Pour les adversaires du FN, c’est bien connu, si le Mouvement national rencontre un succès et une audience croissante c’est parce qu’il «surfe sur les peurs», «le désespoir», «flatte les bas-instincts», voire incite à la «haine». Certains se sont encore livrés à cette grille de lecture, intellectuellement peu fatigante mais idiote, pour expliquer l’accueil particulièrement chaleureux qui a été réservé hier à Marine Le Pen et à la délégation FN au Salon de l’Agriculture. Marine a notamment fait mouche dans sa dénonciation de cette Europe de la destruction ultra libre échangiste, symbolisée par le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan: «Si on veut sauver la peau des agriculteurs, il faut avoir la peau de Hogan (…). La politique agricole commune fait partie, avec l’espace Schengen, des « deux grands échecs de l’Union européenne (…). Les agriculteurs ont la corde du libre-échange autour du cou, et chaque année on tranche un peu plus les pieds du tabouret que représentent les subventions ».
Les partis bruxellois, les gardiens du dogme européiste comme la FNSEA, frémissent à l’idée de voir les agriculteurs rejoindre massivement les catégories populaires, à l’instar des classes moyennes converties de plus en plus au vote national. Dans son éditorial sur RTL, Alain Duhamel a constaté ce que tous ses confrères ont noté, à savoir «qu’à la différence de François Hollande ou de Manuel Valls, la présidente du FN a reçu un accueil cordial lors de sa déambulation.»
«Elle (Marine, NDLR) est la première récupératrice de voix de France. Elle est une machine attrape-tout. Évidemment quand elle arrive en disant : de toute façon je suis une inconditionnelle, je suis d’accord avec tout ce que vous dites (…), au degré de colère et quelquefois de désespoir qu’ils (les agriculteurs, NDLR) ont atteint, il est probable que pour eux, ça soit ça qui l’emporte (…) Ce qu’elle fait avec les agriculteurs, elle le fait avec tout le monde. (…) C’est cynique, c’est démagogique, mais c’est extrêmement efficace.» Et d’ajouter qu’«entre la polémique sur la réforme du droit du travail, les tensions à Calais et la montée de Donald Trump dans le camp républicain aux Etats-Unis (qui a remporté sept Etats sur douze lors du Super Tuesday, NDLR) , tout sourit au FN. Donald Trump est grossier, vulgaire, violent et raciste, mais il est talentueux, très riche et il réussit très bien et la presse américaine le compare à Marine Le Pen.»
Les dirigeants du FN et sa présidente, comparés hier à l’Etat islamique, aujourd’hui à M. Trump, ne seraient donc animés par aucun idéal, aucune rectitude morale, aucune sincérité, aucunes valeurs et seraient forcement des cyniques-menteurs-démagos-manipulateurs … Cette antienne mille fois rabâchées est surtout le signe d’une peur de la Caste vis-à-vis des Français qui entendent tout simplement le rester; mais elle ne manque pas d’être inquiétante car elle peut justifier demain tous les coups tordus, antidémocratiques, contre le verdict des urnes.
Paris-Match a mis hier en ligne sur son site un entretien avec le sociologue de gauche, Michel Wieviorka, «spécialiste des fractures sociales, des violences et du racisme, initiateur avec Daniel Cohn-Bendit de l’appel à une primaire à gauche.»M. Wieworka était questionné notamment sur son dernier roman de politique fiction, « Le Séisme : Marine Le Pen présidente», qui décrit les six premiers mois, forcément chaotiques et affreux, de l’arrivée de Marine à l’Elysée.
Le sociologue confesse son penchant pour «Martine Aubry et Cohn-Bendit, les deux seuls à posséder des qualités de crédibilité politique et à pouvoir répondre à des attentes de gauche. Mais ils ne veulent pas y aller. Je crains donc qu’à la présidentielle, la victoire appartienne soit à la droite, soit à Marine Le Pen.» «Elle a une grande chance d’être élue si elle a François Hollande en face d’elle au deuxième tour» pronostique-t-il. «Une partie de la droite préfèrera voter pour elle. Et les électeurs de gauche sont tellement déçus qu’ils se mobiliseront peu en faveur de Hollande. Ce scénario est donc loin d’être une fiction farfelue. J’espère que mon livre va faire réfléchir, et réagir » (sic).
Car dit-il encore, «qu’il s’agisse de la sortie de l’euro, du rétablissement de la peine de mort et autres promesses, son programme se révèlera inapplicable et on rentrera dans une spirale de tensions et de violence.» Et de détailler son scénario pour faire peur aux (grands) enfants : «Alain Finkielkraut, dont Marine Le Pen pense qu’il ferait un bon ambassadeur en Israël, pète les plombs à la télévision. Eric Zemmour est contraint de démissionner du ministère de l’Éducation. Gilbert Collard propose de rouvrir le bagne pour y envoyer les terroristes, et beaucoup d’autres. Adeline Hazan est virée de son poste de contrôleur des prisons. Marion Le Pen conduit un bulldozer et détruit une mosquée. La violence rôde. Tout cela peut être drôle, c’est terrifiant. A vous glacer le sang» (sic).
Ce qui est tout à la fois drôle et terrifiant de notre point de vue, c’est que Paris-Match estime ici que Michel Wievorka «déroule sa parfaite connaissance de la société française, de ses acteurs et de ses élites». Et ce qui peut éventuellement glacer le sang, ce sont les menaces proférées par un certain nombre de hiérarques socialistes en cas d’un vote majoritaire pour la candidate du camp patriotique, national, souverainiste.
Minute revient dans son numéro qui vient de paraitre sur les paroles lourdes de sens prononcées par François Hollande le 19 février sur France Inter: «L’Europe a les moyens juridiques d’empêcher un pays de froisser les principes démocratiques.» «Si un parti d’extrême droite prenait le pouvoir, (des) procédures s’appliqueraient», «un pays peut être suspendu de l’Union européenne.»
Et l’hebdomadaire de rappeler que selon le traité de Maastricht, «l’UE n’est pas fondée sur un espace de civilisation mais des valeurs, les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’Etat de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux Etats membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les hommes et les femmes.»
«C’est beau comme une déclaration à la Jacques Prévert, ça ne veut absolument rien dire, mais c’est suffisamment totalitaire pour qu’un régime de droite dure, voire tout simplement de droite, soit considéré comme contrevenant à ces principes. Ne parlons même pas d’un pouvoir qui voudrait instaurer la préférence nationale…».
Criminalisation de la préférence nationale qui s’accompagne plus largement, constate Bruno Gollnisch, là aussi au nom des valeurs socialo-bruxelloises, d’une immigration de peuplement et de son corollaire, une politique de naturalisations massives, «moyen simple de modifier la substance de la population française». Et Minute de souligner dans ce même numéro que «deux millions de néo-Français ont obtenu la nationalité française»…depuis l’année 2000. De quoi rassurer MM. Hollande, Duhamel et Wievorka?
René de Cessendre dit
Pour soutenir vos propos M. Gollnisch…
« L’homme a pourtant besoin de repères stables. On les lui enlève.
On lui explique que sa famille peut éclater à tout moment.
Que son travail est précaire et qu’on peut le jeter à la rue à cinquante ans.
Que son pays n’est plus le sien et qu’il est condamné à devenir une minorité culturelle chez lui.
On lui explique aussi que les traditions sont mortes et qu’il doit désormais suivre toutes les modes, plus débiles les unes que les autres. »
Extrait d’un article du Journal de Montréal dont je vous mets le lien plus bas…
Un éclaire de lucidité d’un chroniqueur québécois… à lire
http://www.journaldemontreal.com/2016/02/25/societe-anxieuse-societe-malade