C’était une promesse de campagne de Donald Trump: le président américain a suscité de grandes craintes et des colères qui ne le sont pas moins en annonçant mercredi 6 décembre que les Etats-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale d’Israël, le transfert à venir de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers la ville sainte. Dans les faits, c’est aussi pour M. Trump une manière de se démarquer de ses prédécesseurs, voire pour certains d’en finir avec une certaine hypocrisie. Nous l’avions relevé sur ce blogue, juste avant de quitter la Maison blanche, Barack Obama, en décembre 2016 n’avait pas posé le veto des Etats-Unis à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui, avec la voix de la France, condamnait Israël pour sa politique de colonisation en Cisjordanie. Une première depuis 1979. Malgré le soutien militaire sans précédent, de 38 milliards de dollars pour la décennie 2019-2028, octroyé à l’État hébreu par l’administration Obama deux mois auparavant, de nombreux politiciens israéliens avaient accusé le président sortant d’abandonner son allié privilégié. Et ce, juste avant de passer la main à Donald Trump qui avait promis d’en limiter les effets. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait indiqué qu’«Israël (rejetait) cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s’y (conformerait) pas. » La municipalité de Jérusalem avait réagi en annonçant son intention de délivrer aux colons, en guise de représailles, des centaines de nouveaux permis de construire. Une politique de colonisation qui est aussi concrètement, dans la ville sainte de Jérusalem notamment, une politique d’expulsion de leurs maisons de musulmans ou de chrétiens palestiniens.
A l’annonce hier de cette reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis, des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés à Gaza, les pays arabes, y compris alliés de longue date à Washington comme l‘Arabie Saoudite, la Jordanie (gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem et donc responsable de la célèbre mosquée Al Aqsa, proche du Mur des lamentations) , le président palestinien Mahmoud Abbas, l’Egypte, la Turquie, la France, le Royaume-Uni, l‘Allemagne, l’Iran, le pape François, une importante officine mondialiste comme le Council on Foreign Relations (CFR), ont vivement déploré, sur un mode plus ou moins catastrophistes, ce choix de Trump. Tous prédisent une escalade à venir de la violence. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU a été fixée demain matin à la demande notamment de la France.
L’Union européenne a également formellement condamné le discours du président américain, sachant que les colonies juives sont illégales au regard du droit international. L’UE ne reconnait pas comme faisant partie intégrante de l’Etat hébreu les territoires occupés depuis 1967 par les colons juifs, à Jérusalem-est comme en Cisjordanie, sur laquelle le royaume Hachémite de Jordanie a abandonné ses droits depuis longtemps.
« J’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un accord de paix (entre Israéliens et Palestiniens) » a également déclaré hier Donald Trump, chargeant son gendre juif et militant sioniste convaincu, Jared Kushner, de favoriser ce processus. Dire qu’il n’ a pas convaincu est un mot faible , même s’il faut noter des réactions positives à ce discours.
Celle du Premier ministre israélien Benjamin Nethanayou en toute logique. Le dirigeant d’extrême-droite a évoqué « un jour historique», une « décision historique. » « Jérusalem est la capitale d’Israël depuis près de 70 ans. Jérusalem a été le centre de nos espoirs, de nos rêves, de nos prières pendant trois millénaires. Jérusalem est la capitale du peuple juif depuis 3 000 ans (…). La décision du Président est un pas important vers la paix, car il n’y a pas de paix qui ne fasse pas de Jérusalem la capitale de l’État d’Israël (…). J’appelle tous les pays qui recherchent la paix à se joindre aux États-Unis pour reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et à y déplacer leurs ambassades. »
En France, le député UDI Meyer Habib a été un des rares élus à se féliciter de la déclaration de M Trump, à l’instar du Crif, présidé par le militant antinational Francis Kalifat . Reprenant peu ou prou le texte de M. Nethanayou, M. Kalifat affirme dans un communiqué que cette reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu « est la meilleure des réponses aux tentatives de falsification historique menée inlassablement par les pays arabes et les palestiniens à l’Unesco et à l’ONU sur le statut de Jérusalem. » « Le Crif appelle le Président Emmanuel Macron à engager notre pays dans la même démarche courageuse. »
Certes, et c’est une réflexion factuelle assez imparable de son point de vue, comme l’a dit Gilles-William Goldnadel sur tweeter, «Personne ne peut empêcher les Etats-Unis de décider du lieu de leur ambassade. Ni le peuple Juif de connaître son histoire et sa géographie. Ni le Hamas, ni Erdogan, ni même Jupiter. » Mais la condamnation par Emmanuel Macron du vœu de président américain a suscité la colère, pas toujours très fine (euphémisme) du site droitier conservateur et pro-israélien dreuz info. Guy Millière n’y va pas avec le dos de la cuillère: « L’arrière petit-fils de Pétain installé à l’Elysée a prétendu hier faire part de sa préoccupation concernant les décisions éventuelles de Donald Trump sur Jérusalem. Quand il n’est pas arrogant et cuistre, il est vil. Il va sans doute bientôt embrasser à nouveau le terroriste antisémite Mahmoud Abbas. Il se rendra un peu plus tard à Téhéran pour embrasser d’autres antisémites.Les Français ont fait un excellent choix et peuvent être fiers de leur président. »
Sur ce même site, Jean-Patrick Grumberg plaide lui aussi au pas de charge en faveur de la position de Trump et de l’extrême-droite israélienne: « Durant les dernières soixante-dix années, les Israéliens ont établi à Jérusalem une ville libre pour les trois religions, pour que les pratiquants des trois monothéismes puissent librement pratiquer leur religion en paix. C’est un cas unique dans le tout Moyen-Orient, c’est la preuve au-delà des mots que seuls les juifs peuvent apporter les conditions de tolérance et de paix pour tous, tandis que toutes les autres options ne sont que promesses basées sur des suppositions et des rêves, rien de solide. Posons-nous la question : l’Europe a-t-elle à ce point la haine ancestrale des juifs vissée au fond de la pensée collective qu’elle ne peut se résoudre à accorder à Israël sa demande de faire de Jérusalem sa capitale, demande formulée depuis 1948, mais n’a aucune hésitation à accéder à la première demande, la souveraineté aux Arabes sur la ville sainte ? »
Nous avons souvent été amené à la rappeler ici, le FN, qui n’est dans l’absolu ni pro ni anti sioniste mais plus prosaïquement et plus profondément pro français et soucieux de nos intérêts nationaux, campe sur une position qui est traditionnellement celle de la diplomatie française depuis le général De Gaulle. A savoir une solution à deux Etats, le droit pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, de vivre en paix, chacun dans un pays viable, aux frontières sûres et reconnues. Mais est-il possible d’imposer cette solution de l’extérieur? Est-il possible d’ignorer notamment le sort des Palestiniens, parqués dans ce camp de concentration à ciel ouvert qu’ est devenu Gaza ou ceux qui dénoncent l’impunité de l’Etat hébreu, le règne du deux poids deux mesures, les dizaines de résolutions de l’ONU non respectées par Israël ? A contrario, un patriote, un souverainiste peut-il être totalement hermétique aux arguments des Israéliens qui dénoncent l’ingérence, l’absence de légitimité des conférences internationales qui entendent parler de l’avenir d’Israël ?
Marine, dans un entretien accordé en avril 2017 au magazine israélien Makor Rishon ne disait pas autre chose: « Israël est un Etat souverain et a le droit de fixer sa capitale où il veut. Ce n’est pas à nous Français de décider quelle sera la capitale de l’Etat d’Israël. » La présidente du FN, invitée de Laurence Ferrari le 2 décembre 2014 sur i-télé avait aussi vivement contesté la résolution (symbolique) adoptée alors par les députés à l’Assemblée nationale visant à faire de Jérusalem la capitale des deux Etats (israélien et palestinien). Elle avait rappelé la position défendue de longue date par le Front National: « Il faut que Jérusalem soit sous contrôle international, c’est le berceau des trois religions monothéistes (…) et que chaque Etat (israélien comme palestinien) puisse avoir sa capitale. »
Certes, Bruno Gollnisch a souvent rappelé que pour insoluble que puisse paraître le conflit israélo-palestinien -que sa dimension messianique, religieuse ne contribue pas à simplifier – « le terrorisme se nourrit du désespoir », des humiliations répétées, et qu’il lui semblait impératif, au delà des postures et des formules, qu’ Israël accepte de négocier avec les Palestiniens. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, la poursuite de la colonisation vont-elles dans le sens d’un possible dialogue ? Est-il seulement possible au vu des forces en présence ? Peut-être M. Netanyahou, ses amis politiques, de nombreux israéliens ont-ils intégré ce jugement de David Ben-Gourion, « père d’Israël » dont il fut en 1948 le premier chef de gouvernement et qui peut, si ce n’est justifier du moins expliquer, un certain jusqu’au-boutisme au sein des deux camps : « Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ? ».
Hugues dit
C’est la Loi !
voltarousse dit
G.Millières est surtout un farouche partisan de D.Trump
G.W Goldnadel lui est assez favorable à la politique de Bibi
Pour ce qui est du F.N c’est un parti surtout anti islamique donc anti immigrationniste;
je ne suis pas sûr que la majorité de ses membres approuve la doctrine de l’internationalisation de Jérusalem ( Corpus separatum ) tel que prévu par l’ONU en 1947 ..;peut-être Bruno pourrait il nous en dire plus !
Modérateur dit
Et bien « Voltarousse » Bruno vous dirait certainement qu' »il y a plusieurs demeures dans la maison du père »…Pour le reste nous avons rappelé ici la position du FN sur le statut de Jérusalem telle qu’elle a été évoquée par Marine, merci de votre courriel, bien cordialement, gollnisch.com
lansquenet dit
TRUMP NE SE DÉDIABOLISE PAS….
Redonnez une dignité à la France périphérique, aux chômeurs, à «ceux qui ne sont rien». qqchse que l’on ne peut leurs enlever.
Leurs rappeler à tous que, malgré le consumérisme omnipotent, « l’homme ne vit pas que de pain ».
Avec le transhumanisme à venir, l’explosion démographique, le grand remplacement, l’économie non pilotée, l’absence de vision métaphysique, cette voie est une autoroute si on a un solide socle philosophique, même vague économiquement.
S’éloigner du conformisme économique béat et soumis, détonner et se diaboliser, et ainsi devenir fascinant en proposant de grandes visions nationales et européennes de puissance, et non perdre du temps de propagande sur des crétineries politiciennes et merdiatiques du moment mondain, dont tout le monde se fout (d’ailleurs ce blog ne fait pas grand chose d’autre !)
Robin des bois dit
La position du FN est utopique et irréalisable et s’aligne à peu de choses près, sur les incantations pieuses, hypocrites et utopiques de l’ONU tiers-mondisée. Il faut accepter la situation de fait depuis 1967: Israël ne peut pas être un Etat viable sans les frontières du Jourdain et de Gaza. Les Arabes n’ont qu’à partir dans les pays avoisinants; il y a suffisamment de pays arabes comme ça!
Comment a-t-on fait pour régler le problème des Allemands de Silésie et de Poméranie? On les a virés, sinon la Pologne n’aurait jamais eu de territoire homogène et le problème de Dantzig se serait représenté.
Les Arabes en minorité peuvent vivre dans un Israël sûr de ses frontières, l’inverse n’est pas vrai. Sous la coupe musulmane, les Juifs ont toujours été des sujets de seconde zone. Par contre, la France et le Fn devraient protester contre le déplacement de chrétiens car ils sont très peu nombreux.
Andriw dit
« c’est le berceau des trois religions monothéistes » . C’est faux ! Si Jérusalem est bien la capitale incontestable des juifs et si c’est à Jérusalem qu’a commencé l’histoire du christianisme le berceau de l’islam c’est Médine et la Mecque. Jérusalem n’est jamais cité dans le coran ! La ville n’a été conquise par les arabes que plusieurs années après la mort de Mahomet. Les Hébreux ont parfaitement le droit d’en faire leur capitale sans demander la permission à personne. Si les chrétiens de Palestine sont bien des Hébreux convertis au christianisme et arabisés qui ont résisté (et qui résistent) à la formidable pression islamiste les musulmans n’ont aucune légitimité sur cette terre.
gracchus dit
Il faut bien considérer que le sionisme, et donc la politique de repeuplement d’Israël, est basé sur l’idée que la diaspora juive résulte de l’expulsion des juifs de leur pays au début de notre ère. Toute l’histoire nationale d’Israël est basée sur ce postulat enseigné, rabâché, sanctifié.
Sauf que la fausseté de ce postulat a été largement démontrée. Dans son livre « Comment le peuple juif fut inventé », Shlomo Sand, que l’on ne peut certainement pas soupçonner d’antisémitisme, démontre que la diaspora résulte essentiellement de la conversion au judaïsme de groupes ou de peuples entiers d’Afrique du nord, d’Europe ou d’Asie centrale. Le même Shlomo Sand démontre que les Juifs qui n’ont jamais quitté Israël, et qui sont tout aussi sémites que les Arabes, sont devenus… des Palestiniens, lesquels ont tout autant de droits sur Jérusalem, sinon plus, que les immigrants juifs de fraîche date. Raison de plus, peut-être, pour que les gouvernants israéliens baissent d’un ton et négocient avec les Palestiniens au lieu de les maltraiter, non ?
gracchus dit
Mon commentaire du 12 décembre ne plairait-il pas ?
Ne serait-il pas conforme à la doxa du FN ?
Modérateur dit
La question n’est pas là. Vous pouvez exprimer des opinions différentes de celles du FN « gracchus », nous prohibons seulement sur notre blogue les propos injurieux et/ou tombant sous le coup de la loi pour les raisons raisons évidentes que vous devinez, gollnisch.com
sarah dit
Jerusalem n’etant pas un pays mais une ville, toute ville edt rattachee a un Etat alors il me semble plus logique que Jerusalem soit rattache a son vrai etat qui me semble etre la Palestine ou le Liban ou un autre de ses pays reels environnant sauf « israel » qui n’est pas un vrai pays puisque etre juif s’est provenir de tout pays ce qui n’est pas le cas des peuples de chaque nation car un peuple egale une espece puisqu’on ne doit plus dire race (ce qui est du deni de realite) car cela deplait aux mondialistes qui semblent vouloirque chaque nation soit a l’image du faux pays « Israel ». J’ai peut etre commis l’erreur d’avoir signe une petition pour que Jerusalem soit la capitale de la Palestine meme si cela correspondrait mieux a la Verite. Mais c’etait apres l’annonce de Trump qui esperait peut etre que l’Onu jouerait son role d’opposant car j’ai du mal a croire qu’il souhaitait vraiment que Jerusalem appartienne a « Israel ».
sarah dit
Pour completer je dirais qu’apres tout se qu’a subi la SYRIE, Jerusalem devrait etre peut etre Sa Capitale.