L’opposition à la modification de la Constitution émane plus largement de la vieille garde socialiste, d’ ex ministres emblématiques des années Mitterrand: Jack Lang, Paul Quilès, Pierre Joxe, mais aussi Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, des frondeurs, voire des députés PS non catalogués comme tels, à l’instar de Karine Berger.
«J’ai toujours été contre cette idée de déchéance de nationalité, dès lors que la discrimination entre les nationaux et les binationaux se fait. J’ai toujours été un partisan de la binationalité» affirmait Jack Lang sur Europe 1 dimanche. Mme Berger s’est dite pour sa part favorable –comme Valérie Pécresse– à «la déchéance pour tous les Français coupables d’actes terroristes », laquelle aurait pour effet de créer des apatrides, ce qui serait proprement aberrant. Karine Berger citait dans Le Point, à l’appui de son vœu, une phrase du discours d’investiture de François Mitterrand, le 21 mai 1981 : «Il ne peut y avoir d’ordre et de sécurité là où régnerait l’injustice, où gouvernerait l’intolérance. »
La mémoire du défunt président socialiste est aujourd’hui célébrée, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. François Hollande se rend ce vendredi sur sa tombe à Jarnac (Charente) pour se recueillir sur sa tombe, en compagnie de Pierre Bergé, Jean-Christophe Cambadélis, Bernard Cazeneuve, Harlem Désir Jack Lang, Anne Lauvergeon, Hubert Védrine. Un grand dîner est également prévu ce soir à Paris en présence des mêmes et d’autres figues de la mitterrandie comme Laure Adler, Robert Badinter Dominique Bertinotti, Jean-Louis Bianco, Myriam El Khomri, Pierre Favier, Elisabeth Guigou, Patrick Kanner, George Kiejman, Laurent Fabius, Louis Mermaz, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem…
Que faut-il retenir des années Mitterrand, du personnage lui-même ? L’ancien décoré de la francisque qui faisait fleurir chaque année la tombe du vainqueur de Verdun à l’île d’Yeu ? L’homme de grande culture, d’une très grande intelligence, fin connaisseur de l’histoire de France, l’amoureux de la littérature qui lisait Morand, Drieu, et Chardonne ? L’homme du refus des simplismes historiques, notamment sur la douloureuse période de Vichy ? Le président qui, au contraire d’un Chirac qui a tout lâché, disait au crépuscule de sa vie à Jean-Pierre Elkabbach son rejet de la repentance (« dans cent encore » ?), son refus de «l’entretien de la haine», d’une inculture fondée sur une mémoire faussée à dessein (« Vous ne savez pas de quoi vous parlez, jeune homme », disait François Mitterrand à Georges-Marc Benamou) ?
Celui qui confessait au même («Le dernier Mitterrand» , 1997), la «guerre à mort» livrée par Washington à la France ? L’homme qui vaille que vaille, tenta et réussi parfois à faire entendre sur la scène internationale la voix d’une France indépendante ? Ou le président qui contribua à donner son blanc-seing au déchainement du chaos au Proche-Orient en engageant la France dans la première guerre d’agression contre le régime laïque irakien ?
Plus concrètement, pour la très grande majorité de nos compatriotes qui vécurent les deux septennats mitterrandiens, ceux-ci restent attachés au tournant de la rigueur; aux promesses trahies; à la montée inextinguible du chômage ; à la désindustrialisation du pays ; aux naturalisations et à l’immigration massives ; au rabaissement de facto du rang de la France par sa dilution dans l’Europe du catastrophique traité de Maastricht, qu’il fit adopter d’un cheveu lors du référendum de 1992, jouant sur la corde sensible des Français en révélant sa maladie.
Une Europe dont cet homme qui connu les drames de la terrible guerre civile européenne de 1939-1945, souhaita aussi l’assomption pour des raisons qui pouvaient alors être entendues, notamment celui de la consolidation de la paix et de l’entente franco-allemande.
L’ère Mitterrand fut aussi celle du cynisme le plus éhonté, qui acheva de démonétiser la parole politique, de la duplicité, d’une famille secrète entretenue aux frais des contribuables, des écoutes illégales, des scandales financiers à répétition de ses amis socialistes, de la mise en orbite d’un Bernard Tapie, éphémère ministre de la Ville…
Les 14 années du mitterrandisme marquèrent l’activation à grand échelle de l’idéologie culpabilisatrice dite antiraciste. En témoigne bien sûr la création de l’imposture SOS racisme avec les réseaux trotskystes des Dray, Ghebali et Désir à la manœuvre, le milliardaire rose Pierre Bergé dans le rôle du banquier, le soutien du tout-Paris médiatique, publicitaire et pipole comme formidable caisse de résonance.
Il s’agit ici de dissiper la légende tenace du coup de pouce de Mitterrand au FN, même si ce madré politicien a pu y voir un moyen d’affaiblir le camp de la « droite » chiraquienne. Bruno Gollnisch le rappelait sur Radio Courtoisie dimanche, François Mitterrand fut un adversaire résolu de l’opposition nationale qu’il ne ménagea pas, ne s’opposant pas à l’emploi des méthodes les plus ignobles comme l’illustra l’odieuse affaire de Carpentras . Ce qui ne l’empêchait pas, en privé, de reconnaître l’épaisseur, les éminentes qualités et le grand talent de Jean-Marie Le Pen…
A dire vrai, un même fil relie depuis quatre décennies les présidents qui se sont succédés à l’Elysée, c’est celui, du déclin du recul, de la paupérisation, de l’abaissement de notre nation.
Ce que résumait Jean-Jacques Fifre sur boulevard voltaire le 29 novembre dernier : « De Giscard on retiendra la loi sur l’IVG, les premiers déficits budgétaire, l’apparition du chômage de masse et l’émergence de l’immigration mais aussi de l’insécurité. De Mitterrand on retiendra la suppression de la peine de mort, la pagaille économique, le développement continu de l’immigration mais aussi celui de l’insécurité. De Chirac on retiendra la suppression du service militaire, l’explosion des déficits, la poursuite de l’immigration et l’insécurité totale. De Sarkozy nous ne retiendrons rien sinon l’accélération de tous les déséquilibres, une immigration toujours plus forte et une insécurité persistante.»
« De vous, Monsieur Hollande, concluait-il, nous retiendrons la loi sur le mariage pour tous, les déficits et le chômage devenus endémiques, la sacralisation de l’immigration et le paroxysme de l’insécurité. » En ce sens, oui, l’actuel président socialiste est bien fondé à se prévaloir de l’héritage de François Mitterrand, et certes, il n’est pas le seul.