Le 10 décembre, dans les colonnes du quotidien Le Monde, le philosophe proche un temps de M. Mélenchon, Michel Onfray, n’a pas été convié à parler de ses spécialités médiatiques, à savoir dire tout le mal qu’il pense des monothéismes (enfin, surtout de l’islam et du christianisme) ou de la pensée magique freudienne. Non, le 10 décembre, le citoyen Onfray a pris la plume pour affirmer, a priori sans avoir lu directement l’article de ce blog consacré à l’échec des successeurs de Mandela, ou peut être pire, en extrayant sciemment une phrase de son contexte, que Bruno Gollnisch était un méchant d’extrême droite, le porteur d’un « discours raciste et racial ». Ce serait là le signe de la profonde coupure qui existerait au sein des soutiens de Marine entre les anciens et les modernes, même si tout ce beau monde communie peut être au final dans la même sombre duplicité avance-t-il.
Ainsi les électeurs du FN serait « dans le camp des petits-fils de Drumont, des amis du Maréchal, des défenseurs du régime de Vichy, des nostalgiques des fascismes européens, des poseurs de bombes de l’OAS ; un électeur du FN historique trouve son compte au discours raciste et racial des tenants de l’apartheid ». Mais « un électeur du Rassemblement Bleu Marine se réjouira d’imaginer le retour du général De Gaulle, fût-ce en jupe et talons aiguilles ».
« Que pense vraiment Marine Le Pen ? » s’interroge gravement Michel Onfray. « Attend-elle que le temps fasse sa besogne et la prive d’un père impérieux qui l’empêche d’exister sans lui ? Ou tient-elle le discours rusé et séducteur du serpent (on admirera la formule vétérotestamentaire !, NDLR) qui joue la carte gaulliste pour arriver au pouvoir, avant de tomber le masque une fois parvenue au sommet de l’Etat pour nommer Gollnisch premier ministre et confier les ministères aux amoureux transis des dictateurs ? ».
« Si Marine Le Pen ne se désolidarise pas clairement des propos de son père et de Bruno Gollnisch, ajoute-t-il, on pourra croire légitimement qu’elle taille la route pour eux et qu’elle avance masquée pour installer la vermine au pouvoir. »
Cette violence verbale, ce déferlement de poncifs, de fantasmes, de contre-vérités, ce manichéisme outrancier, laissent pantois chez un intellectuel qui se pique d’esprit critique. Une tribune de bas niveau (de caniveau ?), celui que Michel Onfray dénonçait pourtant dernièrement chez ses adversaires, lorsqu’il fut écarté par le ministre de la culture, Aurélie Filipetti, de la direction de l’exposition Albert Camus, prévue à Aix-en-Provence pour le centenaire de sa naissance.
Michel Onfray précisait alors dans Le Monde qu’il se retirait de « cette pétaudière où se mélangent de façon déraisonnable les ego surdimensionnés, la chiennerie de la politique politicienne, les pathologies mentales, les intrigues de réseaux, le copinage d’anciens combattants d’extrême gauche reconvertis dans l’opportunisme social-démocrate, la niaiserie d’une ministre confondant usage public des crédits et punition idéologique (…). En France, l’atmosphère intellectuelle est toujours à la guerre civile… ». A le lire aujourd’hui, M. Onfray semble pourtant en gouter les charmes et les méthodes peu ragoutantes…
Hier, toujours dans Le Monde, c’était au tour du député UMP des Yvelines, Henri Guaino, de se fendre d’une très longue tribune sur le Front National. Et accessoirement d’évoquer bien mal à propos Albert Camus. L’homme qui a abandonné ses idées gaullo-souverainistes pour le plat de lentilles sarkozyste et servir de plume à l’homme qui a réintégré la France dans le commandement intégré de l’Otan, nous en raconte de belles.
Il fait justice, c’est déjà cela, des soupçons de racisme, de fascisme, pesant sur un FN qui, avoue-t-il encore n’est pas non plus « d’extrême droite ». « On peut être en désaccord avec le FN sur l’immigration, l’insécurité, le protectionnisme, l’Europe, la laïcité, on peut détester le ton qu’il emploie, juger ses idées irréalistes, déraisonnables, démagogiques, populistes, poujadistes, mais pas illégitimes dans le débat démocratique. On peut détester sa récupération de la République ou du gaullisme. On ne peut pas lui contester le droit de tenter de récupérer ce que la gauche et la droite ont laissé depuis trop longtemps à l’abandon. »
Pour autant, M. Guaino évoque « le malaise indicible » qu’il « éprouve » vis-à-vis du FN, dont la cause réside dans le « sentiment » dont il ne peut se défaire, « qu’il y a dans sa conception du pouvoir quelque chose de monstrueusement inhumain et que le problème posé par le FN est dans ce que j’appellerais, au risque assumé de la polémique, son ADN ».
Et Henri Guaino d’assener qu’au FN, « la conception du pouvoir (…) récuse la dimension tragique et humaine : pas une once de considération pour les pauvres existences qui sont en jeu, pour les vies que l’on risque d’abîmer, pour les drames humains auxquels aucune conscience ne devrait rester indifférente, aucun sentiment, aucun doute (…) ».
« C’est un parti auquel sa culture, son histoire, sa vocation interdisent de reconnaître et de prendre en compte ce qu’il y a de tragique dans la vie comme dans la politique, c’est-à-dire de profondément humain (…). »
« Sans doute les dirigeants du FN ne se voient-ils pas comme des monstres froids, mais la conception du pouvoir qui est inscrite dans leurs gènes les pousse à regarder le doute et l’état d’âme comme des faiblesses. C’est le signe infaillible d’une absence de cœur, de générosité, d’humanité (…) ».
« Mais un pouvoir dénué de sentiment et qui n’éprouve aucune émotion ouvre à la politique une perspective bien plus terrifiante. Ce pouvoir-là est sans cesse prêt à glisser sur la pente fatale où la vie des gens, leurs peines, leurs souffrances, leurs joies n’ont plus aucune importance et peuvent être sacrifiées sans aucune hésitation à n’importe quelle fin ».
« Ce n’est qu’un risque certes, mais quel risque ! Quand on parle de cœur et de générosité aux dirigeants du FN, ils répondent toujours qu’ils réservent les leurs aux Français. Mais on n’est pas humain à moitié (…) ».
Là aussi, au regard de la politique de casse sociale menée par l’UMP entre 2002 et 2012, les propos de M. Guaino sont assez tragi-comiques constate Bruno Gollnisch. Car si ce député UMP veut parler d’inhumanité, d’absence de cœur et d’empathie, ses qualificatifs s’appliquent parfaitement à l’idéologie mondialiste et aux diktats bruxellois qui ont servi de mauvaise boussole aux politiques conduites par la droite sarkozyste cette dernière décennie.
Le creusement dramatique des inégalités, l’augmentation sans précédent du nombre de pauvres depuis 1945, la paupérisation accélérée des classes moyennes, ont d’ailleurs débuté bien avant la crise de 2008, sur laquelle l’UMPS a pris l’habitude commode de se défausser.
Alors oui, M. Guaino , le pire qui puisse arriver à un peuple est d’être dirigé par des politiciens aux mains trop molles et qui confient à d’autres les destinées de leur pays.
Alors oui, au FN nous entendons réserver en priorité notre générosité, la solidarité nationale à la France et aux Français d’abord. Oui, nous n’avons pas la prétention de pouvoir accueillir, éduquer, soigner, loger, nourrir toute la misère du monde et/ou de jouer au gendarme sur l’ensemble de la planète pour y défendre des intérêts qui bien souvent ne sont pas les nôtres. Que M. Guaino fasse mine de ne pas le comprendre est là aussi bien consternant.
Mais n’est-ce pas ce même Henri Guaino qui, en pleine crise délirante, déclarait fin novembre en débat face à Marine que si « Nicolas Sarkozy n’avait pas été là, il n’y aurait plus de démocratie en France, plus de démocratie en Europe et plus de démocratie dans le monde » ! La preuve, une fois élu à l’Elysée, M. Sarkozy a jeté à la poubelle le résultat du referendum de 2005 sur la constitution européenne pour l’imposer à nos compatriotes… Qu’ajouter de plus ?
GB dit
Le discours de GUAINO ressemble à s’y méprendre aux bréviaires de la rue Cadet; lorsque un maçon tente d’essuyer les plâtres des turpitudes ou des incohérences fraternelles, c’est toujours à coups de sentiments.
Ce type de discours permet de ne pas argumenter, et constitue un refuge commode; un paradoxe parmi d’autres pour ces contempteur de la religion mais adepte de l’ésotérisme; thuriféraires de la déesse raison, mais dont la seule lumière est secrète, cachée et …ténébreuse par définition.
RODRIGO DE BIVAR dit
ONFRAY déçoit. Mais je l’avais déjà entendu parler du christianisme dans des termes de bas niveau intellectuel.
Personnellement, en faisant le tour de tous, je ne me retrouve qu’en le discours du FN.
Tout n’est pas parfait, mais en attendant quel autre choix que de voter MARINE, pour quelqu’un qui a un peu de lucidité et qui aime son pays ?
GOLLNISCH toujours clair et limpide dans ses analyses. L’intérêt de HOLLANDE, au final, aura peut être été d’accélérer le pourrissement général. C’est comme cela qu’il peut rendre service à la FRANCE avant qu’il ne soit trop tard.
Bon courage.
Ghom73 dit
C’est vraiment consternant de confondre deux choses qui n’ont rien à voir: la niaiserie (ou cuculterie) et la générosité. Il faut avoir l’estomac solide pour pouvoir entendre de telles mièvreries. Cela provoque chez moi des nausées irraisonnées. Et pourtant pas une personne de mon entourage serait à même de contredire éventuellement que je suis plus que capable de générosité. Seulement la générosité ne consiste pas à exposer au monde entier une action désintéressée. Beurk.
Ghom73 dit
Oh et onfray me déçoit. Je le pensais plus libre d’esprit…
Modérateur dit
En effet , il ne suffit pas d’être violemment attaqué par BHL et consorts pour s’être attaqué à la pensée magique freudienne pour l’être…Cordialement, gollnisch.com
A.F dit
Je ne sais pas quel idiot a conseillé à Gua(i)no cette histoire de « dimension tragique du pouvoir » et autres balivernes. Mais bon, heureusement que « Sarkozy a sauvé la démocratie dans le monde entier » [sic]. Gua(i)no peut se reconvertir en humoriste. C’est le seul qui fasse encore rire à l’UMP.