«Un clou chasse l’autre, après les galipettes tonitruantes de Dieudonné, les galipettes amoureuses du Président ! » soulignait Jean-Marie Le Pen samedi lors d’une conférence de presse aux côtés de Bruno Gollnisch et de la tête de liste du FN/RBM aux municipales de Lyon et responsable rhodanien, Christophe Boudot. Alors que Marine Le Pen passera sa journée le 1er mars dans la capitale des Gaules et la clôturera par une grande réunion publique, le président d’honneur du FN répondait à l’invitation de la fédération du Rhône pour partager avec plus de 600 militants, une galette des rois à l’Espace Tête d’Or de Villeurbanne. Comme il fit la veille au micro de RTL, le «Menhir » a relevé que s’il n’avait pas à «soutenir » Dieudonné, «n’en déplaise aux cuistres de l’établissement politico-médiatique, c’est un comédien, un artiste, un créateur ». «L’année commence par une polémique subalterne. Le ministre de l’Intérieur étant incapable de faire face à la montée de l’insécurité, il dérive l’attention sur un comédien qui ne serait pas convenablement placé sur les rails de la pensée unique. Dans notre pays la comédie satirique est de très ancienne extraction ». « C’est (Manuel Valls) qui (a lancé) cette affaire afin d’embarquer toute la classe politique française dans une histoire d’antisémitisme, exactement comme son prédécesseur Monsieur Joxe avait essayé de piéger le Front National avec l’histoire de Carpentras ». « Toujours l’antisémitisme, ça mobilise et par conséquent on est considérés comme un nazi, désigné comme tel… On est victimes, voilà la vérité ! ».
Précisons d’ailleurs que le journaliste politique Denis Jeambar, consultant pour la chaîne LCP, affirme que c’est un coup de fil de Jean-François Copé donné courant décembre au ministre de l’Intérieur, qui est à l’origine de ce déchainement. M. Copé aurait demandé à M. Valls de prendre des mesures contre Dieudonné , et le ministre aurait donné son accord en échange d’un soutien de la « droite » dans cette affaire, qui ne s’est pas démenti depuis.
Pour Jean-Marie Le Pen, «Dieudonné exerce son talent satirique tous azimuts, mais on sait qu’il y a des cibles qui sont taboues (…). Il n’incite pas à la haine et à la violence. Il incite à la rigolade. » « Il faut avoir une certaine mauvaise foi pour nier que ce genre satirique a toujours déplu aux puissants ». Ce qui nous invite bien sûr à nous interroger sur les limites d’une liberté d’expression censée être garantie par une justice qui en fait n’est jamais vraiment indépendante du pouvoir politique.
Liberté d’expression dont Marine Le Pen a rappelé que sa défense était un des fondamentaux du Mouvement qu’elle préside. Mais une liberté qui, quel que soit le régime en place, est toujours encadrée, amputée, amodiée, en fonction des intérêts des puissants du moment.
Bref, le vœu de Evelyn Beatrice Hall, attribué de manière synthétique à Voltaire, «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » (« I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it »), n’est certainement pas une devise socialiste, et encore moins celle d’un ministre de l’Intérieur de la Vème République…
Les Français ne sont pas dupes de cette diversion et sont ici de nouveau en phase avec le FN. Selon le sondage BVA pour ITele-CQFD paru en fin de semaine, 74 % de nos compatriotes pensent que le gouvernement parle « trop » de cette affaire, 52 % (contre 46 %) sont hostiles aux interdictions des spectacles de Dieudonné. Les sympathisants de droite sont plus particulièrement hostiles à ces interdictions (61 %), chiffre qui atteint 77 % pour les sympathisants du Front National.
Français qui encore une fois, partagent le sentiment de Marine concernant le caractère essentiel de la protection de la vie privée. Un principe réaffirmé par la présidente du FN lorsqu’elle fut interrogée sur les consternantes révélations ( ?) sur la vie sentimentale de François Hollande, parues dans le magazine pipole Closer. Selon celles-ci, le président tromperait sa compagne officielle, Valérie Trierweiler, hospitalisée ces dernières heures pour « prendre du repos », avec l’actrice Julie Gayet.
Une affaire qui polluera inévitablement la conférence de presse du chef de l’Etat prévue cet après-midi, au cours de laquelle il doit présenter les mesures traduisant le virage social-libéral qu’il entend parait-il impulser pour la suite de son quinquennat.
Un autre sondage paru dans le JDD indique que pour 84% des personnes interrogées, l’opinion (elle est de toute manière très majoritairement extrêmement négative eu égard à la politique conduite) qu’elles ont du président n’a pas changé après les «allégations» de Closer ; 77% des sondés estiment qu’il s’agit d’une «affaire privée qui ne concerne que François Hollande».
Une confirmation de la différence de mentalité existant entre la France notamment et les pays protestants anglo-saxons. Un président des Etats-Unis ou un Premier ministre britannique, doivent être exemplaires, y compris dans leur vie privée. Une exigence qui a comme corollaire que les médias de ces pays n’hésitent pas à exposer, fouiller, explorer leur vie intime et à la livrer en pâture à l’opinion. Ce n’est pas là notre tradition française, nos compatriotes ayant généralement une indulgence certaine pour les frasques hors-mariage de « nos » dirigeants ; il n’est pas nécessaire de remonter à Henri IV (dit le vert-galant) et ses dizaines de maîtresses officielles, pour s’en convaincre.
Cette affaire, il est vrai anecdotique au regard des problèmes autrement plus importants et angoissants qui assaillent la France et les Français, n’en agit pas moins comme un révélateur de la décadence de cette ripoublique là, donneuse de leçons mais dont l’arrière cour est peu ragoutante.
Certains avancent ainsi que Manuel Valls ne serait pas étranger à ce déballage, lequel mènerait là aussi la danse à des fins personnelles comme il le fait dans le dossier Dieudonné. L’hebdomadaire Le Point s’interroge: « comment la police ne pouvait-elle pas être au courant que le président se rendait rue du Cirque dans un appartement prêté à Julie Gayet depuis six mois par une comédienne qui y vivait jusque-là avec Michel Ferracci, ancien du cercle Wagram, réputé proche du gang de la Brise de mer et condamné à dix-huit mois de prison avec sursis ? (…). Manuel Valls a-t-il alors cherché à planter le président ? Ou à devancer ses désirs de séparation ? ».
« Valérie Trierweiler peut-elle rester à l’Elysée ? » s’interroge la journaliste Catherine Nay, pour qui ce psychodrame aurait une dimension quasi psychanalytique, en révélant le caractère d’un chef d’Etat pâte molle, incapable de prendre des décisions.
Vendredi sur Europe 1, elle a considéré que « François Hollande doit être très content » et évoqué des « évènements » qu’il a peut être organisé. « Il sait très bien que cette rumeur était connue depuis très longtemps (…) si vous ne voulez pas être pris, il ne faut pas vous rendre au domicile de la dame ». Aussi, M. Hollande aurait cherché à sortir d’une « ambiguïté » qui le rongeait : « cette double vie lui pesait et il avait besoin que les évènements tranchent pour lui » croit savoir Mme Nay. Ce serait donc cela « le choc de la simplification » pour M. Hollande ? On repassera…
« Comment ne pas déplorer l’atteinte intolérable à l’image de la France, quand le chef de l’Etat, qui n’est pas un citoyen comme les autres, non content d’entretenir aux yeux de la terre entière une relation illégitime à l’Elysée, se fait surprendre casqué et à moto pour des rendez-vous galants, de surcroît entouré de gardes du corps rémunérés sur fonds publics?» a déclaré de son côté le député UMP Georges Fenech. « La liaison de François Hollande affaiblit la fonction présidentielle » a renchéri Jean-François Copé. Nos deux compères ayant apparemment oublié l’affligeant storytelling sentimental que nous infligea Nicolas Sarkozy dans la première partie de son mandat.
Car si le président à le droit au respect de sa vie privée, à charge pour lui de ne pas mélanger les genres et de sauvegarder une dignité dans sa vie officielle qu’il doit tout autant aux Français qu’à sa fonction. Non en effet, le président de la république n’est pas un citoyen normal, comme les autres. Cela est particulièrement vrai dans un pays comme la France, sous une Vème République dans laquelle l’esprit monarchique qui a façonné la représentation du pouvoir des Français a perduré.
Or, cette affaire d’un président en scooter, le casque mal attaché, un paparazzi à ses basques, se rendant à ses rendez-vous amoureux, poursuit une pitoyable évolution qui a débuté sous la majorité précédente.
Nous le notions sur ce blog à la fin du quinquennat du mari de Carla Bruni, citant alors le journaliste François Bousquet, la vraie rupture sarkozyste a consisté en la « désacralisation du pouvoir ». « Des deux dimensions de la politique, la sacrée et la profane, Sarkozy a écarté d’emblée la première. C’est son crime de lèse majesté. Plus rien en lui ne relève de l’éminence monarchique. Dans Les deux corps du Roi, l’historien Ernst Kantorowicz avait montré en quoi le monarque médiéval possédait un double corps : le corps naturel, mortel, et le corps surnaturel, celui qui incarne le principe dynastique et ne meurt pas. Sarkozy a mis fin à tout cela (…). »
Et comme nous l’affirmions déjà quelques mois auparavant, évoquant également Kantorowicz, c’est l’ensemble de la classe politicienne qui sombre à des degrés divers, dans le dévoiement démagogique, dans la pipolisation, si ce n’est dans une certaine vulgarité, passant du « du spectacle de la politique à la politique-spectacle ».
Bruno Gollnisch souligne encore que ce mélange des genres entre la vie privée et la vie publique a été aussi initié dés le départ par François Hollande qui en contradiction totale avec les usages, les règles protocolaires et surtout sans le moindre respect des contribuables français, a voulu que sa compagne Valérie Trierweiler l’accompagne dans ses voyages officiels et bénéficie à l’Elysée d’un bureau et de cinq collaborateurs affectés à son service. Les salaires nets de ces derniers coûtent officiellement 1 184 520 euros par an aux Français, somme qui n’inclut pas la domesticité et le personnel de sécurité veillant sur Mme Trierweiler.
Or, rien ne justifie les avantages en nature accordés à Valérie Trierweiler qui ne bénéficie répétons-le d’aucun statut officiel, n’est pas chargée d’une mission ni dépositaire d’aucune autorité publique.
De la vendetta de Valls contre Dieudonné, contraire à l’Etat de droit , aux virées de M. Hollande, les petits arrangements entre amis, le règne du deux poids deux mesures, le mépris des Français, l’insulte à leur intelligence encore et toujours, sont bien le même fil conducteur de ce régime épouvantable.
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