Le compte à rebours est il enclenché pour Manuel Valls? Entraîné par François Hollande dans sa chute, de plus en plus carbonisé comme le révèle les sondages, de nombreux observateurs estiment qu’il n’a pas d’autre choix à terme, s’il se veut un destin élyséen, que de quitter Matignon pour ne pas être le Premier ministre essoré de la présidentielle perdue de 2017…Quoi qu’il en soit, les Français ont contemplé d’un œil las et distrait le sketch lamentable du vote, sans surprise avant-hier à l’assemblée, de la « confiance » au gouvernement Valls II. Avec 269 voix (contre 244 et 53 abstentions), le gouvernement récolte des suffrages bien en deçà des 289 voix nécessaires pour obtenir la majorité absolue. Le 8 avril dernier, après sa première déclaration de politique générale, les députés avaient accordé 306 voix à M Valls. Mardi, les moins pitoyables dans cette affaire n’ont pas été les 31 députés baptisés « frondeurs » du PS qui se sont réfugiés dans l’abstention: « ni pour, ni contre, bien au contraire »…
Quant au député européen UMP Alain Lamassoure, ancien président de la commission des Budgets au Parlement européen, ancien ministre des Affaires européennes et du Budget, il a vendu la mèche de la pseudo-opposition de son camp à l’exécutif socialo-européiste, en expliquant que Valls II était UMP compatible. « Manuel Valls mène la politique que nous aurions dû mener » déclarait ce ténor de la droite pro-bruxelloise le 2 septembre. Merci de cet aveu…
Acculé, Manuel Valls, à l’instar d’un Sarkozy en campagne, a d’ailleurs multiplié les promesses et les annonces, notamment celles d’une baisse d’impôt sur le revenu qui concernerait 6 millions de ménages en 2015, la sortie de l’impôt pour un million de personnes supplémentaires, et l’aumône méprisante faite aux bénéficiaires du minimum vieillesse qui recevraient d’une « prime exceptionnelle »…de quarante euros. Ce coup d’esbrouffe suffira-t-il a éteindre la colère des Français tabassés aussi par les impôts indirects et les charges, victimes de l’euro, du chômage de masse, de la croissance zéro, des délocalisations et de la destruction de nos entreprises au nom de l’idéologie européiste ultra libre-échangiste?
Manuel Valls n’a pas manqué d’expliquer sa volonté d’aller quémander à Berlin et à Bruxelles un peu de souplesse et de compréhension, en agitant comme argument le spectre de l’arrivée du FN au pouvoir. Tout en précisant qu’il n’entendait pas libérer la France du carcan euromondialiste.
Cette agitation des frères ennemis Valls et Hollande est donc condamnée à l’échec. Jacques Sapir dans un article repris le 9 septembre sur le site Polemia n’y allait pas par quatre chemins: « le pouvoir présidentiel va continuer à de déliter à une vitesse accéléré. Les mois qui viennent verront François Hollande abandonné par ses alliés, que ce soit en Europe ou en France. D’ores et déjà, il est tenu pour quantité négligeable par l’Allemagne, méprisé à Londres et considéré comme un valet à Washington. Mais, c’est en France même que les coups les plus durs se préparent. Il verra dans les six mois qui viennent le Parti socialiste passer sous la coupe de ses adversaires, Martine Aubry en tête, et surtout il verra Manuel Valls le trahir. »
D’ores et déjà affirme Jacques Sapir, « tout soutien à ce gouvernement est un soutien à une politique qui est, chaque jour, plus antisociale et plus destructrice économiquement. Or les frondeurs fascinés par ce totem appelé Union européenne, « renâclent devant la seule solution qui reste aujourd’hui. Seule une sortie de l’euro et une dépréciation des monnaies de la France mais aussi des pays d’Europe du Sud permettraient d’inverser la situation, de retrouver la croissance et donc les grands équilibres, qu’il s’agisse du budget, des comptes sociaux ou de la balance commerciale« . « Une sortie de l’euro redonnerait immédiatement un dynamisme économique à la France qui changerait du tout au tout la situation. L’euro est une vache sacrée, mais c’est dans le cuir des vaches sacrées que l’on taille les chaussures pour qui veut avancer. »
Vache sacrée qui a de moins en moins d’adeptes, même en Allemagne. Dimanche dernier, Marine Le Pen s’en est félicitée, le parti anti-euro créé en 2013, Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne, AfD) présidé par Bernd Luke, a consolidé sa présence dans les landers. Après son entrée au parlement de Saxe, l’AFD a envoyé le 14 septembre des élus dans les exécutifs de Thuringe (10%) et du Brandebourg (12%).
Et si « l’immigration est une chance pour la France » comme l’a claironné Manuel Valls mardi devant les députés, le « modéle multiculturaliste » est lui aussi remis en cause partout en Europe par les Européens. Dimanche toujours, le parti Démocrates de Suède (SD) dirigé par Jimmie Åkesson est devenu à l’occasion des élections législatives la troisième force politique de cet Etat scandivane, avec 13 % des voix, (5,7 % en 2010), au terme d’une campagne axée principalement sur la nécessité d’inverser les flux migratoires extra-européens.
Euro, ouverture des frontières à tous les flux d’hommes, de biens et de capitaux…c’est bien la philosophie libre-échangiste qui est aujourd’hui rejetée de manière croissante par les Français et les européens.
Un libre échangisme mondial qui selon la classe politicienne serait la condition obligatoire de la prospérité économique et sociale. Une libre circulation des marchandises et des flux migratoires qui, de l’aveu des grands prêtres les plus honnêtes de ce culte, nécessite à terme « l’unification des peuples », « l’instauration d’un gouvernement mondial ».
C’est dans ce contexte que s’inscrit bien sûr les (très opaques) négociations en cours sur le Grand marché transtlantique, le traité de libre échange entre les Etats-Unis et l’UE (TTIP) contre lequel le FN et notamment Bruno Gollnisch, alertent nos compatriotes depuis des années. La Commission européenne de Jean-Claude Juncker a d’ailleurs annoncé le 10 septembre qu’elle rejetait mercredi l’initiative citoyenne de l’organisation « Stop TTIP » basée en Allemagne, au motif qu’une initiative lui demandant de ne pas soumettre un acte légal n’est pas admissible…
Pourtant, selon l’enquête de l’institut américain de recherche PEW publiée mardi aux Etats-Unis et dont Les Echos rendait compte hier sur son site, les Français et les Américains seraient les plus sceptiques « sur les bienfaits économiques du commerce international et des investissements étrangers, tranchant avec l’enthousiasme des pays en développement. »
Faisant référence au TTIP , l’institut Pew explique que « cette vague de scepticisme pourrait compliquer les efforts actuels des gouvernements visant à approfondir et étendre les marchés mondiaux.«
« Seuls 20% des Américains pensent ainsi que le commerce international est créateur d’emplois, Les Français ne sont pas en reste et sont près de 50% à voir le développement du commerce mondial comme un facteur de destruction d’emplois (…). Près d’une majorité d’entre eux (47%) pensent également que l’accélération des échanges commerciaux se traduit par une baisse des salaires. Près de 70% d’entre eux (…) affichent par ailleurs de fortes réserves sur les OPA menées par des entreprises étrangères (…) ».
Notre ami Thierry Martin le notait il ya déjà quelques années , « autrefois fondé sur des accords bilatéraux d’Etat à Etat, le commerce international était fondé par le pragmatisme. Libres d’agir, les nations, pour forger ou préserver leur prospérité, utilisaient tour à tour le libre-échangisme ou le protectionnisme, ou les deux à la fois, en fonction de leurs intérêts ou de ceux de leurs ressortissants ».
« A cette conception réaliste et naturelle des échanges internationaux a succédé, depuis la seconde guerre mondiale, une conception idéaliste et constructiviste qui fait de l’unification du marché à l’échelle mondiale, par la disparition universelle des barrières douanières, un impératif catégorique, la recette de la croissance économique ».
« Ainsi se sont mis progressivement en place, par le truchement du multilatéralisme général, les régles et organismes supranationaux chargés d’imposer aux Etats-nations la loi sacrée du libre-échangisme, crédo de toute la classe politique occidentale. Un mécanisme qui, en livrant les économies à la plus sauvage des concurrences, se révèle aujourd’hui pour les Européens comme le plus grand marché de dupes de leur histoire ».
Et ce d’autant plus, a souvent souligné Bruno Gollnisch, que les gouvernements européistes font naïvement du libre-échangisme un dogme, une vache sacrée à l’instar de l’euro dirait M. Sapir, alors que les Etats-Unis de longue date n’y ont jamais vu que le moyen d’assurer leur suprématie économique et/ou politique.
Il est impératif de changer radicalement de cap en empruntant le chemin de la raison, du retour au réel, prôné par l’opposition nationale. L’avenir de nos nations européennes, et de la France principalement réside certes dans la réhabilitation de sa souveraineté monétaire, mais aussi du protectionnisme. Non pas la caricature qui en est faite par les Valls, Juppé, Sarkozy, Macron, Bayrou, et les relais médiatiques des officines euromondialistes qui l’assimilent, avec une réelle perversité mensongère, à une autarcie digne de l’Albanie de feu Enver Hodja. Non, mais un protectionnisme raisonnable, tempéré par des échanges équilibrés librement consentis d’Etat à Etat.
Nous allons continuer à l’expliquer inlassablement aux Français.
nicolasjaisson dit
« Non, mais un protectionnisme raisonnable, tempéré par des échanges équilibrés librement consentis d’Etat à Etat. »
Non, mais n’est-ce pas un peu court comme programme de redressement économique? Comme si il suffisait de copier la stratégie de Poutine régulatrice et autoritaire qui superpose à la logique libérale celle des Etats tout-puissants reprenant le contrôle des échanges sur la base d’accords bilatéraux, comme à la « belle époque » du Comecon. Parlons-en de ces fameux accords bilatéraux, comme par exemple ceux entre la Russie et la Chine ou entre la Russie et le Brésil. Dans un cas comme dans l’autre, les potentats étatiques s’imaginent qu’il suffit de signer un accord pour que les forces économiques réagissent automatiquement aux ordres venus d’en haut, qui vont, comme par miracle, restaurer la prospérité économique. Or l’expérience montre qu’il n’en est rien. Faute de savoir réveiller son marché interne, la Chine a drastiquement réduit ses importations en énergie, notamment en pétrole et en charbon, ce qui a un impact direct sur les échanges bilatéraux entre la Russie et la Chine, quelle que soit la volonté grandiloquente de leurs dirigeants de se lancer dans des projets de développement grandioses excluant le roi-dollar de leurs transactions. Idem pour le Brésil et l’Argentine qui s’enfoncent dans les impasses du socialisme technocratique, malgré les fonds de secours mis en place par les BRICS pour se passer des financements en dollars octroyés par les banques américaines. L’Argentine a opté récemment pour le contrôle des prix et le contrôle des changes, tandis que le Brésil s’enfonce dans la corruption d’une administration ploutocratique incapable de gérer correctement son pays miné par une réglementation tatillonne et paralysante. Donc il ne sert à rien de changer les superstructures, si le pays est incapable de s’auto-gérer efficacement. Et c’est là où les patriotes sont pris en défaut de leur corporatisme étatique, car ils sont incapables de concevoir un modèle économique viable en dehors des schémas structuralistes dirigistes qui ont tous fait la démonstration de leur inefficacité. Le débat ne serait-il pas plutôt dans les valeurs morales sur lesquelles pourrait s’appuyer une économie conforme à l’ordre naturel des choses? Tant que les politiques n’auront pas rompu avec la rationalisme structuraliste contemporain, ils se condamnent à l’échec. La Russie est en récession, la Chine connaît une implosion monétaire et sociale sans précédent. Dans tous les cas, les accords bilatéraux ne sont au mieux qu’un emplâtre sur une jambe de bois, tant que la société n’est pas capable de se prendre en charge elle-même sans être encadrée par un Etat de nature socialiste et dirigiste. C’est là tout l’enjeu auquel est confronté l’Occident chrétien actuellement, qui est condamné à retrouver ses valeurs de civilisation ou à périr sous le poids du centralisme démocratique. La logique induite par la toute-puissance de l’Etat conduit la société au mieux à l’étouffement par excès de surveillance et de réglementation plus digne d’un monde de robots que d’humains et au pire à l’auto-destruction dans la « guerre des mondes » menée par des programmes d’intelligence artificielle.