Le Système basé sur la domination du duopole UMP-PS a atteint depuis longtemps son seuil d’incompétence, livrant nos compatriotes aux ravages d’insécurités multiples : sociale, économique, identitaire, culturelle. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que les lignes bougent, que les positionnements électoraux, les attentes, les certitudes aussi, des Français, évoluent. Une grande remise en question attestée par toute une série d’enquêtes d’opinion dont nous nous sommes fait régulièrement l’écho ces derniers mois. Sur le site du Figaro, Guillaume Bernard, maître de conférences à l’ICES (Institut Catholique d’Etudes Supérieures), était interrogé sur la « ligne politique du FN » que certains pseudo spécialistes s’échinent à déchiffrer avec une grille de lecture singulièrement dépassée et ne correspondant plus aux bouleversements actuels. « La difficulté d’analyse de la vie politique française explique-t-il, vient de que l’on continue à utiliser des critères de classification dont certains sont, sans doute, obsolètes. Jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin, toutes les tendances de la droite s’étaient, peu ou prou, ralliées au libéralisme économique par opposition au collectivisme soviétique. « Mais le libéralisme est une idéologie qui vient de la gauche et qui, après avoir été incarnée par le centre, a basculé à droite avec le développement des forces socialistes. Il n’est donc pas intrinsèque à la droite: il suffit de se rappeler, par exemple, l’incompréhension entre légitimistes (catholiques sociaux) et orléanistes (libéraux) au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et leur incapacité à restaurer ensemble, alors qu’ils étaient majoritaires, la monarchie au début de la décennie 1870. Par conséquent, il ne suffit pas de dire qu’une partie de la droite (le FN en premier lieu, mais pas seulement) n’est pas libérale pour la qualifier de gauche et, en particulier, d’extrême gauche (sous prétexte que les extrêmes se rejoindraient). Il est d’ailleurs possible d’être extrême sur l’échiquier politique sans être extrémiste: la IVe République a été bâtie par la SFIO et le MRP sur le rejet des extrêmes, les communistes d’un côté, les gaullistes de l’autre ». On ne saurait mieux dire.
Guillaume Bernard n’a pas tort d’évoquer les racines philosophiques « de gauche » du libéralisme –la conversion du PS à cette doctrine n’est jamais qu’un retour aux sources- , doctrine libérale qui suivant sa pente naturelle s’est transformée toujours plus avant en machine de guerre internationaliste, mondialiste, anti-protectionniste par essence. Libéralisme, règne du laisser faire-laisser passer, qu’il ne faut pas confondre avec la défense résolue par le FN de l’économie de marché et de nos libertés entrepreneuriales menacées par ceux là même qui en font officiellement la promotion à Bruxelles !
Quant à la référence aux catholiques sociaux, à la doctrine sociale de l’Eglise, avec ses impératifs de justice sociale, de solidarité, les grands penseurs de ce courant, comme La Tour du Pin ou Albert de Mun ont largement inspiré notre projet politique national, sans qu’il soit nécessaire de coller au FN une étiquette gauchisante pour l’expliquer !
Nous citions dernièrement le pape François qui précisait que sa condamnation des inégalités engendrées par le système économique global s’inscrivait dans ladite doctrine sociale de l’Église catholique. « Cette condamnation ne fait pas de moi un marxiste », déclarait-il; cela vaut aussi pour le FN.
Ce que n’a pas compris (?) Nigel Farage, chef du parti eurosceptique britannique UKIP, cité par l’article du Figaro évoqué plus haut, quand il évoque comme prétexte pour ne pas s’allier avec les nationaux français au parlement européen, le fait que le FN serait un mouvement de gauche dure ( «hard left»)…M. Farage reviendra-t-il à de meilleurs sentiments lorsqu’il s’agira de composer un groupe une fois les élections passées ? Wait and see…
François Hollande, lui aussi, n’a pas compris (ou trop tard ?) que les Français issus du monde maghrébin, arabo et/ou afro-musulman, ou du moins une minorité conséquente de ceux-ci, ne sont plus une clientèle électorale toute acquise à la gauche.
Après le délirant rapport sur l’intégration pondu dans l’arrière cuisine du PS et et un petit tour de piste à Trappes (Yvelines) en compagnie de Jamel Debbouze la semaine dernière, M. Hollande s’est donc déplacé hier à la grande mosquée de Paris. Il y a inauguré un monument à la mémoire des soldats musulmans morts pour la France lors des deux grands conflits du siècle passé.
Flanqué de Manuel Valls et accueilli par le recteur Dalil Boubakeur, M. Hollande a aussi insisté, ça ne mange pas de pain, sur la nécessité de lutter contre «les discriminations, les inégalités et le racisme», et d’être «intraitables à l’égard des paroles et des actes antimusulmans. »
Cela suffira-t-il ? Les notes qui remontent vers l’Elysée font état du trouble suscité dans les quartiers par les avancées sociétales défendues par la gauche. Elles sont vécues comme des attaques contre les valeurs religieuses, traditionnelles, familiales, patriarcales très vivaces et importantes dans ce segment de la population qui rejette massivement le mariage homosexuel, la théorie du genre, l’idéologie éducative d’inspiration socialo-maçonnique.
Certes, l’électeur musulman (quand il se déplace pour voter), accorde très massivement son suffrage à la gauche. Jérôme Fourquet, de l’IFop, analysant la dernière présidentielle, indiquait un score de 86 % au second tour pour François Hollande chez les électeurs musulmans, lesquels avaient aussi voté au premier à 20% pour Jean-Luc Mélenchon.
Il y a à cette domination de la gauche sur les « esprits » des Français issus de l’immigration non européenne de « nobles » raisons souvent citées (affichage de la lutte contre le racisme, soutien historique de la gauche à la lutte en faveur de la décolonisation, défense plus large du multiculturalisme…). Mais aussi (surtout ?) la mise en pratique d’une politique clientéliste d’arrosage financier d’associations diverses et variées, d’octroi de subventions, notamment par la gauche au pouvoir dans les assemblées et à la tête des municipalités, qui permet, pour l’instant, d’acheter les cœurs et les consciences…
Le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, explique au Figaro que la démarche entreprise hier par M. Hollande vise aussi à « gérer a posteriori l’abandon du droit de vote des étrangers aux élections locales. Il a contracté une forme de dette à l’endroit de ces populations et de leurs enfants» (sic). Un discours bien convenu qui intervient alors qu’un certain nombre de voix se sont inquiétées aussi des ravages de l’affaire Dieudonné et de la campagne plus ou moins souterraine contre « les sionistes » et autres « dépravés» du PS qui rencontrent un écho grandissant dans les quartiers pluriels.
Pourtant « un conseiller » explique qu’ « À l’Élysée, on juge que les musulmans qui se sont arc-boutés contre ces questions sociétales sont très minoritaires.Les questions sociétales ne peuvent pas couper de la gauche les musulmans, qui restent très sensibles au combat pour l’égalité». »Méthode Coué ? « Le ministère de l’Éducation nationale avait recensé une centaine d’écoles publiques perturbées par des absences d’élèves, essentiellement musulmans, après des appels à boycotter une école qui ferait la promotion de l‘ABCD de l’égalité. Chez les musulmans, la frange la plus religieuse et pratiquante est à l’unisson du monde catholique sur ces sujets-là, analyse le député PS Malek Boutih. La gauche est clairement en perte de vitesse chez cet électorat, qui a été perturbé.»
« Pour un autre député PS, si les musulmans ont tendance à se détourner de la gauche, c’est plutôt par déception sur le plan économique et social que par inquiétude sur le plan sociétal » est-il encore expliqué.
Ajoutons pour notre part que bien sûr l’un n’empêche pas l’autre et que les raisons évoquées du divorce ( ?) entre l’électorat musulman et le PS sont cumulatives. Comme signe de l’intégration (assimilation ?) inéluctable des populations immigrées, Malek Boutih évoquait il y quelques années dans un débat face à Jean-Marie Le Pen, que la preuve en était apportée par l’émergence de « beaufs maghrébins » peu dissemblables de leurs voisins « de souche » . « Beauf » qui dans la définition qu’en donne classiquement un apparatchik socialiste se caractérise par son vote en faveur du FN. Au vu des enquêtes électorales, nous en sommes encore très loin constate Bruno Gollnisch, mais après tout acceptons-en l’augure M. Boutih !
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