Dimanche alors que le pape Benoit XVI concluait à Madrid par une messe les JMJ qui ont attiré plus d’un million de jeunes, le prix Nobel de la Paix, Barack Obama, se félicitait de ce que le régime du colonel Muammar Kadhafi soit à l’agonie. « Tripoli se libère de la poigne du tyran » a-t-il jugé dans un communiqué. Il a appelé les rebelles issus des tribus hostiles aux kadhafistes qui ont pris le contrôle de certains quartiers de Tripoli à respecter la population, à préserver les institutions de l’État et à instaurer la démocratie. En cas de victoire, de pacification et de prise de contrôle totale du pays –rien n’est moins sûr- nous pourrons juger une nouvelle fois de cette réflexion de T.E Lawrence dans Les Sept piliers de la sagesse : « les rebelles, surtout les rebelles victorieux, font nécessairement de mauvais sujets et de pires gouverneurs »…
Alors le rêve de Bernard-Henry Lévy et de tous les défenseurs (atlantistes) des droits de l’homme se réalisera-t-il ? Des Lybiens qui ne seraient plus obligés ( ?) de faire le ramadan, des libyennes qui pourraient épouser des non musulmans, une gay pride organisée à Tripoli, la reconnaissance d’Israël par la CNT, les fous d’Allah anti-kadhafistes et autres combattants salafistes d’Aqmi ramenés à de meilleurs sentiments démocratiques et balayés par un coup de baguette magique…
A 2000 kilomètres de là, après cinq mois de violences impliquant forces fidèles au régime, Kurdes, démocrates, libéraux, islamistes financés et armés par l’Arabie saoudite, le président syrien Bachar al-Assad a repoussé l’injonction de M Obama et de ses alliés occidentaux à quitter le pouvoir. Celle-ci a été formulée pour la première fois sur un mode impératif jeudi dernier.
Déjà, après l’adoption le 3 août par le Conseil de Sécurité de l’ONU d’une résolution concernant la Syrie, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, avait été très clair : « Par égard pour la stabilité, nous ne voulons pas qu’il (Bachar al-Assad, NDLR) demeure en Syrie. Nous le voyons plutôt comme la cause de l’instabilité en Syrie appelé à un changement de Régime ».« Nous pensons honnêtement pouvoir affirmer avec certitude que la Syrie serait un meilleur endroit sans le Président Assad. »
Début août, un projet de loi présenté par le Sénateur Lieberman avait été introduit au Sénat américain pour durcir les sanctions économiques contre Damas. Il a été entendu également par…l’union Européenne. Nouveau volet dans la batterie des mesures de rétorsion prises jusqu’alors, un embargo sur l’importation de pétrole brut syrien serait imminent, au terme de l’accord auquel les ambassadeurs des pays de l’UE seraient parvenus.
Un écroulement du régime syrien, auquel M. Sarkozy faisait encore les yeux doux il y a quelques mois, faciliterait-il une éventuelle « transition démocratique » ? Beaucoup d’analystes occidentaux émettent des réserves à ce sujet, notamment l’ancien officier du renseignement britannique, le MI- 6, Alistair Crooke qui souligne le rôle de radicaux islamistes dans les violences en Syrie. Ses propos ont été rapportés le 11 août par Andrew Rettman (Global Research) : «C e sont des guérilléros urbains expérimentés qui se sont battus en Irak et obtiennent du financement de l’extérieur. Ils infiltrent les manifestations pour attaquer les forces d’Assad, comme à Jisr al–Choughour en juin, où ils ont infligé de lourdes pertes (…). Il existe deux forces importantes derrière les événements (en Syrie), soit des radicaux sunnites et des groupes d’exilés Syrien en France et aux États-Unis. »
Crooke a déclaré que les groupes d’exilés cherchent à renverser le régime allié de l’Iran : « Ils sont financés et entraînés par les États-Unis et ont des liens avec Israël. Ils paient les chefs tribaux sunnites pour qu’ils envoient des gens dans les rues, ils travaillent avec les ONG pour alimenter les médias occidentaux d’histoires non- corroborées à propos d’atrocités et coopèrent avec des radicaux en espérant que la violence accrue justifie une intervention de l’OTAN. »
Le 12 juin dernier, sur CBS, le sénateur Lindsey Graham (qui siège au Comité sénatorial américain pour les forces armées) déclarait que « s’il était logique de protéger les Libyens contre Kadhafi, et ce l’était car ils auraient été massacrés si nous n’avions pas envoyé l’OTAN lorsqu’il était à la périphérie de Benghazi, le monde doit se demander si nous en sommes rendus là en Syrie (…). Nous n’en sommes peut-être pas encore là, mais l’on s’en approche, donc si cela
vous importe vraiment de protéger les Syriens d’un carnage, il est temps de laisser savoir à Assad que toutes les options sont sur la table. »
A tout le moins, la coopération militaire et le soutien de la Moscou au régime en place à Damas (une base navale russe existe à Tartous dans le nord de la Syrie), semble exclure de prime abord une intervention dans cette poudrière régionale, sachant que la Russie opposerait son veto à un mandat de l’ONU allant en ce sens.
L’Ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, dans une entrevue avec le journal Izvestia, s’est cependant montré assez inquiet sur la suite des événements : « L’OTAN planifie une campagne Militaire contre la Syrie
afin d’aider à renverser le régime du Président Al-Assad et ayant pour objectif, à plus long terme, de préparer une tête de pont pour une attaque contre l’Iran (…). Nous sommes (…) préoccupés par l’escalade d’une guerre à grande échelle dans cette énorme région...»
Avant d’ajouter qu’une action militaire à grande échelle est très peu probable du fait de la crise financière, et ses répercussions sur les opinions publiques, qui frappe très durement les pays de l’OTAN. Encore faut-il que selon les calculs des sectateurs du Nouvel ordre mondial et de ses soutiens financiers, les inconvénients l’emportent sur les avantages. Attendre et voir…
jean dit
Cher Bruno,
Nos politiciens sont comme des enfants qui font quelque chose sans réfléchir et une fois la bêtise faite se demandent comment réparer. C’est un peu taillé à la serpe ce que je dis mais je ne suis pas loin de la vérité considérant que les calcules de nos politiques au pouvoir ne sont que sur du court terme.
Car enfin, qui avons nous maintenant en Lybie, (Tunisie et Egypte)? Des islamistes qui vont prendre le pouvoir (Tunisie, Egypte) et des islamistes+des seigneurs de guerre tribaux en Libye.
Libre à eux de faire ce qu’ils veulent dans leur pays et de retourner ou continuer dans l’age de pierre. Cependant, et c’est là où nous européens sommes concernés, c’est que non seulement les vagues d’immigrations de réfugier vont s’intensifier mais dans le « lot », un certain nombre de terroristes vont s’infiltrer, ce qui est déjà le cas. Et c’est là que ça va faire mal, pas dans 6 mois, 1 an, mais plutôt dans quelques années…l’avenir nous le dira.
Chapuis dit
Trés bonne analyse mais une seule remarque : les actions terroristes n’attendront pas quelques années dans notre pays miné par un gouvernement trop laxiste vis à vis de réfugiés politiques qui ne le sont pas toujours.
Jean dit
C’est exact mais dieu merci la France a encore (pour combien de temps?) un service anti-terroriste très efficace qui protège les français depuis des décennies sans que le peuple ne s’en rende vraiment compte.
Nos gouvernants, droite comme gauche se sont alignés sur les américains via l’Otan, je dis droite comme gauche car cela aurait été la gauche au pouvoir qu’ils se seraient alignés de la même façon via l’Otan.
Encore une fois, nos dirigeants ont une vision à court terme car le pays est dans une telle situation économique que le calcule de Sarkosy a été un gain au niveau réduction de budget notamment au niveau militaire. Il est très simple de se rendre compte que nos armées ont déserté l’Afrique.
Mais même si cette vision peut paraître aberrant il n’en ai rein en fait: c’est une question d’idéologie (c’est le coeur même du problème) et s’est cela qu’il faut bien comprendre, Sarkosy et les autres pensent que la France doit s’appuyer sur les Etats Unis et leur vision du monde. C’est ce que pense la France et nos « élites » et c’est ce que pensent les autres dirigeants européens.
En fait de Nation, la France est devenue vassal des USA et de leur idéologie. Le monde unipolaire comme le veut les USA n’est pas et ne sera pas. Cela fait 70 ans que les USA ont infiltré nos élites en France et en Europe. Mais à l’époque, bien que cela soit totalement inadmissible, le choix était simple: URSS (communisme) ou USA (libéralisme). Le choix a été fait et nous savons lequel est ce.
Le problème est qu’à la chute du communisme en URSS, la France a ratée une occasion historique de reprendre son indépendance, mais nos dirigeants étaient déjà trop conditionnés au modèle américain.
Donc le monde unipolaire ne sera pas, pourquoi: parce que d’abord il y a la Chine contre laquelle les USA au niveau économique ne pourront pas rivaliser. Ensuite et c’est là que que quelque chose va se jouer, c’est la Russie: Vladimir Poutine et son équipe dirigeante sont d’une clairvoyance remarquable au niveau géopolitique du monde (mais pas remarqué pas nous autres occidentaux). C’est le seul contre poids OCCIDENTALE face à l’idéologie américaine. C’est fondamentale d’avoir ce contre poids occidentale. Car le multi culturalisme comme nous l’abreuve nos « élites » n’existe pas et l’on arrivera à son terme dans quelques années (c’est une question de temps).
Donc sans être pro-russe, il sera capitale de se rapprocher de la Russie sans en être leur vassaux bien évidement. Car si conflit il y a, les américains défendront d’abord leurs intérêts avant ceux des occidentaux. La Russie de MM Poutine et Medvedef ont bien compris qu’il s’agit d’un problème civilisationnel, je veux dire par là d’un problème de survie de la race occidentale.
Nous occidentaux, ne pouvons et ne devons pas imposer notre mode de pensé à d’autres pays et d’autres cultures ça ne marche pas et ça ne marchera pas et heureusement d’ailleurs, sinon s’en serait fini de toutes les Cultures du monde.
Mais tout cela est très complexe, car il y a dans cela les deux faces d’une même pièce, l’idéologie et l’économie.
Je développerai une prochaine fois car là je n’ai donné que des grandes lignes…