Jamais depuis le scrutin du 26 mai le Rassemblement National n’a mieux porté son nom. De rassemblement il était éminemment question jeudi dernier à Bruxelles lors de la conférence de presse au cours de laquelle Marine et nos amis européens ont présenté le nouveau groupe parlementaire, Identité et Démocratie (les Allemands de l’AfD, les Autrichiens du FPO, les Vrais Finlandais, les Tchèques de Liberté et démocratie directe, les députés Italiens de la Ligue, le Parti populaire conservateur d’Estonie, le Parti populaire danois, le RN, les Belges du Vlaams Belang). Fort de ses 76 députés (après le Brexit), il est désormais « la première force souverainiste du Parlement européen ». « Le fait que certains membres de ce groupe aient participé à des gouvernements change la nature de notre groupe Identité et Démocratie », a noté la présidente du RN qui s’inquiète cependant de ce que l’UE reste dans un « déni de réalité » et de démocratie et n’entende pas la vox populi. « La question à laquelle nous n’avons pas de réponse c’est est-ce que le Parlement européen offrira à notre courant de pensée les responsabilités auquel il a droit ?». Pour autant, a ajouté Marine, « il y a (désormais au sein du PE) un bloc souverainiste d’à peu près 200 voix qui maintiendra une pression constante sur des groupes politiques qui pariaient jusqu’alors sur le désintéressement de la presse de nos pays respectifs sur le Parlement européen ».
Une pression qui s’exercera dans un contexte politique inédit et au moment ou comme le notait Guillaume Berlat le 3 juin (article repris sur le blogue les crises), « avec ses déficits structurels conjugués à son inaudibilité sur l’échiquier du continent, la France d’Emmanuel Macron apparaitra plus que jamais comme le maillon faible de l’Europe. Nous verrons également quelle sera la nationalité des directeurs de cabinet des futurs commissaires européens. Il y vingt ans encore on s’arrachait des Français. Hier, et plus encore demain, ils feront figure de parents pauvres face aux Allemands (…). Alors que l’Europe est au pied du mur, (la macronie) n’a pas le moindre projet crédible pour sauver l’Union d’une faillite annoncée si ce n’est quelques belles paroles creuses. Quel projet réaliste portent-ils pour répondre à la question lancinante du défi migratoire (autre que celle de la répartition par quota des migrants arrivés illégalement sur le sol européen) qui fait le lit du populisme ? Aucune. »
Sur un plan intérieur, ajoute-t-il , « le face-à-face calamiteux entre le centre et l’extrême droite ouvre lentement mais sûrement la possibilité d’un scénario à l’italienne », à savoir l’arrivée au pouvoir de l’opposition nationale au sein d’une coalition. De rassemblement aujourd’hui pour l’emporter demain, il était d’ailleurs encore question cette fin de semaine lors de la réunion du Conseil national du RN à La Rochelle. Un évènement qui a été l’occasion pour le maire de Fréjus, David Rachline, d’annoncer la nomination du pugnace et talentueux Jordan Bardella au poste de second vice-président du RN.
Hier, Marine y a tenu un discours en direction du peuple de droite trop longtemps trahi par ses représentants, à tous ceux qui entendent nouer le dialogue, construire une alternative victorieuse à LREM lors des échéances électorales de 2020, 2021 et pour gagner la mère des batailles en 2022. « Je lance un appel vibrant de La Rochelle à tous ceux qui, chez LR, n’ont pas envie d’être embrigadés dans l’armée d’Emmanuel Macron. (…) Nous sommes prêts à discuter avec eux, à mettre en œuvre des plateformes d’action communes », afin de mettre sur pied une « grande force d’alternance qui devra voir d’ici trois ans la défaite d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle. »
Marine en a fait de longue date un axe essentiel de sa stratégie de conquête du pouvoir, elle a rappelé sa certitude selon laquelle l’opposition nationale ne pourra arriver aux plus hautes fonctions qu’en s’enracinant localement, par un travail « de maillage territorial », «d’implantation.» Les analystes de la carte électorale ont ainsi constaté que depuis 2014, la bonne gestion de leurs communes par les maires FN/RN a contribué à donner du crédit notre mouvement et a amplifié le vote RN, dans les villes concernées, cela s’est encore vérifié le 26 mai. C’est aussi ce qui explique, rappelle Bruno Gollnisch, la fébrilité du Système, son acharnement à constituer entre partis des alliances antinationales, des fronts dits républicains. Il s’agit d’empêcher l’opposition nationale de gagner des municipalités, des départements, des régions afin que nous ne puissions faire la preuve de nos capacités de bonne gouvernance…
Le RN doit donc tendre la main à cette fraction de l’électorat, souvent plus aisée, plus bourgeois, qui hésite encore à voter national, quand bien même nos préoccupations, nos vœux , sont souvent majoritaires en son sein. C’est pourquoi, dans la perspective des alliances à venir avec l’aile patriote de LR, Marine Le Pen a appelé au «compromis» -qui n’est pas la « compromission » !-, arguant que « chacun peut conserver très bien son identité, l’appartenance à sa formation, son parcours et en même temps travailler » avec les nationaux. Cette ouverture est une nécessité. Didier Beauregard note sur Polemia que si le « RN arrive en tête (le 26 mai) dans 69 départements, métropole et outre-mer, contre 32 pour LREM », « ce résultat confirme largement (la) nature (du RN) de parti des classes les plus défavorisées : 43 % des ouvriers, 37 % des chômeurs, et 38 % des employés ont voté pour la liste de Jordan Bardella. »
« Cette élection installe donc la fracture sociale comme l’élément central de la vie politique nationale. La culture de classe a fini par unifier, pour l’essentiel, les bourgeoisies progressistes et les bourgeoisies conservatrices , autour d’un même pôle politique – un vaste marais centriste – qui, globalement, cautionne la ligne politique de Macron. Cette France bourgeoise fait face à une France populaire des ouvriers, petits employée et ruraux et celle des classes moyennes les plus exposées au risque. Cette France d’en bas quand elle vote encore, se reconnaît d’abord dans le vote RN. Il est clair, désormais, que l’espace de la fracture sociale et celui de la coupure identitaire se superposent très largement. Evoquant l’avenir de « la droite », M. Beauregard constate que « réduite à quelques points du corps électoral, il est difficile d’imaginer qu’elle puisse reconquérir un espace politique à la droite de Macron, alors que son électorat reste divisé entre un national souverainisme proche du RN et un centrisme européiste qui lorgne vers Macron. La vocation naturelle de cette droite juppéisée n’est-elle pas plutôt de fournir des cadres et des électeurs au pouvoir macronien ? »
C’est dans ce contexte que l’initiative lancée par l’ancien ministre et député européen RN Thierry Mariani, prend tout son sens. Il vient d’annoncer la réactivation de son ancien courant au sein de l’UMP, « Droite populaire », fondé en 2010 avec Jean-Paul Garraud. Dans une « lettre ouverte à nos amis de la droite » cosignée par cinq autres personnalités qui furent membres du RPR ou de l’UMP et aujourd’hui élus RN ( André Rougé, Jean-Paul Garraud, Jérôme Rivière, Sébastien Chenu, Franck Allisio), ils appellent à la plus vaste alliance possible pour la France.
« Rendus inutiles par le grand rassemblement centro-progressiste d’Emmanuel Macron, nos anciens camarades des Républicains ont échoué », écrivent-ils. « Nous ne vous écrivons pas pour vous demander de vous rallier ou pour oublier ce que vous êtes (…). Nous n’avons pas quitté la droite de gouvernement, c’est elle qui nous a abandonnés et trahis (…) Retrouvons-nous aujourd’hui : vos idées sont les nôtres. Pourquoi donc nous enfermer dans des oppositions stériles et artificielles ? »
Oui, il est grand temps pour tous les Français de bonne volonté, de larguer les amarres, de s’affranchir des partis qui ont échoué, des oukases de la gauche (a)morale, du vieux monde progressiste dont le macronisme est le dernier avatar. Bref de répondre à l’appel du RN, à l’appel du grand large !
de Vendeuvre dit
Cher Monsieur,
il me semble que le succès du RN,pour devenir le succès de la France, dépend de la construction d´un projet économique et financier qui permette la hausse continue de notre production industrielle et ,donc, de l´emploi.
Cette reprise dépend principalement de la baisse des charges qui pèsent depuis des décennies sur nos entreprises et qui nous a conduit à la situation actuelle.
L´Euro que vous rendez responsable de notre perte de compétitivité a très bien réussi à l´Allemagne, qui est excédentaire et au plein emploi.
L´Allemagne a su se serrer la ceinture et réduire ses coûts salariaux et sociaux,restant ainsi compétitive par rapport aux autres grandes puissances économiques quand nous ne faisions que dégringoler.
Je sais que je ne suis pas dans la ligne de la doctrine économique du RN mais il me semble que le RN pourrait la modifier en l´adaptant aux réalités économiques .
Merci.
Salutations.
Arnaud de Vendeuvre