Invité en début de semaine dernière de l’antenne de RTL, Manuel Valls avait assuré aux journalistes en « off » qu’il pensait que la gauche serait en mesure de conserver « 36 à 37 départements » était-il rappelé hier sur cette même antenne. La claque a été d’une toute autre ampleur. Dans les faits, la gauche n’en conserve que 31. «Jamais sous la Ve République, notre famille politique n’avait gagné autant de départements », s’est réjoui le président de l’UMP Nicolas Sarkozy. Ce qui est d’ailleurs un mensonge puisqu’en 1992, la droite en avait raflé 76 contre 23 à la gauche (dont 21 au PS). Marine Le Pen le notait hier soir, on ne pouvait attendre du Premier ministre, « un petit politicien médiocre sans honneur, l’incarnation de la médiocrité » de tirer les conclusions qui s’imposent de cette déroute électorale. M. Valls, dans son allocution suivant l’annonce officielle des résultats, a confirmé sans surprise qu’il restait à la tête du gouvernement, affirmant, en plein déni du réel que « les appels à la mobilisation républicaine (contre le FN, NDLR) ont été entendus, d’autant plus (qu’il s’est personnellement) fortement mobilisé». C’est bien évidemment tout l’inverse. Il a dressé dans le même élan le constat de l’échec de la continuation par le PS de la politique euromondialiste qui fut celle de la droite ces dernières décennies. «Les Français, par leur vote, et même leur abstention (un électeur inscrit sur deux ne s’est pas déplacé, NDLR), ont dit à nouveau leurs attentes, leurs exigences, leur colère, leur fatigue face à une vie quotidienne trop difficile : le chômage, les impôts, la vie trop chère. J’ai entendu ce message». A l’évidence, non.
Le vote des Français à ce second tour des élections départementales a fait tomber des fiefs historiques, symboliques de la gauche, comme le département de François Hollande (Corrèze), Manuel Valls (Essonne), Laurent Fabius (Seine-Maritime), Arnaud Montebourg (Haute-Saône) ou encore Ségolène Royal (Deux-Sèvres)…
Sont également perdus par les socialistes, les vieux bastions du Nord et des Bouches-du-Rhône qui abritent (abritaient ?) les deux plus puissantes fédérations socialistes, ou encore la Creuse historiquement à gauche et les Cotes-d’Armor, dirigé par le PS depuis quarante ans, tandis que le Var et la Haute-Savoie ne compteront plus aucun élu de gauche dans la nouvelle mandature.
Un des deux derniers départements tenus par le PC, l’Allier, est lui aussi tombé dans l’escarcelle de la droite. A contrario, dans le Val-de-Marne, les communistes ont sauvé leur dernière citadelle départementale, en réussissant à mobiliser à grande échelle leurs clientèles les plus exotiques.
Outre certains apparatchiks de la rue de Solferino, il n’y a guère eu que Maurice Szafran, sur le site de Challenges, pour estimer aujourd’hui « que la virulence anti FN répétée de Manuel Valls n’a pas été sans efficacité » dans cette élection, « sonnant le tocsin aussi bien à gauche qu’à droite, remobilisant des électorats certes disparates mais profondément hostiles à l’extrême droite ». Tout en espérant (méthode Coué quand tu nous tiens !) que le FN a atteint « son plafond de verre »; toujours la même litanie…
Bruno Gollnisch le notait hier soir, notamment lors de son passage sur le plateau d’I télé, il aurait été assez miraculeux, au vu du mode de scrutin taillé sur mesure pour maintenir l’hégémonie de l’UMPS sur la vie politique, de la part belle que réserve cette élection aux poids des notables, aux petits arrangements entre amis, que le FN puisse gagner un département.
Pourtant a-t-il rappelé, ce second tour marque une nouvelle étape sur le chemin qui devra amener le FN au pouvoir, scrutin qui permet de rendre encore plus perceptible le vrai clivage politique de ce début de millénaire. Celui qui oppose d’un côté les partisans d’un mondialisme qui acte la disparition, l’effacement, le repli de la France, sa vassalisation, sa sortie de l’Histoire, l’ouverture sans frein à « la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux ». Et de l’autre ceux qui pensent que la France à un avenir, les défenseurs des identités et des souverainetés nationales, de la libre coopération entre Etats libres, de la régulation, d’un protectionnisme intelligent.
Les magouilles entre l’UMP et le PS, notamment les appels de l’UMP à voter PS ou du PS à voter UMP pour freiner l’ascension du FN, ont surtout permis de matérialiser cette entente de fond entre les deux principaux partis euromondialistes.
Ententes entre le parti de M. Sarkozy et celui de M. Cambadélis qui ont éclaté au grand jour puisque les élus UMP qui ont bravé la posture hypocrite du ni-ni en appelant à voter PS n’ont pas été sanctionnés. Ce fut d’ailleurs la règle dans la quasi-totalité des cantons où le FN étaient opposés aux socialo-communistes. Or, les candidats UMP qui auraient eu l’audace d’appeler à voter FN pour faire barrage à la gauche auraient été, eux, immédiatement exclus…
Un second tour qui rend également visible le mépris du suffrage populaire, quand celui-ci ne va dans le sens souhaité par «nos élites» qui président au fonctionnement de notre démocratie confisquée. Marine rappelait ce matin sur RTL cette distorsion entre le vote des Français et la couleur politique des assemblées d’élus. Le FN a pourtant progressé entre les deux tours –il fait notamment des scores impressionnants dans les mairies FN comme dans les deux cantons d’ Hénin-Beaumont et celui de Beaucaire qui ont été remportés par les nationaux -; il recueille ainsi en moyenne 40% des voix dans les 1107 cantons où il était en capacité de se maintenir, en remportant 31 (62 élus) dans 14 conseils départementaux.
Le FN , en tête dans de nombreux départements (ce fut le cas dans 43 d’entre eux au premier tour) se voit néanmoins privé du nombre d’élus correspondant à son poids politique. Exemples parmi d’autres, majoritaire en voix dans le Vaucluse, le FN n’obtient que 3 conseilleurs départementaux -2 pour la Ligue du Sud, 6 pour l’UMP-UDI-Modem, 6 pour la gauche. Dans le Pas-de-Calais avec 42% des suffrages, l’opposition nationale ne remporte que 6 cantons sur 39 ; avec 38% dans le Nord et 40% dans les Pyrénées orientales, le Front n’aura aucun élu dans ces deux départements !
Pour prendre la mesure de ce déni démocratique, il faut aussi avoir à l’esprit qu’avec 15,93% des voix, les binômes du PS, et ceux de l’Union de la gauche (9,14%) obtiendront des centaines de conseillers départementaux. Les binômes EELV (29 988 voix, soit 0,16 %) auront 40 élus ; les binômes du Front de Gauche (266 896 voix) qui ont recueilli 1,45% et ceux du PC (100 413 voix) 0,55%, engrangent 150 élus ! A comparer avec les 4 108 000 suffrages (22,36%) qui se sont portés ce dimanche sur les candidats frontistes, FN qui fait plus que quadrupler son nombre de voix obtenu aux second tour des élections cantonales de 2011 ( 915 504 voix, 11,57 %, deux élus)…
Alors oui, les faits sont têtus et Marine était en droit de souligner hier soir que «le fait historique (de ce second tour) est l’installation du Front National/Rassemblement Bleu Marine comme force politique puissante dans de nombreux territoires». «Ce niveau électoral exceptionnel est le socle des grandes victoires de demain».
Sur le site de L’Express, Eric Mettout le résumait à sa façon : « Marine Le Pen s’est placée pour la prochaine présidentielle, une course de fond qui passera par une autre victoire, aux régionales en fin d’année. La Ve République est faite pour deux partis majoritaires, la France en compte désormais trois ».
maudez dit
pourquoi se déplacer? pour mettre un bulletin qui ne vaut pas plus qu’un crachat a terre,les « politiques » se foutent bien de nos voix,la preuve?vous l’avez bien sous le nez,alors pour moi la carte d’électeur va a la déchetterie,pour faire tourner les centrales de chauffage
Modérateur dit
En agissant ainsi, vous feriez exactement ce qu’attendent nos adversaires…merci de votre courriel; gollnisch.com
Tartempion dit
Voilà 27 ans que je vote FN … depuis 1988 …
Je l’ai fait non pour JMLP ou pour Marine … mais pour la France …
Or ça ne marche jamais … Il y a un truc …
Modérateur dit
ce « truc » porte un nom: c’est ce Système très fort pour défendre ses avantages et prébendes, à défaut de bien défendre la France. Mais cette « caste » n’est pas invincible et élection après élection, le FN s’enracine, progresse et se rapproche de la masse critique qui peut lui permettre demain de mener nos idées au pouvoir. Cordialement; gollnisch.com
sarouille dit
bravo pour votre analyse M.Gollnisch,
Hélas peu de Français comprennent ce langage et ne se croient pas se sentir manipulés par les médias et la classe UMPS.
La France n’est pas un pays démocratique car les lois ne sont pas démocratiques. C’est la France des copains!
Il faut continuer à marteler que les Français sont lobotomisés par les médias et le pouvoir et qu’il faut venir au plus vite à la proportionnelle intégrale (avec bonus au premier) pour toutes les élections, seule voie réellement démocratique comme dans beaucoup de pays au monde !
remi dit
Monsieur,
habitant dans une commune du canton de Vic sur Aisne, je suis heureux pour ma part et pour une fois que mon vote soit utile. Voilà 30 ans que je vote Front National à chaque élection et mon espoir, qui ne ma jamais quitté, est renforcé.
Chaque pas, fut-ce-t’il minuscule nous amènera au pouvoir. Il faut y croire et continuer à voter Front National.
Merci de penser à nous tous y compris à ceux qui ne croient pas en vous.
JO dit
« FN qui fait plus que quadrupler son nombre de voix obtenu aux second tour des élections cantonales de 2011 ( 915 504 voix, 11,57 %, deux élus)… »
Soyons honnête quand même !!! En 2011, seule la moitié des cantons étaient renouvelées donc seule la moitié des français votaient…
Donc, comparativement, le FN double mais ne quadruple pas.
Modérateur dit
Il n’en reste pas moins Jo que le FN quadruple bien son nombre de voix du fait notamment, comme vous le soulignez justement, qe nous avons réussi a présenter des candidats dans deux fois plus de cantons qu’en 2011; merci de de votre courriel, cordialement, gollnisch.com
michel de toulon dit
si vos élus effectuent dans les départements la meme gestion que la ville de toulon de 1995 a 2001 cela fera 62 bon a rien en plus
Modérateur dit
Selon un récent sondage, 73% des habitants des communes gérées par le FN sont satisfaits de la rigoureuse et saine gestion frontiste, cela répond à votre angoisse existentielle « michel de Toulon »? gollnisch.com
JO dit
« Reste Toulon. C’est la ville la plus importante prise par le Front national en 1995, une ville qui a cumulé les problèmes et les polémiques. Pourtant, là aussi, le bilan financier est positif. Il y a à l’appui de cette affirmation un rapport de la Chambre régionale des comptes portant sur la période 1995-2005. Certes, le rapport ne va pas sans formuler des critiques : par exemple certaines pratiques anciennes – des avantages sociaux remontant aux années cinquante – ont perduré et l’absentéisme est resté à un niveau élevé. Mais l’encours de la dette par habitant a diminué, passant de 1491€ à 1382€ de 1997 à 2000. La capacité d’autofinancement disponible s’est aussi améliorée.
Cela n’a pas empêché les campagnes de diffamation de durer jusqu’en 2010. Ainsi, lorsqu’un litige opposant Jean-Marie Le Chevallier à son successeur agissant au nom de la ville de Toulon fut tranché par le Conseil d’Etat en faveur de l’ancien maire de Toulon, Le Point titra sur le thème « Toulon, la facture du FN s’alourdit encore ! » alors que le Conseil d’Etat venait simplement de rappeler des règles de droit habituelles. Evidemment tout cela laisse des traces dans les esprits. C’est le but, d’ailleurs… »
http://www.polemia.com/histoire-economique-mairies-fn-elles-auraient-merite-le-triple-a/
en clair, méfiez vous de l’intox… Toulon fut beaucoup mieux gérée par le FN que vous ne le pensez….
Le FN gère mieux ses villes que n’importe quel parti… donc oui, les élus FN sont efficaces
JO dit
D’accord mais cela signifie que la progression très importante du FN en nombre de voix est due d’abord à la réforme du mode de scrutin et non d’abord à la très forte progression du FN dans l’opinion… et donc il faut que vous le souligniez… sinon c’est ce qu’on appelle une « désinformation par occultation »…
Modérateur dit
Non « Jo », c’est inexact, la progression très importante du FN en nombre de voix est due avant tout à sa progression dans l’opinion à non à une « réforme du mode de scrutin » qui n’existe pas en l’espèce puisque celui-ci reste, comme lors des cantonales de 2011, une scrutin majoritaire à deux tours. Comme nous l’avons dit, c’est aussi la capacité du FN a aligner des binômes dans 93% des cantons à ces élections qui nous ont permis d’améliorer très nettement nos scores; merci de votre courriel, gollnisch.com
JO dit
je me suis mal exprimé, je ne parlais pas de la réforme du mode de scrutin mais du fait que les conseillers départementaux ne sont plus renouvelés par moitié mais tous d’une même fois… obligatoirement les grandes forces politiques augmentent leur nombre de voix, y compris le PS, malgré son échec… il n’en reste pas moins que je suis d’accord que le FN a progressé en pourcentage et en voix mais aussi … la hausse de la participation entre 2011 et 2015 facilite cette progression en voix…..
Modérateur dit
Bien sûr,tout cela participe bien évidemment de cette progression en voix du FN; cordialement; gollnisch.com