Comme il est d’usage sous nos latitudes, la présidentielle américaine occupe une place de choix dans les médias, à défaut d’intéresser peut-être vraiment nos compatriotes. Journalistes français qui, sans grande originalité, expliquent à l ’occasion des primaires au sein du parti républicain et démocrate que la contagion populiste anti Système n’épargne pas les Etats-Unis au vu des sondages, mais aussi des premiers résultats de ces primaires dans l’Iowa et le New Hampshire. Dans cet Etat le républicain Donald Trump l’a confortablement emporté la semaine dernière. Côté démocrate, c’est le très socialisant (même à l’échelle de la vie politique européenne) Bernie Sanders qui a engrangé une victoire écrasante sur Hillary Clinton, laquelle avait pourtant gagné le New Hampshire en 2008 face à Obama, avant que celui-ci anéantisse finalement ses rêves présidentiels. L’épouse de Bill Clinton et ancienne secrétaire d’Etat (entre 2009 et 2013) avait déjà été étrillée dans l’Iowa, ne l’emportant sur son rival Sanders que d’une très courte tête.
Donald Trump, qui certes n’est pas avare dans ses propos de tribune d’outrances et d’analyses «étranges», concentre en France toutes les attaques, bien plus que le Mélenchon américain Bernie Sanders, du fait du tropisme gauchisant bien connu de notre petit monde médiatique. Les journalistes hexagonaux se livrent à satiété à la comparaison entre le milliardaire Trump, baptisé héros des petits blancs frappés par la crise (le New Hampshire ou il a viré largement en tête est pourtant un Etat avec une population plutôt aisée) et Jean-Marie voire Marine Le Pen, relégués eux aussi hors du cercle de la raison et de la décence, car forcement coupables de démagogie et de xénophobie.
Le portrait que dressait Le Parisien de M. Trump résume assez bien tout ce qui lui est reproché: «S’il est élu, il promet la construction d’un mur à la frontière mexicaine, payé par le Mexique, pour empêcher l’immigration clandestine. Il veut expulser des Etats-Unis les 11 millions d’immigrés clandestins. Face au terrorisme, il parle d’interdire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis. Il coupera rapidement la tête de l’organisation djihadiste État islamique et prendra leur pétrole. Il admire Vladimir Poutine, un leader fort. Dénonce le réchauffement climatique comme une invention des Chinois. Il est charismatique, brutal, se pose en sauveur d’une Amérique selon lui moribonde et devenue la risée du monde. »
Icône en France au sein de la Caste, la très ambitieuse Hillary Clinton, alias «Sister frigidaire» comme elle est surnommée outre-Atlantique, traîne pourtant dans son pays une réputation assez sulfureuse. Elle date non pas tant de sa jeunesse gauchiste que de ses bourdes, de ses échecs, de ses fautes, de sa rapacité financière dont il est rarement fait état chez nous ou la clintonmania précéda l’obamania.
Certes les féministes (surtout aux Etats-Unis, moins dans Marie-Claire ou Elle…) ont reproché à Mme Clinton, lors du scandale Monica Lewinsky, en 1998, de ne pas avoir divorcé. « J’ai soutenu Bill à cause du Kosovo et pour le bien du pays» expliquait-elle alors aux électrices. Comme le relevait Patrick Gofman («Hillary démasquée»), il était donc « essentiel pour le bien du pays nord-américain que son président jouisse d’un harem et que l ’Albanie musulmane, kollabo de l’envahisseur turc, mette la main sur la province natale de la Serbie Chrétienne, que ses monastères du XIIème siècle soient restaurés à la dynamite ? ».
Outre-Atlantique, le nom d’Hillary Clinton reste aussi attaché à l’échec cuisant qui fut le sien sous la présidence de son mari, dans sa tentative de nationaliser le système de santé (healthcare), alors soupçonnée de vouloir imposer en Amérique un collectivisme à la Française, ce qui n’était pas bien sur un compliment dans la bouche de ses adversaires…
Un sujet sur lequel elle s’est d’ailleurs affrontée avec son rival Bernie Sanders lors d’un débat le 11 février. Mme Clinton a fustigé ce qu’elle juge être le coût faramineux de la proposition de Sanders sur une assurance-maladie publique et universelle. «Tous les économistes de gauche qui ont fait l’analyse disent que le compte n’y est pas », «Nous ne sommes pas la France», a-telle ajouté…
Récemment, alors qu’elle était encore secrétaire d’Etat, deux affaires ont terni assez sérieusement son image: le cafouillage calamiteux sur l’attaque de Benghazi, et l’utilisation de sa messagerie personnelle, dans le cadre de ses fonctions officielles de chef de la diplomatie américaine, qui fait l’objet d’une enquête du FBI toujours en cours depuis plusieurs mois.
FBI qui n ’a peut être pas oublié cette année 1993 ou éclata le scandale dit du filegate. Alors première dame des Etats-Unis, Mme Clinton aurait donné ordre à un ancien videur de bar nommé à la sécurité de la Maison Blanche, Craig Livingstone, de dérober plusieurs centaines de dossiers confidentiels du FBI qui concernaient des opposant républicains.
En juin 2015, l’Afp rapportait que «la proportion d’Américains estimant (qu’Hillary Clinton, NDLR) n’est pas honnête et digne de confiance est passée de 49 à 57% entre mars et juin, selon un sondage CNN, dans la foulée de révélations sur (ses activités) de 2009 à 2013, ainsi que de multiples articles sur d’éventuels conflits d’intérêts avec les donateurs de la fondation caritative Clinton. »
Bien évidemment constate Bruno Gollnisch, c’est principalement à l’aune de son action sur la scène internationale qu’un patriote Français doit surtout juger la très progressiste Mme Clinton, pour connaitre ce que pourrait être ses orientations politiques (ou celles de ses bailleurs de fonds et de ses soutiens…) en cas de victoire à la présidentielle.
Pendant les primaires démocrates de 2008, elle était au nombre des faucons sur le dossier du nucléaire iranien, traitant alors Barack Obama «d’irresponsable et de grand naïf » au motif que celui-ci entendait emprunter la voie de la négociation demandant «aux ayatollahs d’ouvrir leur main et non de fermer leur poing. »
Elle s’est signalée aussi par ses critiques vis-à-vis de l’actuel président américain lorsque les premiers affrontements ont éclaté en Syrie en 2011 étant de ceux qui voulait un soutien très massif aux groupes terroristes et autres rebelles en lutte contre le régime laïque en place. Elle fut aussi il y a quelques mois au nombre des dirigeants américains qui ont avoué qu’Al-Qaïda fut financé par les Etats-Unis et notamment la CIA.
Hillary Clinton est aussi caractérisée par un fort tropisme anti russe : lors d’une conférence tenue à Dublin le 6 décembre 2012, elle déclarait ainsi, sans trop user de diplomatie : «les Etats-Unis s’opposeront à des processus d’intégration dans l’espace postsoviétique ». En clair, elle signifiait la crainte de Washington de voir l’Union Douanière, voulue par Vladimir Poutine avec les ex républiques soviétiques d’Asie centrale, être un succès et déboucher à terme sur une Union Eurasiatique…
Très en pointe dans les tentatives de déstabilisation de la Russie, via le conflit ukrainien, quand elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton n’avait pas hésité à comparer le président russe à «Hitler». Tout en finesse !
Quant à l’avenir du grand marché transatlantique (TAFTA) actuellement en cours de négociation et que le Front National combat résolument, la candidate à l’investiture démocrate reste très floue. Elle s’est dite opposée à l’accord transpacifique (TPP), mais garde le mutisme sur le TAFTA…ce qui n’a pas empêché la Maison Blanche d’affirmer en juin dernier que Mme Clinton partageait les mêmes vues que M. Obama sur ce dossier.
Sur l’agenda d’Hillary, figure en bonne place, les caucus démocrates du Nevada (20 février) et la primaire de Caroline du Sud (27 février), avant l’étape, peut-être déterminante, du 1er mars quand onze Etats voteront. Les jeux ne sont pas faits, et il serait stupide d’enterrer trop vite, dans cette démocratie-ploutocratie américaine très verrouillée, cette redoutable compétitrice, qui ne s’avoue jamais vaincue, et qui dispose d’un réseau et de soutiens de poids.
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