A l’heure où nous écrivons ces lignes, les personnes intéressées par le devenir de l’opposition nationale sont largement au courant, de la publication mercredi par l’hebdomadaire Minute d’ « un document » qualifié « d’explosif ». Peu soucieux d’ajouter nos commentaires à ceux qui fleurissent en nombre sur la toile, l’ampleur prise par cette « affaire », abondamment relayée par les « grands » medias, nous oblige tout de même à l’évoquer, notamment pour rappeler le cap que s’est fixé Bruno Gollnisch dans cette campagne interne.
Selon les pièces publiées par Minute, le futur organigramme du FN en cas de victoire de Marine au Congrès ferait la part belle aux anciens mégrétistes et marginaliserait les cadres « classiques » du Front proches de Bruno. Cet organigramme est même assorti d’une précision franchement détestable, puisque si le vice-président du FN se verrait confier la direction d’un shadow cabinet (le bien nommé ?), il est écrit que «cette structure peut être le meilleur moyen de caser des gollnischiens (sic) de bonne foi, voire de donner un semblant de pouvoir à Gollnisch en lui imposant des marinistes évidemment». Vraiment trop aimable…
Marine a affirmé que ce « projet » n’avait pas son imprimatur, mais Minute rapporte que son auteur est un proche de l’entourage de la vice-présidente du FN, ne faisant pas partie officiellement de son équipe. A titre d’exemple de ce cas de figure, l’article cite le cas de Philippe Olivier.
Rappelons-le au passage, depuis le début de cette campagne interne, Bruno n’a jamais attaqué Marine sur la présence d’ex mégrétistes dans son entourage. C’est au contraire Louis Aliot, alors Secrétaire général du FN, qui n’avait pas caché son opposition à la réintégration de l’ex numéro 2 du MNR, Nicolas Bay, adversaire du FN en Ile-de-France en 2004, et propulsé tête de liste du FN en Haute-Normandie aux dernières élections régionales.
La sur-réaction de Steeve Briois attaquant violemment Minute dans un communiqué, a sûrement été un brin maladroite en ce qu’elle a achevé de donner une forte caisse de résonnance au « scoop » de l’hebdomadaire. A dire vrai, on peut aussi s’interroger pareillement sur l’opportunité des attaques ad hominem, Steeve expliquant ainsi la publication de cet organigramme par le fait que la fille de M. Molitor, patron de Minute, est l’attachée de presse de Bruno. La réponse du papa ne s’est pas faite attendre : « C’est bas et vil. C’est de la bêtise incarnée ». « Il est tout de même étonnant que Steeve Briois, secrétaire général virtuel du Front national en cas de victoire de Marine Le Pen, ne trouve pas d’autre argument à opposer à nos informations que celui de la vie privée. Nous n’avons, nous, jamais exploré la sienne ». Bonjour l’ambiance !
A l’évidence, une réfutation distanciée et/ou argumentée des informations présentées dans Minute aurait été une attitude plus intelligente et plus efficace…
C’est ce à quoi s’est employé sur le site du Point, le « bras droit » de Marine, Bruno Bilde, qui explique que ce document aurait été piraté « directement au siège du Front national, à partir de (son) ordinateur ». « Y a-t-il une taupe au sein de l’équipe de Marine Le Pen ? Depuis quelques jours, la question trotte dans la tête des dirigeants frontistes… » croit savoir Le Point… « OSS 117, le Carré nid d’espions » ?!
« (Cet organigramme) n’a rien d’officiel et ce n’est même pas une piste de travail , affirme-t-on dans l’entourage de Marine Le Pen ». « En réalité, poursuit cet article, le document – dont certaines cases sont restées vides – a été réalisé par un jeune militant frontiste qui l’a ensuite envoyé, le 13 septembre, à Bruno Bilde. Contacté par Le Point.fr, ce jeune mariniste, qui souhaite garder l’anonymat, n’en revient pas. Je suis étonné de la proportion que prend l’affaire. J’ai rédigé ce document de ma propre initiative et je ne l’ai transmis qu’à Bruno Bilde. C’est un brouillon qui n’a pas de valeur officielle, lâche-t-il. Une version que confirme l’équipe de campagne de Marine Le Pen ».
Un jeune homme, relevons le tout de même, suffisamment à l’aise dans ses baskets pour expliquer à l’équipe de Marine ce que doit être l’organisation du FN en cas de victoire au congrès de Tours. Et pour énoncer doctement la nécessité de placardiser Bruno Gollnisch , malgré le talent, le courage et l’expérience qui est la sienne après 27 ans de FN dont 16 ans de bons et loyaux service aux côtés de Jean-Marie Le Pen à la tête de l’appareil !
Cette opacité et cette fébrilité contrastent assez fortement avec le projet de Bruno Gollnisch qui lui, n’a jamais caché son souhait d’œuvrer, en toute transparence, au rassemblement et à l’unité du FN, son refus de tout ostracisme clanique, sa volonté de travailler en bonne intelligence et pour le bien commun avec Marine, de rassembler les énergies et les talents au sein et autour du FN.
C’est dans cette optique qu’il laisse la porte ouverte à un éventuel ticket « Bruno-Marine » avec pour l’un la présidence du FN et pour l’autre la candidature à la présidentielle de 2012, un partage des rôles qui n’est pas en opposition avec les statuts du Front National.
En toute logique, le vice-président du FN entend en retour ne pas être conspué au motif qu’il réchaufferait sous son manteau un certain nombre de « vipères lubriques »… Notre Mouvement n’a vraiment rien à gagner à ce genre de procès stalinien.
Ce que confiait au Point, le directeur de campagne de Bruno Gollnisch, Bruno Subtil : « C’est ahurissant. Il semblerait qu’il y ait des bons et des mauvais repentis !». Mais « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On le sent sur le terrain, au contact des militants : la victoire de Bruno Gollnisch est possible ».