Les eurocrates n’ont pas ménagé leur soutien au rapport Sargentini, tout à leur volonté d’écarter , de museler, de sanctionner les résistants à la doxa bruxelloise. En juillet 2017, Mme Sargentini, avait été désignée rapporteur du Parlement européen sur le problème hongrois afin de proposer les mesures à prendre: « L’Union européenne disait-elle, doit faire plus que critiquer les agissements d’Orban. Le gouvernement hongrois semble déterminé à mener une chasse aux sorcières en s’en prenant à tout ce qui permet de faire fonctionner une démocratie saine et respectueuse de l’État de droit (sic). Orban ne cesse d’aller à l’encontre des normes et valeurs de l’UE. Quand un pays n’est plus disposé à assumer nos valeurs communes, l’étape logique est de lui retirer son droit de vote. La Hongrie ne peut être autorisée à bloquer les réponses communes aux problèmes de notre Union.Les agissements d’Orban ont provoqué à maintes reprises de virulents débats en Europe. Mais l’action n’a jamais suivi. Vu que les États membres se refusent de le rappeler à l’ordre, il incombe au Parlement européen de le faire... »
Trois jours avant le vote de ce mercredi, un article publié sur Boulevard Voltaire évoquait très justement la rapport Sargentini comme « un gloubi-boulga en forme de réquisitoire » et rappelait que Judith Sargentini était «membre, au Parlement européen, de la délégation pour les relations avec l’Afrique du Sud.» « Forte de ses connaissances linguistiques et de son expertise tatillonne en matière de droits de l’homme, on attend donc avec impatience ses condamnations indignées des velléités d’expropriations du gouvernement sud-africain sur des critères d’appartenance ethnique. À quand un rapport Sargentini sur l’Afrique du Sud ?». Mais vous l’aurez compris, apparemment le sanglant chaos sud-africain intéresse moins les droits-de-l’hommistes professionnels que la volonté du peuple hongrois de s’affranchir des diktats de la Commission et des menées du grand européen Soros.
Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a répété qu’il jugeait que la présence du parti Fidesz au sein du groupe de droite pro bruxellois PPE était « un problème ». Le premier vice-président de la commission, Frans Timmermans ne s’est pas contenté de traiter M. Orban de «lâche. ». Il a lui aussi menacé la Hongrie de sanctions, précisant que la Commission n’hésiterait pas s’il le fallait à prendre « des mesures (de rétorsion) supplémentaires. »
Déjà, en février de l’année dernière, M. Timmermans conspuait les pays récalcitrants à honorer leurs engagements en matière d’accueil des centaines de milliers d’ immigrés rebaptisés migrants. Pareillement, il y a trois ans, tout à sa volonté de culpabiliser les Européens pour mieux leur faire admettre sans broncher l’immigration massive, il avait organisé le premier colloque de la Commission européenne « pour combattre l’antisémitisme et la haine contre les musulmans. »
Ainsi, mercredi, sur 693 votants (57 députés étaient absents), 448 ont voté pour la rapport Sargentini (69% des voix) , 197 contre, 48 se sont abstenus. Un recours juridique a été déposé par la Hongrie pour comptabiliser lesdites abstentions dans le vote final, puisque cela ferait chuter les votes en faveur du rapport sous la barre des deux tiers (65%)… Ce rapport a donc été adopté grace au soutien d’une grosse partie des députés dits de droite du Parti Populaire Européen (PPE) dont le président, le conservateur allemand Manfred Weber (membre du CSU) avait précisé qu’il voterait en faveur du déclenchement de l’article 7 contre la Hongrie. M Weber a expliqué notamment dans la presse son intention de punir la Hongrie du fait de son inquiétude devant un rapprochement sur le plan européen entre droite et extrême-droite, citant le cas du dialogue qui s’est noué récemment sur les questions migratoires entre Viktor Orban et le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini…
Bien évidemment la totalité des 35 députés de huit nationalités différentes du groupe ENL co-présidé par Nicolas Bay, notamment nos camarades italiens de la Ligue, Autrichiens du FPÖ, Néerlandais du PVV…, ont voté comme un seul homme contre ce rapport. Car comme l’a affirmé Nicolas Bay, « à quelques mois des élections européennes, face à Merkel et Macron qui veulent toujours plus d’immigration et toujours plus de fédéralisme, Viktor Orban et Matteo Salvini sont les vrais défenseurs des valeurs de l’Europe, incarnent les fers de lance d’une autre Europe, celle des nations ! »
Cette unanimité ne s’est pas retrouvée au sein groupe antifédéraliste de droite ECR, dont font partie les élus polonais du PiS, parti actuellement au pouvoir à Varsovie qui campe sur une ligne très proche de celle de M. Orban; ni même au sein du groupe souverainiste EFDD de Nigel Farage, du fait du vote en faveur dudit rapport des élus italiens du Mouvement 5 étoiles, une formation pourtant alliée à la Ligue dans la coalition gouvernementale italienne. De la même façon et contrairement nous l’avons vu au vote de leurs partenaires gouvernementaux du FPÖ, les conservateurs de l’ÖVP, parti du chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont les élus européens siègent au sein du PPE, ont apporté leur soutien à cette mise au ban de la Hongrie. Othmar Karas, le chef de la délégation autrichienne de l’ÖVP, membre du bureau du PPE, s’est prononcé pour l’exclusion du Fidesz du PPE et a déclaré sans ambages : «Notre Europe est celle de Juncker, pas celle d’Orban. » M. Karas devra expliquer cette prise de position à ses électeurs, bon courage…
M. Orban était à vrai dire sans illusion: il avait annoncé la veille que la consigne de sanction contre la Hongrie avait été décidée par Angela Merkel depuis Berlin…une voix qui compte à Vienne. Dans les quelques minutes de temps de parole qui ont été accordées dans l’hémicycle au Premier ministre hongrois, celui-ci n’a pas mâché des mots. Il a dénoncé les pulsions liberticides des progressistes bruxellois contre une nation qui fut déjà à la pointe de la résistance au communisme soviétique. Il a affirmé que l’éjection des députés du Fidesz du groupe PPE accélérera la submersion migratoire, puisque le PPE accepte de de « se laisser dicter sa conduite par les socialistes et les libéraux . »
Il a noté que le conservatisme chrétien des Hongrois, leur défense des valeurs traditionnelles, de la famille, de leur identité nationale était en effet en porte-à-faux avec l’idéologie hors-sol, sans-frontiériste, portée par d’autres mais que l’UE devait admettre la pluralité de sensibilités. Il s’est dit déterminé à ne pas plier devant les oukases de la bien-pensance, a rappelé que c’est de bon droit qu’il s’est opposé aux menées de George Soros. Bref, at-il dit, « nous continuerons à défendre nos frontières ! C’est la première fois qu’une communauté (l’UE, NDLR) attaque les gardiens de ses propres frontières. Ce pays (la Hongrie, NDLR) ne deviendra pas un pays de migrants ! » « Je n’accepterai pas que les forces pro-immigration nous menacent, fassent un chantage et calomnient la Hongrie sur la base de fausses accusations »a-t-il assuré.
Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères n’a pu hélas que constater à l’issue de ce vote que « la décision (actée par le vote de la majorité des députés européens, NDLR) n’est rien de moins qu’une petite vengeance des politiciens pro-immigration contre la Hongrie. »
Notons pour conclure que ce vote a révélé une nouvelle fois les failles qui traversent le parti LR, tiraillé entre des tendances totalement contradictoires. Ainsi, les 16 députés républicains affiliés au PPE n’ont pas brillé par leur cohésion. Deux étaient (opportunément?) absents, 5 ont voté pour le rapport Sargentini, trois seulement ont voté contre, dont Nadine Morano et le chef de la délégation française du PPE, Franck Proust. Signe de ce malaise six LR (Michèle Alliot-Marie, Arnaud Danjean, Rachida Dati, Geoffroy Didier et Brice Hortefeux…), se sont même réfugiés dans l’abstention, jugeant urgent de ne surtout pas choisir. Avec une opposition pareille, M. Macron n’aurait pas trop de souci à se faire…