à cette Europe là, une autre voie est possible, préconisée par le FN et évoquée de nouveau par Marine Le Pen cette fin de semaine Metz, celle consistant « à remettre à plat les traités européens qui nous enferme dans le cercueil de la mondialisation» ; en une politique volontariste de « réindustrialisation » de la France pour résorber le chômage et redonner du pouvoir d’achat à nos compatriotes.
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