Selon l’indice annuel du classement établi par Reporters sans frontières (RSF), sur la liberté d’information dans le monde, les atteintes à celle-ci ont encore progressé en 2013. Si la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège figurent encore sur le podium des bons élèves, la situation de la France est jugée « inquiétante » et elle perd une place dans ce classement pour se trouver à la 39éme place, loin devant les Etats-Unis à la 46e, qui en perdent 13. RSF pointe « la chasse aux sources et aux lanceurs d’alerte » en 2013 au pays de l’oncle Sam (traque contre Edward Snowden, condamnation du soldat Bradley Manning à 35 ans de prison pour avoir transmis de nombreux documents à WikiLeaks…). La France est épinglée notamment pour la « la décision prise par la justice française de faire retirer les enregistrements de l’affaire Bettencourt des publications de Mediapart ». Bruno Gollnisch constate surtout que le principal problème dont souffre les «grands» médias français n’est pas tant dans les pressions dont ils pourraient être victimes de la part du pouvoir politique, la « censure » ou « l’autocensure » des journalistes, que de la connivence idéologique avec celui-ci. Le règne de la pensée unique dans l’exposé de tous les grands sujets qui engagent l’avenir de la France et des Français.
Dans le documentaire Les nouveaux chiens de garde, dont nous nous étions fait l’écho sur ce blog, cette connivence là, était-il expliqué, découle aussi de la proximité sociologique des «milieux journalistiques et politiques». Elle participe de ce développement d’un « journalisme de révérence », d’une « pensée de marché », de cette « prédisposition des journalistes à accompagner les choix économiques et sociaux de la classe dominante », de la Caste acquise au mondialisme. Une Caste qui se complaît dans l’emploi de concepts flous, un langage élitaire chargé de dissimiler ou d’atténuer des vœux, des situations et des propositions qui révulsent les Français.
Nous le rappelions aussi dernièrement, les luttes politiques sont des luttes sémantiques, expliquait déjà Bruno Gollnisch dans une tribune libre publiée dans Le Figaro en juin 1996. Celui qui impose à l’autre son vocabulaire lui impose ses valeurs, sa dialectique et l’amène sur son terrain, à livrer un combat inégal.
Les exemples sont nombreux de cette cuistrerie langagière de «nos» élites mise au service de le leurs menées proprement subversives. Dans son rapport «Refonder la politique d’intégration » (2013), les crânes d’œufs progressistes indiquaient leur vœu de « construire un en-commun.». «Il s’agira donc, désormais, de faire France en reconnaissant la richesse des identités multiples. » Ou encore qu’«Il faut changer de paradigme, proposer une nouvelle forme d’action publique, pour produire des possibles à l’intersection des valeurs de la République et du respect des gens eux-mêmes et de leurs capacités à coproduire de l’action publique.»
Ce même consternant rapport assénait que «L’histoire enseignée se réfère à des figures incarnées qui demeurent très largement des grands hommes mâles, blancs et hétérosexuels. Il y a donc un enjeu fort à faire évoluer le panthéon des figures censées incarner les grands mouvements, les époques et les dynamiques plurielles de la société.» Même phraséologie pompeuse pour affirmer que «L’enjeu est de rendre possible l’identification à une communauté politique plurielle, c’est-à-dire une communauté concrètement caractérisée par des identités diverses et hétérogènes – que ce soit en raison d’une histoire faite d’immigration, de colonisation ou tout simplement et plus généralement de la pluralité des identités sociales et politiques et des croyances morales qui traversent la société – mais néanmoins capable de s’identifier positivement à un Nous. Ce que nous nommerons un Nous inclusif et solidaire.» On se pince pour le croire !
Un sabir délirant utilisé ad nauseam pour faire passer la pilule des avancées sociétales concoctées par une gauche du même tonneau. Ainsi en est-il de la proposition de loi déposée au Sénat par cinq sénateurs socialistes en juillet dernier. Celle-ci avait pour objet d’ «ouvrir l’assistance médicale à la procréation à tous les couples infertiles, qu’il s’agisse d’une infertilité médicale ou sociale». Infertilité sociale…Difficile de faire plus ridicule pour constater cette évidence physiologique selon laquelle deux papas ou deux mamans sont dans l’impossibilité de procréer.
Les termes « être enceinte », «femme enceinte » sont-ils aussi des gros mots pour la gauche ? Apparemment oui à la lecture du Projet de loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes, de septembre 2013 qui évacuait les termes, les remplaçant par celui de « collaboratrice libérale (qui) en état de grossesse médicalement constatée a le droit de suspendre sa collaboration.»
Relevons encore que l’appellation théorie du genre étant « grillée « auprès des Français et rejetée massivement, le ministre du droit des femmes, la très prosélyte Najat Vallaud-Belkacem, l’a remplacée par stéréotypes sexuels. Un «élément de langage» qu’elle essaye d’imposer, sans rencontrer généralement trop de résistance, dans les médias…
Dans un entretien accordé au Figaro au printemps dernier, l’académicien, historien d’art et ancien conservateur Jean Clair s’indignait de la « novlangue ahurissante » utilisée par le « rapport sur l’intégration » évoqué plus haut. Il notait plus largement que « l’état dépressif » de notre pays « se lit dans le déclin de la langue. La langue, c’est le raisonnement, la logique. La grammaire c’est Dieu (…) sans cette rigueur de la syntaxe et des mots, on dit n’importe quoi ».
Ce « langage maniéré, précieux et stupide des administrations d’Etat », « cet avilissement de la langue, un Klemperer, l’auteur de La langue du troisième Reich n’aurait jamais osé penser qu’elle se répandrait au XXI ème siècle dans le langage d’une nation républicaine. PMA et GPA tout comme hier IVG sont de ces euphémismes qui dissimulent leur barbarie sous le voile de l’efficacité technologique (…) ». Et Jean Clair s’inquiétant de cette « marchandisation du vivant », de la « location des ventres », rappelait que « la langue maternelle, ça signifie aussi quelque chose qui n’est pas réductible à la location d’un ventre. La location par une pauvre femme de ses entrailles –avec tous les abus qu’on imagine-, serait-ce moins grave que la location au client, contre paiement d’une passe de son vagin ? ». Les précieuses ridicules de la gauche ont déjà répondu à cette question.
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