Alain Finkielkraut en tournée de promotion de son nouveau livre L’Identité malheureuse, actuellement en tête des ventes des essais et documents, devant une autre tête de turc de l’ extrême gauche, Lorant Deutsch avec Sur les routes de l’Histoire de France, était samedi soir l’invité de l’émission de Laurent Ruquier. Cet ouvrage en est une nouvelle illustration, M. Finkielkraut, ancien gauchiste maoïste, est devenu au fil des années pour les commentateurs l’ exemple un brin caricatural du conservateur, voire du réactionnaire bon teint. Avec 20 ans de retard sur l’opposition nationale, les écrivains et essayistes appartenant à cette famille de pensée, il est devenu un contempteur du modernisme, du multiculturalisme, des dérives de l’Education dite nationale. En 2005, il apportait son soutien à la pétition dénonçant des «ratonnades anti-Blancs», lancée par l’organisation Hachomer Hatzaïr et Radio Shalom et qui fut signé notamment par l’ex ministre socialo-sarkozyste Bernard Kouchner. Sensible du fait de ses origines à ce qu’il estime être une résurgence d’un antisémitisme qui découlerait en partie de la montée en puissance d’un communautarisme arabo-musulman (voir La nouvelle judéophobie, cosigné avec Pierre- André Taguieff en 2002), cet « intellectuel » est désormais sur la sellette.
Samedi soir il faisait état sur le plateaux sur France 2, de la charge violente contre son essai paru notamment dans Le Monde, quotidien de référence du Système. Jean Birnbaum, responsable du supplément littéraire de ce journal, évoquait certes avec émotion les origines familiales de Finkielkraut mais pour mieux lui reprocher « d ‘(attiser) le brasier identitaire », « au risque de se brûler », de « (jouer) avec le feu ». Comme Aymeric Caron chez Ruquier, M. Birnbaum s’inquiétait dans son article de ce que M. Finkielkraut partage les mêmes inquiétudes identitaires et démographiques que son ami Renaud Camus, auteur du « Grand remplacement » et qui a apporté son soutien à Marine Le Pen.
Ce n’est pas une révélation, Alain Finkielkraut est en effet capable d’outrances. Nous nous souvenons qu’il n’avait pas hésité à traiter il y a quelques années Rony Brauman, un des fondateurs de Médecins sans frontières, homme de gauche antisioniste, de » Caniche des goys » au motif qu’il critiquait certains « excès » de la politique israélienne. Mais ce n’est pas ce qui lui fut reproché sur le plateau d’On est pas couché. Devant les chroniqueurs Aymeric Caron et Natacha Polony, Alain Finkielkraut, agité et ravagé par les tics nerveux, a énoncé de fortes vérités, mais aussi tenu à se démarquer des soupçons de proximité avec un FN qui selon lui reste infréquentable et extrémiste.
Il a donc pris soin d’expliquer qu’il considérait comme « insultant » d’être comparé à Marine. Une présidente du FN dont le discours laïc et républicain a t-il affirmé, expliquerait la progression d’un FN qui aurait été partisan du port du voile islamique à l’époque de Jean-Marie Le Pen (!). Une opposition nationale qui croit-il encore savoir, serait restée à son étiage habituel de « 10%- 12% » des suffrages (plafond enfoncé en fait à de très nombreux reprises par le FN et JMLP) si « Bruno Gollnisch » avait été élu à sa tête!
En 2005, le « philosophe » Alain Finkielkraut avait été déjà contraint (?) de dire du mal du FN, s’étant attiré les foudres du MRAP à la suite d’un entretien accordé au quotidien de gauche israélien Haaretz dans lequel il analysait les émeutes des banlieues françaises comme relevant d’une « révolte à caractère ethnico-religieux ». Il évoquait aussi le phénomène annonciateur selon lui que fut « La Marseillaise » huée par des individus brandissant des drapeaux algériens lors du match France-Algérie d’octobre 2001. Et ce, alors « qu’on nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est black blanc beur. En fait aujourd’hui elle est black black black ce qui fait ricaner toute l’Europe », déclarait-il, ajoutant que « si on fait une telle remarque en France, on va en prison ». « Toute cette haine et cette violence s’expriment maintenant dans les émeutes, y voir une réponse au racisme français c’est être aveugle à une haine plus large : la haine de l’occident », affirmait-il avant de faire machine arrière quelques jours plus tard sur Europe 1 devant Jean-Pierre Elkabach.
M. Finkielkraut avait alors pris soin d’affirmer qu’il réservait sa « haine » (!) aux défenseurs de la « préférence nationale », propos là aussi outranciers dans la bouche d’un homme qui a certes beaucoup évolué, et célèbre aujourd’hui les mânes du très catholique et Français Charles Péguy, même si c’est pour mieux fustiger Barrès et sa vision « déterministe » de l’identité française. Comme d’autres, il n’est plus (systématiquement) dans l’anathème délirant contre le FN et a tourné radicalement la page du cosmopolitisme à tout crin, de l’apologie de l’immigration, du métissage généralisé et de la disparition des Etats nations qu’il célébrait encore dans les années 90 aux côtés des Jacques Attali, BHL et autres Alain Minc.
Comme Elisabeth Lévy, Eric Zemmour (et Lionel Jospin!) , les critiques de Finkielkraut ont contribué à décrédibiliser (ridiculiser) le combat antifasciste, et il affirme avec raison que l’idéologie antiraciste a aujourd’hui pris le relais de l’intolérance communiste. Il n’est guère plus tendre avec la catastrophique construction bruxelloise. Le 13 octobre dernier, il affirmait dans Le Figaro que « l’Europe n’est plus une construction, ni une civilisation, mais une maison de redressement, et ses commissaires sont des pions aigres et vindicatifs qui, juchés sur les tabourets de ce qu’ils croient être la mémoire d’Auschwitz, font la leçon aux peuples européens ».
En effet, les leçons de propagande ne portent plus et se heurtent de plein fouet au réel. Ainsi, samedi, sur Canal plus cette fois, le vice-président du FN Florian Philippot fut confronté aux affirmations péremptoires, faussées et tronquées de François Gemenne professeur à Sciences-Po Grenoble et Bruxelles, « spécialiste des flux migratoires » (!). Les énormités assenées par ce monsieur, qui doivent beaucoup au politiquement correct, sont rejetées au nom de la rigueur scientifique par la démographe Michèle Tribalat. Le site Rue 89 s’est penché sur son cas, actant qu’elle est citée de manière récurrente par Marine et le FN, notamment sur ce blog, pour son livre lucide et courageux Les yeux grands fermés.
Mme Tribalat qui a le bon goût face à la mauvaise foi hargneuse de ses collègues, comme l’homme de gauche Hervé Le Bras, de citer George Orwell (« L’abandon des illusions suppose la publication des faits, et les faits peuvent être désagréables« ), indique à Rue 89 « sans dénigrer les frontistes » , « plusieurs points de désaccord » avec le « programme » du FN.
» L’idée de diviser par vingt le flux d’immigration en cinq ans me paraît absolument extravagante dit-elle. Cela suppose que l’on sorte, pas seulement de l’euro comme le propose le Front National, mais de l’Union européenne qui veille par la Cour de justice européenne à ce que les droits des migrants soient respectés. » Le FN a certes toujours évoqué cette possibilité de sortie de l’UE …pour peu que la volonté clairement établie du peuple français soit contestée, bafouée par les grands prêtres du culte euromondialiste.
Mme Tribalat exprime une autre réserve: « Le Front National décrète que l’assimilation est toujours possible. Ce que je ne crois pas. Ça ne se décrète pas. Ça ne passe pas par des lois, mais par l’action du corps social, avec l’assentiment des élites politiques et intellectuelles. Il y faut la bonne volonté des classes populaires qui est mise à rude épreuve. » Un pessimisme inquiet qui rejoint celui d’un Alain Finkielkraut; ils ne seront pas le seuls (ex?) membres du sérail à être amenés à des révisions déchirantes dans les mois et années à venir. Ce n’est pas faute de les avoir prévenus….
Ses adversaires n’ont pas désarmé. Hervé Le Bras :
« J’ai eu l’occasion de débattre avec Mariani. Et bien je trouve Michèle Tribalat plus à droite que la droite populaire. »
BS dit
Malgré leurs hésitations et réticences et malgré l’hostilité qu’ils suscitent alors dans la classe médiatique, le retour à la raison de quelques intellectuels est encourageant.
Par ailleurs, il faut souligner l’importance de la remarque attribuée dans cet article à Madame Tribalat. Il est certain que, ni en matière économique, ni en matière de règles de vie de notre société nationale, rien ne sera possible tant qu’on ne se sera pas affranchi des contraintes juridiques que nous imposent notre appartenance à l’Union européenne et quelques autres traités et que nos juridictions veillent à faire prévaloir sur la volonté populaire nationale.
L’arrivée au pouvoir du Front national ne sera bénéfique pour la France que s’il est en mesure de rompre très rapidement ces entraves, sans doute en donnant très vite la parole au peuple par un ou plusieurs référendums.
BS