Un sondage publié aux Pays-Bas il y a deux ans indiquait que 56% des Néerlandais estimaient que l’islam est « une menace pour l’identité néerlandaise », 57% qu’avoir fait venir un grand nombre d’immigrés dans le pays était « la plus grave erreur de l’histoire des Pays-Bas ». Pareillement 66% des personnes interrogées déclaraient qu’ « il y a bien une identité néerlandaise ». Enquête d’opinion dont le résultat est conforté en partie par les derniers sondages portant sur les élections législatives anticipées se déroulant demain. Ceux-ci créditent le parti anti-européen, anti-islam et anti-immigration du député Geert Wilders, le PVV, du doublement du nombre de ses députés. Le mouvement de M. Wilders avait obtenu 9 sièges et près de 6 % des suffrages en novembre 2006 et 16% aux dernières élections européennes.
Le PVV utilise dans cette campagne l’argument du poids financier extrêmement lourd de l’immigration non européenne, mais il est cependant assez nettement en recul dans les intentions de vote par rapport à ces derniers mois, avec la montée en puissance du parti libéral (VVD). Une formation que Geert Wilders a quitté en 2004 et qui apparaît pour de nombreux néerlandais comme la mieux à même de faire face aux bouleversements économiques engendrés par les derniers développements de la crise de la zone euro.
Si M. Wilders, réalisateur du (médiocre et très caricatural) film de propagande anti-islam Fitna, a tenu dans un passé récent des propos extrêmement désobligeants et mensongers à l’égard du FN, reprenant peu ou prou les anathèmes véhiculés habituellement par nos adversaires en France, il doit être jugé dans quelques mois pour « incitation à la haine raciale et discrimination envers les musulmans ». Revendiquant son « sionisme », des liens très étroits avec Israël, certains de ses dirigeants et même avec le Mossad, le chef du PVV a obtenu le soutien dans ses récents démêlés judiciaires des néoconservateurs américains, notamment des célèbres « faucons » Daniel Pipes et David Horowitz . La Coalition juive républicaine (Republican Jewish Coalition, RJC) a même financé un de ses discours dans une synagogue à Boston . Cela n’empêche pas le parti de M. Wilders d’être également victime du « cordon sanitaire » dressé autour de lui par les autres partis néerlandais.
Ainsi, si le PVV, s’est hissé en tête aux élections municipales du 3 mars à Almere, (190 000 habitants) et en deuxième position à La Haye, les deux seules communes où il s’était présenté, il n’a pu prendre le contrôle des exécutifs municipaux face à la coalition formée par ses concurrents. Enfin, au « vote identitaire » des néerlandais répond un phénomène que le FN connaît bien, à savoir le contre-feu du « vote communautaire » des non européens, dans un pays où officiellement, 20% des 16,5 millions d’habitants sont d’origine étrangère. Depuis cette année, Rotterdam a une population majoritairement non-occidentale et 75 % des enfants de moins de 3 ans sont actuellement d’origine extra-européenne.
Après l’assassinat, en 2002, du populiste Pim Fortuyn, qui qualifiait l’islam de « culture arriérée », celui, en 2004, du cinéaste Théo Van Gogh par un islamiste, l’immigration, l’échec du multiculturalisme et les tensions intercommunautaires sont devenus des sujets centraux au Pays-Bas, jusqu’alors « réputé » pour son laxisme et sa tolérance. Même la très importante communauté gay hollandaise, notamment à Amsterdam, a mis de l’eau dans le vin de son « progressisme » en accordant assez massivement ses suffrages au PVV.
M. Fortuyn avait ouvert la voie dans cette catégorie de citoyens à un vote anti-immigration désinhibé, en ne faisant pas mystère de son homosexualité. Mais cette tendance, indiquait notamment il y a trois ans Frank van Dalen, président du COC, une organisation gay néerlandaise, s’explique surtout par la peur devant la multiplication des violences dont les homosexuels sont la cible de la part les jeunes d’origine arabo-musulmane affirmait-il. Si « sionisme » et « islamisme » sont largement incompatibles, Charia et Gay attitude ne font pas non plus bon ménage…