«J’ai pu constater dans ma vie politique que neuf fois sur dix la diabolisation est injustifiée : c’est une arme de guerre psychologique entre les mains de nos adversaires pour essayer de nous diviser en interne et à l’échelon international » note Bruno Gollnisch dans l’entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire Minute qui vient de paraître en kiosque. Mais il est vrai aussi que comme le dit le proverbe, « on n’est jamais trahi que par les siens ». Ainsi Joëlle Bergeron, élue député européen sur la liste FN dans l‘Ouest, en seconde position derrière le professeur Gilles Lebreton, a non seulement refusé de démissionner comme elle s’y était engagée (au profit de Gilles Pennelle) mais a rallié le groupe du britannique Nigel Farage. Ce dernier avait refusé la main tendue de Marine au motif, avait-il notamment déclaré, que « l’antisémitisme » serait constitutif de « l’ADN du FN » !
Le leader d’UKIP vient d’annoncer, «grâce» à Mme Bergeron, la constitution de son groupe baptisé EFD (Europe, liberté, démocratie), lequel comptera 48 députés.
Ludovic de Danne, conseiller aux affaires européennes de Marine Le Pen, a fait part de son étonnement au site EurActiv : «Nous sommes surpris concernant cette information au sujet de Joëlle Bergeron puisqu’elle est prévue à notre prochaine réunion de délégation Front National à Bruxelles»!
« Outre les vingt-quatre députés de l’Ukip », l’Afp souligne qu’ EFD regroupe « également les dix-sept élus italiens du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, mais aussi «les Démocrates suédois (SD) et « le parti lituanien Ordre et Justice (TT) ». Ces deux dernières formations avaient été sollicitées par le FN pour constituer son groupe au parlement européen. Un député letton et un député Tchèque complètent la liste permettant à EFD d’atteindre le quorum requis de sept nationalités…
Malgré les coups bas, alors que la présidente du FN déploie beaucoup d’énergie actuellement pour permettre justement la création d’un groupe au Parlement, le sondage PollingVox pour Valeurs actuelles diffusé aujourd’hui, démontre en tout cas que le Front National est sur la bonne voie. D’ores et déjà quarante cinq pour cent des Français se déclarent prêts à voter FN à une élection locale ou nationale. Incidemment, cela est encore un autre débat, « Dans la cadre de la stratégie de dédiabolisation suivie par Marine Le Pen, 61% des électeurs FN pensent que le changement de nom du FN serait un atout et 37% y voient un handicap ».
Interrogée par cet hebdomadaire, Marine revient sur la polémique de la fournée, et les différences d’approche qui se sont manifestées entre le président d’honneur et elle-même dans cette affaire.
«La politique s’incarne, or je suis moi-même, je ne suis pas Jean-Marie Le Pen (…) J’ai ma propre personnalité, ma propre perception de l’exercice des responsabilités. Et ma stratégie peut se résumer en une phrase: faire gagner le FN pour faire gagner la France » (…) Si « pendant quarante ans, c’est Jean-Marie Le Pen qui a incarné le Front National » et en reste « une figure centrale », « aujourd’hui c’est moi, et non plus lui, qui suis chargée de son avenir et de celui de ses idées ».
La présidence d’honneur dévolue à Jean-Marie Le Pen est un « poste spécialement taillé pour lui et il lui revient donc de trouver, désormais sous mon autorité, sa manière de la faire exister ». « J’ai été la candidate soutenue par Jean-Marie Le Pen, lors de la dernière élection présidentielle et je le serai à nouveau en 2017, si les militants me réélisent à leur tête lors de notre congrès de novembre ». Aussi si Jean-Marie Le Pen « a toute sa place au FN », « cette mauvaise querelle (…) doit absolument cesser ». « Ma ligne (politique) a été validée par les militants et elle ne saurait être remise en cause jusqu’à cette date (…). D’ici là (…) toute autre attitude serait dévastatrice et donc critiquable ».
« J’ai aujourd’hui le devoir d’accéder au pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. C’est-à-dire rapidement. Peut-être même, je le crois possible, dès 2017. Pour cela, je me suis battue, avant même mon élection à la présidence du mouvement», «pour que le FN devienne un parti de gouvernement». «Cet objectif, que beaucoup, dont Jean-Marie Le Pen peut-être lui-même, imaginaient inaccessible, est aujourd’hui en passe d’être atteint ».
Un objectif qui n’est pas démenti par Jean-Marie Le Pen dont les propos ont été recueillis par Paris-Match : « « Je n’ai jamais cherché à faire un FN qui aurait incarné une droite un peu plus dure que celle qui existe déjà. Nous devons rester à part. Garder notre identité propre. L’extrême ne me fait pas peur ». Pour autant a-t-il ajouté, la querelle avec la présidente du FN est simplement « un accident de parcours. Une crise de croissance. Une querelle comme il en existe dans toutes les familles. Ni elle ni moi ne voulons envenimer les choses, encore moins nuire au parti. C’est exactement ce qu’attendent nos ennemis, nous ne leur ferons pas ce cadeau. Surtout pas au moment où le FN est si près du but. Marine peut gagner en 2017. »
Dans Valeurs actuelles, la présidente du FN adresse aussi un message aux « Français juifs », « qui sont de plus en plus nombreux à se tourner vers nous : non seulement, le Front National n’est pas votre ennemi, mais il est sans doute dans l’avenir le meilleur bouclier pour vous protéger, il se trouve à vos côtés pour la défense de nos libertés de pensée ou de culte face au seul vrai ennemi, le fondamentalisme islamiste».
Dans l’entretien à Minute évoqué plus haut, Bruno Gollnisch résume parfaitement la situation : « Jean-Marie Le Pen a toujours eu une grande liberté de ton et Marine un très grand souci de ne pas prêter le flanc à quelque attaque que ce soit de la part d’adversaires politiques ou de médias hostiles qui puissent conforter les interprétations malveillantes et détestables qui on été faites généralement de nous. A tort puisque jamais le FN n’a tenu de propos antisémites, ni jeté d’exclusive sur les juifs qui sont, comme les Français de toutes confessions, les bienvenus dans ses rangs s’ils souhaitent s’engager dans la défense de l’indépendance nationale ».
A propos de cette polémique proprement dite, il précise encore : « J’espère que cette friction entre Marine et Jean-Marie le Pen sera sans lendemain. Mais il faut que lorsque l’un d’entre nous, quel qu’il soit, est attaqué, nos amis aient d’abord un réflexe de prudence et ne jugent pas du propos qu’il a tenu par rapport à l ’interprétation malveillante qui est en donnée, mais en vérifient l’exactitude et le véritable contenu auprès de son auteur ».
«Comme l’ont dit Florian Philippot et Jean-Marie Le Pen lui même constate Bruno, (cette affaire) est insignifiante par rapport aux vrais problèmes qui concernent les Français, à savoir la poursuite de l’immigration massive, la ruine de notre industrie, la progression continuelle du chômage, la destruction de la famille, l’asservissement complet de notre politique étrangère à des intérêts qui ne sont pas les nôtres, etc. Voilà les vrais problèmes politiques dignes d’intéresser les Français et sur lesquels nous nous penchons régulièrement ».
Bastien dit
De la sincérité de Mr Nigel Farage.
Mr Farage est-il un homme sincère et sérieux? On peut réellement en douter quand on examine la façon dont il a refusé la main tendue de Marine Le Pen au motif que « l’antisémitisme » serait constitutif de « l’ADN du FN » … Quelle légèreté dans cette réponse! L’allégation d’antisémitisme constitutif de l’ADN du FN n’est qu’une réponse ressemblant à une pirouette, rien d’autre.
En revanche, on peut réellement être inquiet sur l’intégrité d’un homme qui a effectué la plus grande partie de sa carrière en tant que « trader » à la City. La mission principale de Mr Farage qui bénéficie de puis quelques années d’un traitement médiatique assez exceptionnel, n’ était-elle pas avant tout d’affaiblir le British National Party de Nick Griffin qui vient de perdre ses deux sièges à Strasbourg, on peut se le demander…
Lolo dit
Nigel Farage, ancien « trader » et financé par un des grands banquiers de la City… (dixit Pierre Hillard)