L’imagination n’est décidemment pas le fort de Jean-François Copé, qui recycle à la louche, surnageant dans le bouillon, les vieilles formules de la droite chiraquienne sur la collusion supposée entre le FN et le PS pour faire chuter la « droite ». Le frère ennemi de M. Fillon a cru crédible hier d’accuser François Hollande de « favoriser la montée du Front National » et sur une idée follement brillante et originale, digne de son conseiller Guillaume Peltier, a parlé de « FNPS ». A dire vrai M. Copé ne partage pas seulement avec son compère Pierre Moscovici une même passion pour les montres de luxe comme l’indiquait Le Point dernièrement. Le magazine évoquait notamment sous le titre « 100 000 euros au poignet », la Rolex Daytona que lui a offert son sulfureux copain milliardaire, Ziad Takieddine. «Quand Takieddine déclare qu’il s’agissait d’un modèle en or blanc (environ 25 000 €), (M. Copé) se souvient d’une montre en acier offerte pour son anniversaire et ne sait même plus où elle est ». Trou de mémoire que le brave Jean-François partage avec le ministre socialiste Moscovici qui lui, s’interroge Le Point aurait « sous-estimé la valeur de son patrimoine horloger, voire oublié de l’intégrer à sa déclaration ? » Comme c’est ballot !
Au-delà de l’anecdote, les dirigeants de l’UMP, que nous n’avons jamais confondu avec la base de ce parti, et ceux du PS, issus du même moule, évoluant dans les mêmes structures comme le club Le Siècle, partagent bien évidemment le même tropisme européiste, la même idéologie ultra-libre échangiste, le même mondialisme. L’étiquette d’UMPS que leur accole le FN, vérifiée par la politique qu’il mène de concert ou successivement depuis des décennies, n’est pas usurpée.
Elle s’est matérialisée pour la énième fois lors de la cantonale de Brignoles constate Bruno Gollnisch, avec le front ripoublicain PS- UMP-PC-UDI-EELV-MoDem contre le Front National. Les Français ont beau être réputé « avoir la mémoire courte », M. Copé pousse tout de même le bouchon un peu loin…
Certes, il n’est pas le seul. Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, tête de gondole d’un Front de Gauche en pleine crise, a déclaré sur RMC que le Front National était un mouvement « d’escrocs », « de menteurs », de « voyous ».
M. Mélenchon qui est resté trente ans au PS avant de s’apercevoir qu’il était en désaccord avec sa ligne politique, nous a habitués lors de la campagne présidentielle et lors des législatives à ce type d’ outrances, lui assurant une certaine couverture médiatique à défaut de soutiens populaires.
La réitération de ce type de logorrhée ne cache pas que ce Front de Gauche, qu’il a porté à bout de bras, est minée par des antagonismes gamellards et des divergences de vues stratégiques qui ne sont pas sans rappeler ceux de l’UMP.
Samedi dernier, lors d’une réunion à Clermont-Ferrand, M. Mélenchon a de nouveau sonné la charge contre le patron du PC, Pierre Laurent. Ce dernier tentera de sauver en 2014 les communes encore dirigées par les communistes en raison du deal contracté avec les sociaux-traîtres du PS. Pour ce faire, hors de question de contrarier le grand frère socialiste avec lequel il cogère également de nombreuses municipalités.
Un impératif que n’est pas celui de Jean-Luc Mélenchon qui estime que la collusion de fait du FG avec un PS sous la coupe de Bruxelles et décrédibilisé définitivement aux yeux des classes populaires, serait catastrophique.
Au Parti de Gauche, «celle ou celui qui, dans une commune de plus de 20 000 habitants, se retrouvera sur une liste avec les socialistes au premier tour est exclu séance tenante du parti», « ce n’est pas vrai que les communistes ont envie de se rallier avec les socialistes, ce n’est pas vrai ! » a clamé M. Mélenchon.
Cette alliance socialo-communiste dés le premier tour (comme ce sera le cas à Paris, une « aberration » à dit Mélenchon), la direction du Parti de Gauche l’estime de nature à plomber les résultats du le Front de Gauche. Elle l’empêcherait d’apparaître comme une alternative au vote PS et aurait pour effet d’accentuer l’abstention de l’électorat de gauche, voire son basculement vers le FN.
Tout à sa stratégie de respectabilité, Pierre Laurent, accompagné de Isabelle de Almeida (membre du « conseil national » du PC) et de Pierre Dharréville (« direction exécutive » du parti, chargé des « relations avec les religions »), a rencontré la semaine dernière le président du Crif, Roger Cukierman et Francis Kalifat (vice-président).
Les dirigeants communistes sont en effet toujours persona non grata aux dîners du Crif notamment du fait du soutien actif du PC (et de l’extrême gauche trotskyste) à la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanction), visant au « boycott des produits issus de la colonisation » (d’Israël dans les territoires occupés en Palestine et Cisjordanie, NDLR).
La presse a rapporté que sur le site de la lettre du CRIF , les participants « se sont félicités de la reprise du dialogue entre le PCF et le CRIF » , ont parlé de la « montée de l’antisémitisme » et se sont accordés sur la possibilité de «gestes communs» contre la montée des idées d’extrême droite. En revanche, le blocage perdure côté PC sur toute levée «du boycott des produits israéliens »…
Cette initiative a déclenché la colère non seulement de beaucoup d’adhérents du Crif chez qui la posture pro-palestinienne de l’extrême gauche passe très mal, mais aussi la gêne des élus communistes qui épinglent actuellement dans leur permanence des affiches « un stade pour Gaza » et comptent traditionnellement sur les voix des électeurs arabo-musulmans pour sauver les meubles aux élections. Certains de ces derniers crient déjà à la « trahison ». Un dilemme de plus pour la gauche de la gauche, empêtrée dans ses clientélismes et communautarismes antagonistes.
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