C’est le site Rue89 qui l’affirme à propos de l’ampleur prise par l’affaire des hamburgers halal de la chaîne de restauration Quick, « quand on entend nombre d’élus de la majorité, de Jacques Myard à Bruno Le Maire en passant par Luc Chatel ou Xavier Bertrand, dénoncer la dérive communautariste », « on ne peut que constater qu’ils réagissent tardivement à un test démarré le 30 novembre -voir à ce sujet notre article publié hier-, et supposer que c’est à l’inspiration de Marine Le Pen qui a lancé la polémique dimanche » à propos du quick de Roubaix ; comme l’avait fait mi décembre le blog de campagne de Bruno Gollnisch à propos de celui de Villeurbanne proposant lui aussi exclusivement de la viande halal à ses clients.
« L’avocat du maire de Roubaix indique encore Rue89 annonce avoir déposé plainte auprès du procureur de Lille ce jeudi pour « discrimination (…), mais pour Agnès Tricoire, avocate et membre de la direction de la Ligue des droits de l’homme, juridiquement, cela ne tiendra pas : si Quick discrimine les non-musulmans, alors il faudrait aussi interdire les restaurants casher ou végétariens. Les restaurants n’ont aucune obligation d’universalité, quand bien même ils décideraient de rendre tous leurs restaurants halal. Et il n’est interdit à personne de manger halal » énonce-t-elle.
Enfin, « l’argument selon lequel Quick appartient à l’État et se doit donc d’être laïc, ne change rien : si la chaîne de fastfood est détenue à 94% par des fonds gérés par Qualium Investissement, nouveau nom de CDC Capital Investissement, filiale de la Caisse des Dépôts, bras financier de l’État, cela n’en fait pas un service public ».
Vice-président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) mis en place par Sarkozy, Chems-Eddine Hafiz s’est offusqué de cette polémique, dénonçant une « stigmatisation récurrente de l’islam » « préoccupante » en période électorale. « Il y a environ six millions de musulmans en France, même s’ils ne consomment pas tous halal en tout état de cause, il y a un marché (…), à mon avis Quick va s’engouffrer dans cette brèche, et peut-être que d’autres comme Mc Donald le feront ».
De son côté le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, interrogé par l’AFP, estime que « la diversité de l’offre doit être respectée » mais qu’ « il n’y a pas de mal à ce qu’une entreprise choisisse un créneau qui lui semble économiquement porteur ».
Un avis partagé, relate le site Altermedia, par « le mouvement patronal qui porte abusivement le nom d’Ethic, lequel vient de publier un communiqué pour défendre le droit de Quick d’islamiser ses restaurants au nom de la liberté d’entreprendre ».
Même son de cloche du président du groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé qui a déclaré au Figaro-Le Talk-Orange qu’il trouvait cette polémique « un peu excessive (…). Il y a en France des restaurants aujourd’hui, et ce depuis longtemps, qui servent des produits exclusivement dédiés à une communauté ». Et M. Copé, avec beaucoup de malignité, de citer pour appuyer son propos les exemples des restaurants « qui ne servent que de la cuisine casher » ou « chinoise » (sic)…
« Elu d’une ville (Meaux) où il y a des quartiers où un certain nombre de nos compatriotes sont de confession musulmane, je constate qu’il y a une offre très diversifiée » a-t-il ajouté. Une vision assez angélique de la réalité puisque dans les faits, sous la pression démographique, les commerces traditionnels français sont peu à peu évincés dans des quartiers entiers de nos villes et banlieues, contraignant les « de souche » à aller voir ailleurs…