Pas question de plier, d’entendre le ras-le-bol populaire: face aux gilets jaunes Edouard Philippe se veut Droit dans ses bottes, pour reprendre la formule restée célèbre de son son mentor Alain Juppé lors des grèves monstres de 1995. Mais ici point de syndicats pour encadrer la colère d’un mouvement qui a pris tout le monde de court par son ampleur et qui se poursuit aujourd’hui par de nombreux blocages. La grande journée de mobilisation du 17 novembre a été quantifiée par le ministère de l’Intérieur : environ 2000 rassemblements ou drapeaux tricolores et Marseillaise étaient souvent de mise (les quelques farceurs qui ont voulu entonner l’Internationale n’ont pas été à la fête!) , 283 000 manifestants , dont de nombreux cadres, élus, militants de l’opposition nationale qui comme Bruno Gollnisch, ont été souvent chaudement félicités par les automobilistes. Il est vrai aussi que certaines actions ont donné lieu à des violences forcément dommageables et condamnables : une manifestante retraitée est morte renversée par une voiture samedi à un barrage filtrant à Pont de Beauvoisin, 409 blessés et 282 interpellations (dont 157 gardes à vue) sont à déplorer. Toutes choses qui ne parviennent pas à ternir l’incontestable succès de cette réaction de la France périphérique devant l’oppression fiscale et les promesses trahies…qui certes n’ont pas débuté avec le quinquennat Macron.
De l’europhobe François Asselineau au bruxellois Jean Quatremer, des grandes centrales syndicales aux godillots de LREM , des voix se sont élevées pour dénoncer cette jacquerie. Mépris, incompréhension, dégoût devant le bas peuple qui à le front de ruer dans les brancards que résument ces quelques lignes sur twitter de Bernard-Henri Lévy, relais officieux de l’idéologie macroniste, qui a voulu voir dans l’action des gilets jaunes samedi l’« échec d’un mouvement qu’on nous annonçait massif» (sic) , un infâme «poujadisme» qui contrecarre la «fiscalité écolo» et le noble «combat (d’Emmanuel Macron) contre les populismes.»
Gilets jaunes dont le populisme a été rattaché par BHL à celui qui a bouleversé la donne électorale et la vie politique italiennes ces derniers mois, et que le philosophe pipo(le) analyse en conseillant la lecture du livre de Maurizio Molinari, journaliste de sensibilité euromondialiste comme il se doit, directeur de la Stampa. Il explique «Pourquoi l’Italie est devenue le laboratoire du haut mal politique contemporain», «Pourquoi ce qu’on appelle populisme, souverainisme, néofascisme s’y trouve-t-il en position de primauté ou, pour mieux dire, en pole position.» M Molinari nous apprendrait ainsi que « l’improbable tandem de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles est tout sauf une surprise, et moins encore une aberration, pour un observateur averti de la scène italienne. On y verra les gueulards, soiffards et autres soudards des deux mouvements se renifler l’un l’autre depuis des années, exactement comme, en France, le font les Insoumis et les lepénistes – et on les verra, d’alliances tactiques en réflexes partagés, de glissements subtils et imperceptibles en partenariats honteux, finir par clamer au grand jour que ce qui les unit compte plus que ce qui les divise (…). » Notamment écrit-il le refus commun de « la bureaucratie bruxelloise » «constituée en bouc émissaire» par «les conjurés de la nouvelle alliance rouge-brune.» Alliance immonde affirme Molinari, qui là aussi rejoint les obsessions et la paranoïa de M. Lévy , rendue possible par «Poutine», » activiste de l’ombre, plus redoutable encore que l’ancien KGB (…) devenu, ici comme ailleurs, le suprême agent pathogène du cancer populiste : n’est-il pas attesté qu’il est, par le biais des réseaux sociaux, intervenu dans les élections italiennes au moins autant que dans celles des Etats-Unis ? et n’a-t-il pas trouvé en Matteo Salvini une sorte de semblable, de double raté, de frère faible et fasciné ?»
Un nouvel exemple de la thèse qui voudrait que la main de Moscou manipule les masses naïves qui se jetteraient alors dans les bras de crétins démagogues et fascisants . Une explication complotiste de bas étage qui permet de passer sous silence les échecs des partis européistes au pouvoir. Or, ce sont lesdits échecs qui expliquent plus prosaïquement que les électeurs se tournent vers des formations politiques porteuses d’une alternative et réceptives à leur demande de protections... Même hémiplégie intellectuelle de BHL quand il approuve M. Molinari qui évoque chez les Italiens « le fantasme d’une identité qui, dans ce pays ontologiquement morcelé, a moins de sens encore qu’ailleurs : y a-t-il plus identitairement éloigné qu’un Vénitien d’un Milanais ? un Romain d’un Napolitain ? un guépard lampedusien d’un Florentin fils de Dante ?» Et bien il y a à l’évidence beaucoup plus identitairement éloigné: un Romain, un Napolitain, un Vénitien, un Milanais, un Sicilien partagent en commun une italianité qu’ils ne partagent pas a contrario avec un Yorouba, un Bambara un Asharaf, un Muhadjir ou un Hazara…
La crise migratoire a justement pour effet d’agir comme un révélateur de cette identité commune qui lie les membres d’une même entité cultuelle, civilisationnelle. Et cela se constate en Italie comme dans les autres pays européens confrontés à l’immigration massive. Il fut un temps ou M. Molinari en avait (un peu) conscience. En 2013, alors correspondant de la Stampa à New York, Maurizio Molinari relayait dans un article les témoignages de juifs français qui avaient quitté la France pour les Etats-Unis avançant pour expliquer leur migration des raisons liées à la crise économique, mais aussi leur désir de vivre leur foi de manière plus simple et surtout d’échapper aux «agressions physiques, aux« violences, à «l’intolérance musulmane.» Ce qui serait vrai pour les juifs de France ne le serait pas pour les autre Français qui entendent rester sur la terre de leurs ancêtres, confrontés à la même situation de déréliction économique, identitaire, sécuritaire?
Ce refus de voir le réel et/ou l’incapacité à s’y colleter, explique l’inéxorable (?) descente de la cote de popularité d’Emmanuel Macron. Le dernier baromètre Ifop pour le JDD indique que le locataire de l’Elysée atteint son plus bas niveau depuis son élection et ne recueille plus que 25% d’opinions favorables (contre 29% le mois dernier). Une même pente descendante qu’emprunte Edouad Philippe, le Premier ministre enregistrant une baisse de 7 points en novembre, soutenu seulement par un Français sur trois (34% de satisfaits). Dix-huit mois après leur élection, MM. Hollande et Sarkozy obtenaient respectivement 20% et 44% d’opinions favorables. Sans surprise, la dégringolade est particulièrement sévère dans les catégories les plus impactées par la politique du gouvernement. M. Macron perd ainsi neuf points chez les ouvriers, les artisans et commerçants…
Une désaffection qui explique pareillement les résultats de l’enquête Ifop pour atlantico sur les intentions de vote de nos compatriotes aux élections européennes de mai prochain. Le RN gagne cinq points en trois mois et est désormais crédité de 22% des intentions de vote. La liste LREM-MoDem perd elle deux points avec 19%. Tous les autres partis chutent également ou stagnent. La liste LR obtiendrait 13%, LFI 10%, EELV 7%, DLF 6% et le PS 6% chacun, l‘UDI 4%, la liste du mouvement de Benoit Hamon 3%, celle de Jean Lassalle 2%, les listes Asselineau et Philippot 1% chacune. Les nationaux ont connu des campagnes qui s’annonçaient sous des auspices moins favorables, mais ce score annoncé oblige impérativement à garder la tête froide, à redoubler de vigilance et d’efforts car traquenards, coups bas et embûches ne nous serons pas épargnés par ce Système aux abois.
Ivernazza dit
Festival de couleurs en Micronie – Une Gueuse toute parée de jaune qui pourrait bien passer à l’orange avant de se fâcher tout rouge…
En réponse à l’analyse assez fine de Bruno Gollnisch je vous propose ci après une halte culturelle:
Lorsqu’il est question de « complotistes », je présume qu’il s’agit surtout des semeurs de rumeurs de la bande au déconolel Bernard-en-rit-Lévy; homme de guerre et “starteur” dépoitraillé de révolutions aux noms fleuris, colorés ou parfumés; impérissable mètre-à-penser; influenceur patenté doublé d’un infaillible arbitre des élégances démocrassiques; sionosophe et philanthrope cachère; homme de plumes; exégète botuliste(1) à éclipses; guerrier de la paix universelle et démocratique héros inoubliable prestataire du Serment de Koufouré (2) ; expert en détartage (et c’est pas le Gloupier (3) qui dira le contraire).
Max l’Impertinent (19 novembre 2018)
Les notes:
1) Botul, Jean-Baptiste (15.8.1896 – 15.8.1997). S’abîmer dans l’étude de ce philosophe, grand spécialiste de Kant et connaisseur de la mécanique du presque même nom, c’est d’une part l’adopter, mais surtout se trouver tout désigné pour coiffer la tiare de Saïtapharnès et venir grossir le nombre de la confrérie des Congres (et c’est pas le Gloupier qui nous dira le contraire). Eût-il été moins considérable notre botuliste aurait même été admissible aux ‘pataphysiciens mais il y fallait un minimum d’humour.
2) Tour de carte forcée qui revient à mettre Koufra dans un studio ce qui bien doit faire gondoler l’hectoplasme de Leclerc – feu le Maréchal; pas le supermarché.
3) Godin, Noël (13.9.1945) mieux connu sous l’alias de Georges le Gloupier, expert en Chantilly, tireur d’élite de tartes, grand amateur de cuistres. Bêêê-Hache-Elle est l’objet des attentions suivies du Maître et de son école. Les 4, 5 et 6ème entartages lui sont attribués avec une marge raisonnable de certitude, de même que la 7ème occurrence lévytique ainsi qu’un entartage multiple (30 mai 2015) 8ème invitation à déguster à l’occasion de laquelle – en dépit des efforts méritoires et professionnels de ses deux gardes du corps le Bazar de l’Hôtel Lévy eut l’occasion d’émettre par son orifice supérieur cette phrase qui lui assurera une entrée par la grande porte étroite dans l’histoire de la philosophie Universelle (de Cromagnon à Steevie): « Non, y en a marre! ».
Fred dit
Bonjour M. Gollnisch, bonjour à toutes & tous,
Ce que j’ai remarqué en écoutant à la TV les « gilets jaunes » à qui on a bien voulu donner la possibilité de s’exprimer, c’est qu’aucun d’entre eux n’a pointé, ou osé pointer, la responsabilité que porte en fait l’UE dans l’origine réelle de leurs griefs.
En effet, Macron n’est que le « petit télégraphiste » qui ne fait qu’appliquer, avec le plus grand zèle, la feuille de route (et donc la politique qui en découle) imposée par la Commission européenne, à Bruxelles.
Avant de manifester, il convient donc de savoir précisément à cause de QUI (plus encore qu’à cause de quoi) on manifeste.
Ce qu’il faudrait, c’est une coordination de « gilets jaunes » au niveau européen, dans les pays de l’UE, pour aller faire une démonstration de force, pacifique, sous les fenêtres de la Commission, l’endroit d’où viennent véritablement les problèmes.