Comme d’autres avant eux, et toujours dans la période précédant une échéance électorale importante, les peu finauds limiers du site Buzzfeed se sont évertués à traquer sur internet, les réseaux sociaux et les pages facebook, les propos déviants ou politiquement incorrects de certains candidats FN aux élections législatives. Une initiative pas très originale mais abondamment relayée par leurs confrères. La technique est toujours peu ou prou la même : accumuler des exemples de citations plus ou moins sorties de leur contexte, parfois de ce fait assez maladroites dans leur formulation, mais le plus souvent anodines, qui ne choquent en réalité pas grand monde en dehors des grands prêtres de la religion du vivre-ensemble multiculturaliste. Puis, dans un second temps, interroger les dirigeants du Front lors de leur passage dans les médias – les privant ainsi d’un temps de parole qui serait plus judicieusement employé- sur les propos en question en les sommant de les condamner et de virer les frontistes qui les tiennent.
La Caste médiatique peut ensuite broder sur le thème du vous ne pouvez pas voter pour eux, on vous avez bien dit que le FN n’a pas changé, qu’il reste un mouvement infréquentable peuplés de racistes, d’antisémites, d’homophobes et de paranoïaques grincheux etc. Sur France inter lundi, station-bastion emblématique de la bien-pensance socialo-bobo, un chroniqueur de la très poussive émission conduite et produite par Charline Vanhoenacker, « Si tu écoutes, j’annule tout », évoquait cet article de Buzzfeed. Cet employé du service public payé avec nos impôts pour débiter les poncifs habituels expliquait sur fond de rires forcés que c’était à croire que la « dédiabolisation du FN » était menée par « l’exorciste Bruno Gollnisch ». Lequel est en effet censé incarner le côté (le plus) obscur de la force frontiste dans l’imaginaire borné de ce milieu autoréférencé et intellectuellement très paresseux.
La dédiabolisation du FN est plus prosaïquement menée par nos compatriotes eux-mêmes qui vérifient quotidiennement le bien fondé des assertions de Marine, de Bruno, des dirigeants frontistes. A charge pour l’opposition nationale de convaincre davantage de Français, de gagner en crédit sur tous les aspects de son programme.
Nous l’avons dit, sous le double effet du mode de scrutin et du front ripoublicain, le FN, même crédité de la troisième place en terme de voix, ne serait pas assuré de pouvoir constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Selon la dernière enquête Odoxa pour Le Point, l’attelage LREM-MoDem obtiendrait le 11 juin 33 % des voix (entre 350 et 390 sièges), l’alliance LR-UDI entre 120 et 160 députés, le PS entre 25 et 35, le duo PC-France Insoumise entre 15 et 25, le FN entre 5 et 15 députés. Selon le nouveau sondage BVA publié mercredi, les candidats de MM. Macron et Bayrou obtiendraient en moyenne 30% des suffrages, ceux de LR-UDI 20%, le FN 18%, FI 12,5%
Pour jauger de ce que changerait l’instauration de la proportionnelle défendue par le FN (le candidat Macron avait promis dans son programme l’instauration d’une dose de celle-ci ) rappelons-nous des législatives de 1986. L’établissement par François Mitterrand du scrutin proportionnel à un tour (parenthèse vite refermée dés 1988), non pas pour les beaux yeux du FN mais pour limiter la casse au PS face à la droite RPR-UDF, avait permis la création d’un groupe FN. En l’espèce 35 députés avec seulement 9,7% des voix.
Bruno Gollnisch n’est pas candidat mais participe en tout cas activement à cette campagne dans ses rares moments de libre. Il était notamment présent le 4 juin au Mont-Faron à Toulon pour une grande fête militante organisée par le très dynamique candidat Amaury Navarranne. Il était hier à la réunion publique de la non moins motivée Marie Garcia à Bourron Marlotte (Seine-et-Marne). Le député européen frontiste qui le 4 juin souhaitait aussi une « Bonne route aux pèlerins en marche vers la cathédrale de Chartres, sur la route de Charles Péguy », sait aussi que la sentence de l’auteur de L’argent, « Les patries sont toujours défendues par les gueux, livrées par les riches » reste plus que jamais d’actualité.
Le slogan choisi par les gueux du FN pour ces législatives, « Plus que jamais défendre la France » annonce en tout cas clairement la couleur. Bruno Gollnisch lors de ses déplacements a rappelé qu’il était très important que les Français puissent compter sur un contre-pouvoir à l’Assemblée nationale. A vrai dire ce sera quasiment le seul, et de loin le plus cohérent, au vu de l’idéologie immigrationniste des mélenchonistes et plus généralement de l’état d’esprit très macrono-compatible affiché par de nombreux caciques et candidats de LR et du PS. Les électeurs doivent en être pleinement conscients.
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