Une Manif pour tous explique encore Gaël Brustier qui a révélé l’existence d’une «jeunesse de droite encore plus conservatrice que la génération précédente: en un sens, les jeunes pops de 2007 ont été ringardisés par les ringards. L’UDI, comme l’UMP et le FN sont soumis à la même pression ». Pression toute relative concernant le FN nous l’avons dit, puisque la défense de notre modèle civilisationnel helléno-chrétien est un des piliers du programme frontiste. Marine Le Pen est notamment la seule à avoir toujours affirmé clairement qu’elle abrogera la loi Taubira si elle est élue, si l’opposition patriotique l’emporte en 2017.
M. Brustier voit comme un symbole le fait que « Les Veilleurs ont occupé des lieux emblématiques de Mai 68 comme la place de la Sorbonne sans qu’aucun service d’ordre des organisations de gauche ne les en déloge. C’est nouveau ! Face à une jeunesse conservatrice ultra présente, on cherche les jeunes progressistes. Cela va avoir une empreinte sur le pays : quand vous formez 40 000 jeunes de 20-25 ans qui ont en tête l’idéologie de Gaultier Bès (chef de file des Veilleurs, NDLR), vous allez forcément les retrouver vingt ans plus tard à des postes à responsabilité. Ce n’est pas rien».
Et l’essayiste, qui pronostiquait sur slate.fr en août dernier « le risque d’une marginalisation progressive de la gauche », de pointer encore l’incapacité présente de la gauche à ouvrir « un front culturel ». « On a une gauche européenne sociale qui préfère parler de politiques publiques (policies) plutôt que de politique (politics). Ce discours-là ne peut pas battre la Manif pour tous (…). Les conservateurs de la nouvelle génération proposent une vision du monde philosophiquement contre-révolutionnaire mais qui répond à ces aspirations-là, en rejetant le productivisme, le consumérisme, et l’économie inféodée à la finance. Ils trouvent écho dans la société ».
C’est dans ce contexte que certains à droite tendent la main aux forces de gauche. Nous évoquions il ya peu sur ce blogue la proposition du sénateur UMP du Nord, Jean-René Lecerf, qui se disait prêt à une alliance avec le PS « en cas de danger FN » aux prochaines élections régionales dans le Nord -la liste FN est créditée de 35 % des voix. Une proposition disait-il qui avait suscité l’intérêt du porte-parole de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin …
Hier, le site de L’est républicain revenait sur cette proposition de deal puisque Jean-Pierre Masseret, président PS du Conseil régional du Nord, ne « l’exclut pas ». « Il va falloir faire preuve de responsabilité et d’intelligence pour préparer la fusion de trois régions qu’il ne sera pas possible de construire en restant bloc contre bloc, plaide Jean-Pierre Masseret. L’alliance avec l’UMP ? Je suis partagé. Mais pas fermé. Je ne veux surtout pas m’enfermer dans une posture qui serait une imposture démocratique qui consisterait à porter préjudice aux gens, aux entreprises, au développement de la région (sic). Selon la situation, peut-être faudra-t-il construire un programme commun entre la gauche, le centre et le centre-droit, nous permettant de nous retrouver sur des convergences. Construire une coalition quand le contexte le nécessite, favoriser des rapprochements efficaces, c’est possible en Allemagne. Ce modèle doit pouvoir être dupliquable en France, non ? ».
Un autre soutien de Nicolas Sarkozy, lé député européen UMP Nadine Morano, a déclaré pour sa part qu’elle y était défavorable au motif que cette alliance au grand jour serait perçue comme « un aveu de faiblesse »…
Sur le site de Lyon capitale, le 17 novembre c’est Hervé Mariton, député de la Drôme, candidat à la présidence de l’UMP, qui se fendait d’un petit discours dégoulinant de moraline, qu’il pense susceptible de servir ses intérêts, sur les affreux du FN. Certes M. Mariton, qui relaye aujourd’hui assez largement les positions du FN sur le Mariage pour tous, n’a pas toujours eu le nez creux. Il fut ainsi un des rares parlementaires français à se dire favorable en 2003 à l’intervention militaire des Etats-Unis pour détruire le régime nationaliste laïc en Irak, dont on mesure aujourd’hui les conséquences géopolitiques catastrophiques, au delà même du sort des Chrétiens d’orient.
Surtout, M. Mariton ne se remet toujours pas de son péché originel. A savoir qu’il fut le vice-président du conseil régional Rhône-Alpes, élu sur les listes de l’UDF Charles Millon en 1998…grâce aux voix du FN. Rappelons-le, ce fut Bruno Gollnisch (dont la liste obtint 28% des voix), qui mit au point lors des régionales de 1998, avec l’accord de Jean-Marie Le Pen et du Bureau Politique du Front National, la stratégie visant à faire élire plusieurs présidents de région avec l’appui du FN. Stratégie qui fut (déjà) à deux doigts de faire imploser la « droite » en mettant ses dirigeants progressistes en porte-à-faux avec sa base électorale beaucoup plus patriote, droitière et conservatrice, et qui n’a achoppé alors que sur l’opposition de Chirac…
« Une alliance qu’Hervé Mariton, interrogé sur France Inter, estime désormais avoir été une erreur. C’était une erreur et ce serait une erreur de faire la même chose aujourd’hui, tranche-t-il, plutôt mal à l’aise. C’était un choix impossible et inutile. À l’époque, on avait pensé qu’on pourrait recevoir les voix sans rien devoir » (sic). On se pince pour le croire, car de deux choses l’une : ou bien M. Mariton prend les Français pour des imbéciles, ou bien il serait le seul à ignorer que la politique est encore et toujours une question de rapport de forces. Nous avons notre petite idée sur la réponse à apporter à cette question…
Pour justifier aujourd’hui de son refus de toute alliance avec le FN, Hervé Mariton fait encore plus fort dans sa tentative assez pathétique d’enfumage: «Nous, à l’UMP, nous voulons une politique d’immigration ferme, avec des critères objectifs, numériques, selon les pays de provenance. Une immigration choisie » ( choisie par qui ?! NDLR). « Sur ce sujet, le Front National pratique l’insulte à l’égard des personnes. Le Front National a une position méprisante à l’égard des individus. Moi, je suis capable d’avoir une vision très ferme de la politique migratoire que l’on doit avoir, et en même temps de respecter les hommes.»
Propos parfaitement scandaleux puisque jamais, ô grand jamais, le FN ne s’en est pris à la personne des immigrés mais toujours à la politique d’immigration-invasion dont les responsables sont les partis dits de gouvernement qui se succèdent au pouvoir depuis 1975. Au nombre desquels figurent les amis politiques de M. Mariton qui vient, comme d’autres, de découvrir opportunément les vertus d’une certaine fermeté en matière migratoire depuis que le FN est arrivé en tête aux élections européennes.
Les convictions réelles de M. Mariton sont donc sujettes à caution. Bruno Gollnisch le relevait en juin 2013, dés la loi Taubira votée, le député-maire UMP de la Drôme, s’était empressé d’annoncer son souhait de « marier un couple de femmes dans la commune dont il est le Maire. On peut se soumettre à regret à une loi, on n’est pas obligé de revendiquer de l’appliquer avec autant d’ardeur » relevait Bruno. Mais cette tournure de caractère là, est assez révélatrice du syndrome de Stockholm qui frappe souvent les élus de droite qui restent, soumis quoi qu’ils en disent, au magistère moral de la gauche.
Pour ne pas s’y plier il faut être animé par le courage, la volonté de faire triompher des convictions éthiques, philosophiques qui sous-tendent un programme politique. Mais la vision du monde de la droite aux affaires, du moins de ses principaux dirigeants, est elle si différente de celle du PS ? Comme l’expliquait dernièrement Bruno Gollnisch, c’est cette droite là qui depuis l’après-guerre, par «complaisance», «a abandonné les sphères intellectuelles et culturelles du pays aux socialo-communistes, laquelle a conduit aux évènements de mai 68. »
Les valeurs défendues par le FN sont, elles, largement incompatibles avec l’idéologie de la caste au pouvoir, laquelle connait actuellement et logiquement un large reflux également sur le front culturel évoqué plus haut par Gaël Brustier.
Une guerre culturelle dans laquelle les défenseurs des identités, des traditions, des souverainetés, des enracinements sont les ennemis à abattre. Or, comme l’écrivait feu Dominique Venner, « dés lors qu’ils sont désignés comme des ennemis, les plus pacifiques n’ont pas d’autres choix que de combattre ou de se soumettre. Suivant le mot de la philosophe Simone Weil, parodiant la parole évangélique, celui qui ne veut pas tirer l’épée, périra par l’épée ».
Et bien nous, nous n’entendons pas nous soumettre et rendre les armes. Ce combat politique pour la survie de la France Française, de notre civilisation, c’est indéniablement au Front National qu’il peut être mené avec le maximum d’efficacité et de chances de succès.