L’Afrique du Sud « postapartheid », placée sous la figure tutélaire de Neslon Mandela et présidée actuellement par Jacob Zuma, s’apprête à accueillir dans quelques mois la coupe de monde de football. Les supporters de l’équipe d’Algérie sont en tout cas très motivés par l’évènement si l’on en croit un article du Parisien qui explique que les t-shirt aux couleurs algériennes sont en rupture de stock, s’arrachent déjà comme des petites pains en France et s’écoulent mieux que ceux des « bleus »….Sur nos chaînes de radio et de télévision, les Français sont abreuvés de commentaires dithyrambiques sur cette nouvelle nation sud-africaine « arc-en-ciel » ayant réussi à se débarrasser de « l’oppression blanche », à dépasser les « préjugés », le « racisme » et les clivages d’antan. La preuve en est, TF1 a même délocalisé une pathétique émission de télé-réalité dans ce pays. Si ce n’est pas la preuve ma bonne dame que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
L’assassinat par deux noirs samedi dans sa ferme, bien réelle celle là, de l’ancien dirigeant d’extrême droite Eugène Terre-Blanche, 69 ans, qui fut longtemps à la tête du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), crée en 1973, a cependant mis crûment en lumière la violence et le racisme endémiques qui ravagent ce pays.
Malgré l’arrivée au pouvoir de l’ANC il y a 16 ans, la fin de la politique dite de développement séparé (« apartheid ») mise en place en 1948 et appliquée jusqu’en 1991, les discours haineux sont toujours en cours dans les instances de l’ANC. Dans un communiqué publié lundi, l’africaniste Bernard Lugan rappelle que « l’ancien leader du groupe parlementaire ANC, Tony Yengeni déclarait en 2001 : Chaque chose que les Blancs possèdent, ils l’ont volée aux Noirs. Au mois de décembre 2002, la commission sud-africaine des Droits de l’Homme, organisme officiel, affirmait pour sa part que le slogan Kill the Boer, kill the Farmer (tuez le boer, tuez le fermier) n’était pas un discours de haine mais un discours indésirable n’incitant pas à la violence et à la guerre. Forte de cet assentiment, la Youth League de l’ANC a fait de Kill the Boer son chant de ralliement »…
M. Lugan note également que si « entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l’ANC était « en guerre » contre le régime blanc, une soixantaine de fermiers blancs furent tués », 1148 l’ont été officiellement depuis l’accession au pouvoir de l’ANC au mois d’avril 1994!
Une violence et une folie meurtrière –les familles d’agriculteurs, les fermiers assassinés sont souvent ignoblement torturés avant d’être exécutés- qui n’épargnent aucune des ethnies présentes sur le sol sud-africain. Selon les statistiques officielles portant sur l’année 2007, dans ce pays d’environ 48 millions d’habitants, 219 000 attaques, près de 200 000 cambriolages à main armée, 19 000 meurtres, 20 000 tentatives de meurtres et 52 000 viols auraient été enregistrés. Et dans cette nation ravagée par le Sida, Le Monde diplomatique relatait en en octobre 2005 des études selon lesquelles les deux tiers des adolescents et près des trois quarts des adolescentes déclaraient avoir déjà subi des rapports sexuels imposés, des viols collectifs dans 60% à 75% des cas.
Mais ne doutons pas que l’ambiance sera obligatoirement à la fête pendant le déroulement de la coupe du monde…