Le PS a compris que son image de laxisme, voire de complaisance angélique vis-à-vis de l’insécurité – le fameux aveu de Jospin au lendemain de la présidentielle il y a huit ans sur sa « naïveté » sur le sujet- était largement responsable de sa défaite en 2002 et 2007. Le Parti socialiste cogitait donc sur le thème de la sécurité hier en banlieue parisienne à Créteil, journée de réflexions présidée par le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, en présence de la première secrétaire Martine Aubry. Le PS a proposé à l’issue de cette réunion un « pacte national de protection et de sécurité publique ». Les grands mots sont lâchés…
Il y a en effet urgence, au regard du lourd échec d’une droite mondialiste qui détient pourtant tous les leviers pour agir depuis 2002. Selon le bilan mensuel de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), rendu public mercredi, le nombre des violences a augmenté de 1,27% entre novembre 2009 et octobre 2010 par rapport à la même période précédente. Soit quelque 462 350 atteintes à l’intégrité physique recensées au cours de ces douze mois. « Ce sont les faits de violences physiques crapuleuses qui sont à l’origine de (cette) hausse: leur augmentation sur 12 mois est passée de + 3,90 % en août à +5,23% en octobre 2010 » a précisé l’ONDRP.
Dans une tribune au Monde datée de mercredi, la patronne du PS a dévoilé les axes majeurs de son intervention et dénoncé le « fiasco » de la politique sécuritaire de l’UMP. Lundi elle formulait déjà les principales propositions du « pacte » pondu par les experts de la rue de Solferino : création de nouveaux « bidules », des « zones de sécurité prioritaire », mise en place d’une « police des quartiers », de « centres de placement immédiat » pour les mineurs délinquants, de « centres de discipline et de réinsertion » pour jeunes délinquants multirécidivistes et mise en avant du rôle majeur des maires pour maintenir les conditions de l’ordre.
Dans un entretien accordé au site du Nouvel Obs, François Rebsamen constate (fort justement) que « depuis le retour de la droite au pouvoir, plus de 10 000 postes de policiers ont été supprimés » et tient un discours particulièrement musclé pour un socialiste, lequel lui vaut depuis des attaques virulentes de ses « amis » de « la gauche de la gauche ».
Questionné sur les « quartiers où la police ne rentre plus qu’au coup par coup » il affirme que la gauche au pouvoir y « (rétablira) l’ordre et la sécurité de façon pérenne », « éventuellement » en faisant appel à l’armée, puisque « les gendarmes savent très bien mener ces opérations de pacification, ils l’ont plusieurs fois démontré à l’étranger ». « Une centaine de quartiers extrêmement difficiles sont aujourd’hui devenus des zones de non-droit où règne la loi du caïdat. La reconquête de ces quartiers sera longue et compliquée poursuit-il. Elle ne se fera pas sans une concentration de moyens budgétaires. Et elle commencera par une présence prolongée des forces de l’ordre les plus expérimentées ».
Il ajoute encore : « Certains élus de mon parti en sont à se dire qu’il faudrait des lois d’exception pour reconquérir ces cités difficiles. Je pense, moi, qu’il faut des moyens exceptionnels et une volonté politique sans faille ».
Ce discours très ferme de M Rebsamen, exceptionnel à gauche, est une nouvelle preuve, s’il en était besoin, que les partis du Système sont prêts à tout pour « braconner sur les terres du FN ». Prêt à tout ou presque, puisque ni l’UMP ni le PS n’osent toucher au tabou des tabous, la cause première pourtant du développement des zones de non droit, et du « règne » de « la loi du caïdat ». A savoir la poursuite d’une immigration de peuplement qu’ils n’entendent pas remettre en cause. Immigration qui par la voie du droit du sol et d’une politique de naturalisation massive assure au PS et à ses alliés de gros bataillons d’électeurs…
C’est notamment le cas à Lille pour Martine Aubry, à laquelle M. Rebsamen tresse des lauriers en louant « le pragmatisme dont elle fait preuve dans sa ville en matière de sécurité ». Le sénateur-maire de Dijon ne doit pas souvent aller à Lille…
Mais le double discours, pour ne pas dire le double jeu, est une seconde nature chez les ténors des partis de l’Etablissement tout à leurs combinazione communautaires. Lundi, prenant ses marques à toutes fins utiles pour 2012, Mme Aubry s’est engagée devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à l’occasion de son dîner annuel qui s’est tenu dans la capitale nordiste, à relancer le jumelage et le partenariat économique de sa municipalité avec la ville israélienne de Safed.
Pourtant selon Gideon Lévy, journaliste au quotidien israélien (de gauche) Haaretz, Safed serait la ville « la plus raciste dans le pays », du fait des nombreux cas de discrimination, tolérés par le maire de la ville et le grand rabbin, à l’encontre des Arabes. Dans un éditorial publié lundi, Haaretz a dénoncé le silence du gouvernement Netanyahou sur ces abus, qui ont même ému les durs de l’Anti-Defamation League (ADL), puissant groupe de pression pro-israélien aux Etats-Unis.
Pas certain que cette tentative de Mme Aubry de jouer sur les deux tableaux, elle qui trouve « génial de vivre dans une ville avec 30% de maghrébins », fasse vraiment plaisir à sa « clientèle », notamment celle qui fréquente sa fameuse piscine lilloise islamo-compatible…