La semaine dernière, dans une tribune publiée dans Libération, les vieux hommes de gauche Raymond Aubrac et Stéphane Hessel écrivaient : « Parce que nous pensons que la reconduction du sortant signifierait le démantèlement total du programme du Conseil national de la résistance, nous appelons à un vote de sauvegarde, d’optimisme, d’espoir. Nous voterons et appelons à voter François Hollande. » De son côté Louis Mexandeau, ancien ministre de François Mitterrand, avec qui il a fondé le Parti socialiste, vient de pondre un manifeste bien médiocre, intitulé « Résistez « et préfacé par Raymond Aubrac sur le modèle du tout aussi indigent « Indignez-vous » de M. Hessel.
Agrégé d’histoire -ce qui ne se devine vraiment pas en le lisant…- membre fondateur du Club de la chanson paillarde, auteur du calamiteux projet socialiste pour l’école publié en 1978, M. Mexandeau se croit autorisé à délivrer « un message à la jeunesse » pour la sommer de ne pas voter Le Pen et FN.
Le tout dans un style pompier du plus bel effet et avec un art du raccourci mensonger et outrancier très…socialiste. Petit extrait : « (Marine) est bien la fille de son père, celle qui s’en va valser à Vienne au bal des nostalgiques de l’Anschluss. Il est bien le père de sa fille, celui qui ose affirmer que l’occupation allemande en France ne fut pas particulièrement inhumaine. »
Le désespoir de M. Mexandeau est celui de la gauche dans toutes ses composantes, qui campe depuis belle lurette dans le camp du conservatisme, d’un déclin aux cheveux blancs. Rien de plus normal affirme Bruno Gollnisch, que le message de Marine et du FN appelant les Français à retrouver la maîtrise de leur destin, « à renverser la table », le Système, séduise nos jeunes compatriotes. A un âge où les élans révolutionnaires, au sens noble du terme, se frayent plus facilement un chemin que chez leurs aînés !
Déjà en 1988, 1995, 2002 et 2007, Jean-Marie Le Pen a toujours attiré proportionnellement sur son nom un grand nombre de jeunes, arrivant souvent premier dans certaines catégories de la jeunesse. Une tendance confirmée au profit de Marine par le tout récent sondage de l’Ifop pour l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes).
Dans cette enquête pour Le Figaro publiée la semaine dernière, Les primo-votants de 18-22 ans placent François Hollande en tête de leurs intentions de vote (31 %), devant Marine Le Pen (23 %) et Nicolas Sarkozy (21 %). François Bayrou (9,5 %) et Jean-Luc Mélenchon (8 %) suivent loin derrière…
Sur le site de Marianne un article revient sur ce succès de la candidature Marine auprès des jeunes alors que « la jeunesse est pourtant la cible de François Hollande. » Il cite aussi un sondage CSA pour BFM TV, dans lequel « (Hollande) ne recueille que 18% des voix des 18-30 ans contre 25% pour Nicolas Sarkozy et 26% pour…. Marine Le Pen. » Car « En incluant les 22-30 ans, on compte plus de jeunes actifs, plus ou moins autonomes de leur famille et avec des préoccupations différentes des étudiants (la fiscalité notamment) »…
« Mais la vraie surprise est-il encore indiqué, reste le succès de Marine Le Pen que ce soit chez les 18-22 ans ou chez les 18-30 ans (…). Il existe tout un pan de la jeunesse, précarisée, ne se reconnaissant plus dans l’axe droite-gauche, qui voit un éventuel recours dans la candidature Le Pen. Un sondage Viavoice-Libération montrait d’ailleurs que 32% des 18-25 ans sont « contestataires ». Ils s’intéressent à la politique mais rejettent le système économique, social et scolaire actuel.
« Parmi eux, 27% souhaitent la victoire de Marine Le Pen (…) contre 42% pour Hollande et 22% pour Mélenchon et Bayrou. La même étude affirme que 29% des 18-25 ans sont désenchantés , ils n’ont également plus confiance dans les élites actuelles mais se désintéressent de la politique contrairement aux contestataires. Ces derniers sont 19% à vouloir la victoire de Marine Le Pen. »
Et cet article de conclure que « contrairement aux thèses diffusées par Terra Nova, la gauche n’est pas forcément le camp naturel de la jeunesse. » En effet, cette tendance au vote national au sein de la jeunesse est d’ailleurs assez marquée en Europe. Nous l’avons vu encore dernièrement en Autriche ou nos amis du FPO ont été les grands bénéficiaires de l’abaissement de l’âge légal du droit de vote.
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