Alors que Marie Colvin (Sunday Times) et Rémi Ochlik (IP3 Presse) ont été tués mercredi dernier dans la zone rebelle à l’intérieur de Homs, se déroulait vendredi à Tunis une conférence sur la Syrie en présence notamment des représentants de Washington, Paris, du Qatar et de l’Arabie saoudite. Le chef de la diplomatie saoudienne, Seoud al-Fayçal, a émis le souhait d’un armement poussé plus avant des milices anti-Assad. Le Qatar et la Tunisie ont plaidé pour l’envoi d’une d’une « force arabe de maintien de la sécurité » , proposition jugée totalement irréaliste par Alain Juppé. Pareillement, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a aussi estimé qu’une intervention étrangère en Syrie risquerait de précipiter le pays « dans une guerre civile » -de l’attiser encore plus serait une formulation plus juste…
Ce dimanche, plus de 14 millions de Syriens étaient appelés aux urnes dans le cadre du referendum sur le texte instaurant le « pluralisme politique » et mettant fin à l’hégémonie du parti Baas. L’opposition a appelé au boycott de ce scrutin, qualifié de « plaisanterie » par Washington. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition d’opposition, a reconnu pour la première fois dans un communiqué le même jour qu’il y avait « une lutte confessionnelle et un risque de fragmentation de la société syrienne ».
Jean-Marie Le Pen rappelait hier sur Radio France que ceux qui critiquent « sans avoir les mains propres », qui donnent des leçons à la Syrie, ce sont les grandes démocraties responsables des « bombardements de Tokyo. 100.000 civils tués. Nagasaki, Hiroshima : 80.000 morts. Dresde : 200.000 morts civils. » « Les gens qui ont fait ces bombardements de populations civiles devraient se taire quand ils parlent de Monsieur Assad, et qu’ils parlent de 6.000 morts en six mois en Syrie » Une vérité qui ne doit pas conduire à nier la violence de la répression, ni à occulter les travers du régime syrien.
Mais il s’agit aussi de résister à la propagande qui se déverse dans les principaux médias a souligné le président d’honneur du FN, de ne pas être dupe de la nature du conflit en Syrie où le gouvernement doit faire face à une insurrection armée. Il a notamment face à lui les Frères musulmans, des mercenaires islamistes financés par le Qatar qui font partie de l’Armée Syrienne Libre (ASL). Aussi Jean-Marie Le Pen n’a-t-il pas trouvé aberrant que « l’État syrien se défende (des) activités » de l’ASL.
La situation est certes beaucoup moins claire que celle qui est vendue à l’opinion occidentale par les grands canaux d’information avec d’un côté les fascistes soutenant Bachar el Assad et de l’autre les combattants de la liberté . Thierry Meyssan , que l’on est libre de ne pas suivre dans toutes ses analyses, relevait sur son site que trois journalistes sont encore présents dans la zone rebelle : Édith Bouvier (Le Figaro Magazine), William Daniels et Paul Conroy (Sunday Times), ainsi probablement que Javier Espinosa (El Mundo). »
« Selon des agences de presse occidentales citant l’Armée syrienne libre, ils ont été victimes du pilonnage du quartier par les forces de Damas (…). Mais si la ville était pilonnée depuis 21 jours, comme l’indiquent les agences de presse, il y a longtemps qu’elle ne serait plus qu’un tas de ruine sans âme qui vive. »
« Dans une vidéo postée sur Internet, Édith Bouvier, qui est blessée à la jambe, et William Daniels appellent à un cessez-le-feu et à leur évacuation vers un hôpital au Liban. Immédiatement, une intense campagne de communication a été organisée en leur faveur, incluant la création de plusieurs groupes Facebook et de tonitruantes déclarations d’Alain Juppé. Il n’y a plus de couverture GSM ou G3 à Homs, et les lignes téléphoniques filaires de la zone rebelle sont coupées. Il n’échappera à personne que si les journalistes ont pu uploader une vidéo pour appeler au secours, c’est qu’ils ont bénéficié d’une liaison satellite. Et s’ils n’ont pas pu téléphoner à leurs proches, à leurs employeurs et à leurs ambassades, c’est que ceux qui détiennent cette liaison satellite le leur ont refusé. Ils ne sont donc pas libres de leurs mouvements, mais détenus prisonniers. »
Samedi 25, la Croix-Rouge internationale et le Croissant-Rouge syrien ont demandé à l’Armée syrienne libre l’autorisation de rentrer à nouveau dans la zone. (…) Après divers rebondissements, les officiers de l’Armée syrienne libre ont reçu par liaison satellite l’instruction de refuser (…). De facto, les journalistes sont utilisés comme des boucliers humains encore plus efficaces que la population civile, les rebelles craignant un assaut final des forces syriennes. » Une analyse de la situation, peut être contestable indique Bruno Gollnisch, mais qui n’est jamais relayée sur nos antennes qui ne brillent pas là aussi, par le pluralisme de ses approches.
Jean dit
Encore une petite chose:
Ce sont des journalistes de guerres, non? pas des journalistes « people » à ce que je sache. Ils ont choisi ce métier (c’est tout à leur honneur). Alors qu’ils ne viennent pas pleurer quand ils se font blesser ou tuer. Par ailleurs bizarrement c’est toujours du coté des rebelles qu’ils se mettent…
Rendez-vous compte si depuis la 1ère guerre mondiale en passant par le Vietnam les gouvernements avaient crié au scandale chaque fois qu’un journaliste avait été tué ou blessé.