La discipline est la force des armées, la désobéissance ou pire, l’insubordination, ne peut conduire qu’au désastre. Bruno Mégret en sait quelque chose lui qui a mené une fronde contre le FN en 1998 qui a failli briser les reins de l’opposition nationale et dont les effets délétères, calamiteux, se sont très longtemps fait sentir. Si la plupart de ceux qui l’avaient suivi ont réintégré le FN, l’ex président du Mouvement National Républicain (MNR) reste sur son Aventin dans l’indifférence quasi générale. Il a cependant repris la parole dans un entretien accordé à parismatch.com et publié hier. Contrairement à Alain Finkielkraut, M. Mégret ne va pas jusqu’à juger Marine Le Pen «infréquentable ». Il se réjoui même des bons résultats électoraux du Front, qui serait la résultante de « sa » théorisation d’une « stratégie de dédiabolisation ». Il juge cependant que «le FN actuel, c’est le discours ancien de Jean-Marie Le Pen réorienté à gauche sur le plan économique». «Sur la question de l’économie ou celle de l’Europe, le projet du FN manque de crédibilité» affirme-t-il encore. Homme tout aussi intelligent que l’est M. Mégret, Paul-Marie Coûteaux, à la tête jusqu’alors du Siel , petite structure affiliée au RBM, entendait lui aussi réorienter le FN. Mais lui aussi a failli à la plus élémentaire discipline a jugé Marine. La présidente du Front National vient de mettre fin à sa collaboration avec ce dernier dans un courrier daté du 7 avril, aujourd’hui commenté dans les médias.
Candidat RBM aux municipales dans le 6e arrondissement de Paris, Paul-Marie Coûteaux s’était prononcé sans en avoir le mandat dés le lendemain du premier tour, pour proposer une alliance à la militante antinationale NKM au nom de « l’union des droites » !
Au-delà des maladresses politiques, de communication et de langage, des états d’âme qui ont été aussi reprochés à M. Coûteaux ces derniers mois, un épisode a également été très mal vécu par de nombreux adhérents et sympathisants du FN. En l’espèce celui ou on le voit dans un documentaire de canal plus, diffusé en décembre, expliquer qu‘il ne veut surtout pas être filmé à proximité d’une permanence FN ou de militants frontistes. Et ce, afin de ne pas écorner son image de modéré…unificateur des droites ? Actuel président exécutif du Siel, Me Karim Ouchikh, à qui Marine a renouvelé sa confiance, devrait en prendre la tête avant l’été, M. Coûteaux n’étant pas candidat à sa propre succession.
D’orientations politiques, de discipline et de cohérence aussi, il est encore question dans le long article que le site Rue 89 consacre sous la plume de Nolwenn le Blevennnec aux « tensions » qui existeraient au sein du Front National de la Jeunesse (FNJ) présidé actuellement par Julien Rochedy. « Avant, au Front, on se disputait entre catholiques traditionalistes et païens, antisionistes et anti-Arabes (sic). Depuis que Marine Le Pen est à la tête du FN, il existe de nouvelles fractures. Le parti fait coexister une sensibilité souverainiste incarnée par Florian Philippot » « et une sensibilité identitaire » est-il écrit sans s’embarrasser de finesse.
« Chez les jeunes frontistes, les tensions pourraient se cristalliser autour de Gaëtan Dussausaye, favori à la présidence du FNJ, et souverainiste » croit savoir Rue 89 qui évoque aussi la nomination de David Masson-Weyl, étudiant en relations internationales, de même sensibilité, à la tête du collectif étudiant Marianne.
Bref, en l’occurrence d’un côté les « souverainistes » auto-baptisés NatRep (nationaux républicains), de sensibilité gaulliste ou gaullienne, pour lesquels le combat contre l’Europe de Bruxelles serait la priorité principale. Et de l’autre les « identitaires », qui a contrario considèrent que la submersion démographique des populations non européennes et les bouleversements socio-culturels qu’elle engendre sont un enjeu vital et principal.
Les termes du débat ont été l’objet d’une formule symbolique, forcément réductrice, utilisée par certains NatRep qui affirment que le problème du grand remplacement (en référence au livre éponyme de Renaud Camus) n’est pas celui de la population de souche française et européenne par les peuples venus du sud, mais la disparation du drapeau français au profit de celui de l’Europe.
Rappelons à nos sympathiques NatRep qui célèbrent la Geste d’un De Gaulle bataillant pour l’indépendance de la France face à Bruxelles et Washington, que celui-ci était aussi très attaché à l’identité physique du peuple français. A tel point que Jean-Marie Le Pen affirmait même il y a quelques années, analyse partagée par d’autres, que le largage de l’Algérie française pouvait aussi s’expliquer en partie par « le racisme » de De Gaulle vis-à-vis des populations arabes.
Ce n’est pas le lieu d’ouvrir ici le débat sur le bilan du gaullisme, mais au contraire de nous réjouir qu’au nom de ses aspects les plus recevables, des jeunes Français comprennent que le FN est l’outil le plus efficace pour défendre la France et les Français d’abord. D’ailleurs, le phénomène n’est pas si nouveau et le Front National a accueilli dans ses rangs dés le milieu des années 80 de nombreux gaullistes issus du RPR, mais plus proches de Barrès et de Marie-France Garaud, que de Chirac et Alain Juppé…
Certes le FN-FNJ n’est pas un parti de godillots, comme dans d’autres formations politiques, il est traversé par des sensibilités différentes. Il n’y pas lieu d’y voir forcément un risque de « fractures » comme l’affirme Rue 89 mais plutôt la coexistence d’idées qui enrichissent le débat interne, créent une saine émulation intellectuelle. Pour autant, doit exister chez tous les adhérents l’acceptation du plus grand dénominateur commun, des fondamentaux défendus dans notre programme et par Marine Le Pen.
Encore une fois, la cohérence, l’efficacité, la discipline commandent de ne pas être hémiplégique. La défense de notre souveraineté nationale face à Bruxelles est éminemment complémentaire de la défense de notre identité, dans toutes ses dimensions, dans toute l’acception du terme affirme Bruno Gollnisch. Ce refus de dissocier ces deux aspects est d’ailleurs consubstantiel au FN. C’est cela qui explique la diabolisation du Mouvement national par les différentes officines et chapelles du Système. C’est la raison de l’adhésion croissante de millions de nos compatriotes aux idées frontistes…notamment en premier lieu, c’est vrai, le refus de l’immigration-invasion et la défense des valeurs traditionnelles. C’est cette volonté de restauration nationale pleine et entière qui confère au FN sa dimension révolutionnaire, au sens noble du terme, et partant son pouvoir d’attraction sur une jeunesse française qui refuse l’ordre (mondialiste) établi.
A.F dit
C’est très bien d’avoir viré Couteaux, et son union des « droites » alzheimer.
S’allier avec NKM est juste de la démence force 12 sur l’échelle de la sénilité.
Bon débarras.
A croire que ces gens-là sont juste des taupes téléguidées pour nuire.
Ludovic Lefebvre dit
Je ne vois pas l’incompatibilité entre ces deux idéologies, je suis profondément attaché à la France et son vrai peuple donc identitaire, résolument contre l’Europe fédéraliste pour la même raison.
D’ailleurs céder le terrain sur l’immigration, c’est céder à l’U-E, et réciproquement, c’est une évidence.
Un souverainiste qui n’est pas identitaire est un couillon qui cède sa terre sans réciprocité, les peuples du Sud, eux, ne se mélangent pas sur leur terre.
Par les évènements à venir, le clivage ne pourra être qu’identitaire, cela se fera naturellement. Les gens intelligents ont toujours un temps d’avance.
Jean François Luc dit
Merci Monsieur Gollnisch pour ce magistral rappel aux fondamentaux de notre mouvement.
En espérant vous entendre davantage dans les difficiles années à venir.
La voix de la raison et de la fidélité à notre idéal.
Amitiés patriotes,
Jean François Luc.
Bernard dit
Intéressant.
Au vu de ces explications, moi (né en 1944) qui ai toujours été et reste gaulliste tout en ayant adhéré au Front national en janvier 2011, j’estime que les deux tendances dites ici « nat rep » et « identitaires » sont légitimes mais qu’il est maintenant totalement illusoire de croire qu’on pourra agir dans quelque domaine que ce soit sans s’être d’abord affranchi des chaînes bruxelloises.
C’est donc de recouvrer notre souveraineté qu’il s’agit en priorité.
Or cela, seul le Front national me paraît actuellement le vouloir clairement et être capable de le faire un jour.
Je ne relève pas l’explication du « largage » de l’Algérie par le « racisme » du général, mais je crois bien plutôt qu’il s’agissait (entre autres raisons) d’éviter la « submersion » de la France par la population algérienne et celle de nos colonies ou anciennes colonies… Ce qui ne serait pas très loin des préoccupations de Renaud Camus.
Encore un mot pour dire qu’il ne faut surtout pas gratifier les Chirac ou Juppé (ou autres plus jeunes) de la qualification de Gaulliste. On ne l’est certainement pas quand on a puissamment contribué à faire adopter le traité de Maastricht (sans parler de ceux qui ont suivi).
Bernard
Franck dit
Monsieur Gollnisch, il ne faut pas croire tout ce que Rue89 raconte…
Aucun « natrep » (terme qu’il faut prendre avec distance) ne nie que l’immigration est un sujet MAJEUR, essentiel.
La fausse opposition « anti-euro vs anti islam » est grotesque. 1) être contre l’immigration de masse ne veut pas dire attaquer une religion 2) ces deux orientations (anti euro et anti immigration), vagues, ne s’opposent pas 3) ces deux orientations ne peuvent pas résumer la complexité d’un projet
Et l’auteur de l’article, Nolwenn le Blevennec, est une anti-FN notoire qui ne s’embarrasse pas de subtilité, ou même de vérité…
Modérateur dit
N’ayez crainte Franck, nous savons trier le bon grain de l’ivraie, et la tonalité de notre article le démontre assez clairement! Merci de votre courriel, bien cordialement; gollnisch.com
Pascal dit
Bonsoir,
je trouve cela triste « l’affaire » Couteaux. Cet homme à de la valeur et il a présenté des gens formidables à MLP (Philippot,Martel,Ouchikh…). Bien sur, il est pour l’union des droites. Mais il s’agit là de l’éternel problème ; Doit-on discuter avec l’UMP ou une partie des ses membres, quitte à faire des compromis, ou doit-on rester seul contre tous et fier de l’être ? La seconde solution est la plus chevaleresque, la première solution serais peut-être la plus efficace… Evidement, le dilemme est cruelle, mais quoi qu’il en soit, il sera difficile au Front National de faire seul , plus de 50 % des voix…
De toute façon, il est dommage que quelqu’un de la valeur de Couteaux soit débarqué du navire; Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre.
AL dit
Même si j’ai longtemps cru, notamment dans les années 90, que l’union des droites était la bonne stratégie, je suis aujourd’hui persuadé que celle-ci serait une impasse. En effet, lorsqu’on regarde les résultats des dernières élections municipales, on ne peut que constater que le FN et la droite étaient arithmétiquement majoritaires dans les communes de Villeneuve-st-Georges et Lhôpital, ce qui ne les a pas empêchés de perdre au 2e tour… après que les listes aient été fusionnées. Le FN doit donc vivre comme une 3e force et ne plus chercher à s’allier avec l’UMP ou des divers droite. Le FN a prouvé, notamment à Hénin-Beaumont qu’il pouvait, à lui seul, faire plus de 50%. Bien sûr, le scrutin majoritaire conduit logiquement à une bipolarisation et non à une tripolarisation : cette bipolarisation sera restaurée dans quelques années, ou peut être avant, lorsque l’UMP et le PS qui sont de plus en plus proches rassembleront si peu d’électeurs qu’ils seront obligés de nouer une alliance systématique. Je pense qu’il y a aujourd’hui moins de différences entre le l’UMP et le PS qu’entre l’UMP et le FN.
C’est pourquoi, je pense que Marine Le Pen a tout a fait raison de se séparer de M. Coûteaux.