Le 8 janvier, le site atlantico rappelait qu’ « au mois de décembre dernier, Martin Schulz, chef de file des socialistes allemand, appelait les Etats membres de l’UE à former les Etats-Unis d’Europe en adoptant une constitution commune d’ici 2025. Les pays hostiles à cette idée seraient ainsi automatiquement exclus de l’UE. Selon un sondage réalisé par Yougov Allemagne, cette idée ne recueillerait que peu de soutiens parmi les populations de 7 pays européens (Allemagne 30%, France 28%, Royaume-Uni 10%, Danemark 12%, Suède 13%, Finlande 13%, Norvège 12%).» Invité à réagir à cette enquête, Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble, spécialiste de la vie politique européenne, constate l’évidence quand il note que « les chiffres de ce sondage ne sont pas très encourageants pour l’idée d’une fédération européenne (…). La base de départ d’une conversion fédéraliste de l’opinion européenne semble donc à ce stade très limitée. Et ce n’est là que la vision de l’opinion publique à travers les sondages : si l’on observait l’évolution des forces politiques dans chacun de ces pays, la perspective serait encore plus sombre. Rappelons qu’en Allemagne, les dernières élections ont vu la percée de l’AfD, qui correspond à une poussée radicalement anti-fédéraliste et xénophobe dans l’opinion. De même, en France, les candidats des partis réticents à l’intégration européenne ont recueilli un peu moins de la moitié des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle du printemps 2017. »
Quel avenir, quelles évolutions possibles et souhaitables pour l‘Union européenne bruxelloise? Christophe Bouillaud, européiste convaincu, affirme que «la perte de légitimité de l’Union européenne va obliger à bouger. » « Globalement, chacun souhaite rester maître chez soi , et il n’existe pas de grande volonté fédéraliste dans l’opinion. Par contre, l’existence de la zone Euro, mais aussi l’existence d’un grand marché (…) rendent la fédéralisation souhaitable pour améliorer le sort de tous. Du coup, la question devient celle de la capacité des Européens à supporter encore longtemps cette situation sous-optimale qu’ils ont eux-mêmes créée à partir des traités de l’Acte Unique et de Maastricht. Il faudra bien sortir à un moment donné de ce milieu du gué où nous nous sommes mis depuis un quart de siècle, car cette situation fait désormais de manière bien trop évidente des gagnants et des perdants sans plus aucune légitimité à ces gains et à ces pertes (…). Pourquoi accepter aussi en matière industrielle ces délocalisations qui reviennent simplement, sans aucune imagination, à déshabiller Pierre à l’ouest pour habiller Paul à l’est ? Rien dans les deux cas, et tout cela ne pourra pas durer éternellement. »
Cela n’est pas nouveau, certains appellent donc à la fuite en avant pour justifier une dissolution encore plus poussée des souverainetés nationales, gage selon eux d’une Europe de Bruxelles qui tiendrait enfin ses promesses de prospérité et de puissance. Nous retrouvons là le discours qui était celui des défenseurs de feu l’Union soviétique qui nous expliquait que si le communisme ne fonctionnait pas c’est qu’il était encore trop timide et pas assez appliqué dans toute sa rigueur. Une vision de l’Europe qui reste bien un clivage déterminant au sein de partis politiques en pleine recomposition et qui structurera potentiellement demain de nouveaux rapprochements, de nouvelles alliances. Mais aussi qui réactivera de nouveaux anathèmes et autres fatwas lancés par le lobby euromondialiste contre l’opposition patriotique, les tenants d’une Europe des coopérations entre nations libres.
L’ex ministre Dominique Bussereau, président LR du département de Charente-Maritime, qui avait appelé à voter PS pour faire barrage au Front National – «le FN, c’est tout ce que j’exècre dans la vie politique » affirme-t-il- a accordé un entretien au JDD qui a été publié hier. Il annonce qu’il ne reprendra pas sa carte d’adhérent d’un parti désormais présidé par Laurent Wauquiez et fustige la frilosité de LR sur la question européenne qui découlerait d’une droitisation et frontisation des esprits qu’il juge intolérable. « Je continuerai à travailler, avec Valérie Pécresse et Libres !, avec Christian Estrosi et la France audacieuse » dit-il mais « après le séisme de 2017 , les partis continuent à faire comme si rien ne s’était passé. Je ne veux pas continuer à jouer la même partition dans l’orchestre du Titanic alors que le naufrage a déjà eu lieu. (…) S’agissant de ma famille politique, nous avions avec Alain Juppé défini nos lignes rouges : aucune porosité avec le Front National, une distanciation avec Sens commun et les idéologies ultraconservatrices, et l’attachement profond, militant, à la construction européenne. Aujourd’hui, je ne peux que constater que les propos tenus par certains porte-parole des Républicains pourraient être ceux du FN (…). L’UMP, c’était la CDU allemande : un mouvement rassemblant les différentes sensibilités de la droite et du centre. Les Républicains sont devenus la CSU, sa branche conservatrice et droitière (…). Et je ne vois plus d’amour de l’Europe. En revanche, j’entends chez certains, comme Guillaume Peltier, des appels au nationalisme et à se refermer sur nous-mêmes (…) il n’y a plus de volonté d’être ardemment européen.»
Pour autant, ce positionnement de la nouvelle direction de LR que dénonce M. Bussereau, celui de coller avec les attentes de la très grande majorité de l’électorat de droite, et plus largement des catégories populaires et des classes moyennes, est-il marqué du sceau de la sincérité? Ou relève-t-il de la simple tactique pour couvrir un spectre politique le plus large possible, ne pas laisser d’espace à l’opposition nationale? Bruno Gollnisch, à l’instar de Marine, mais aussi de nombreux Français, à commencer par ceux qui ont été copieusement cocufiés par la droite (néo) sarkozyste, accueille avec une très grande circonspection les annonces tonitruantes de M. Wauquiez et de ses relais, jamais suivies d’effets quand la droite fut au pouvoir
Sur le site des inrocks, le politologue Gaël Brustier constate en tout cas que « la ligne Juppé » défendue par M. Bussereau et d’autres au sein de LR, consiste à « s’aligner sur le centre-droit, libéral et européen. Ce qui représente peu en France en terme d’électorat. Suffisamment pour gêner, mais insuffisant pour construire. Au fond, le juppéisme c’est fait. Ils ont eu Philippe comme Premier ministre. Ils ne peuvent plus aller plus loin. »
Or, « désormais, le problème de LR n’est pas seulement par rapport au FN (…) mais aussi par rapport à Emmanuel Macron. Ce dernier n’est pas qu’un centriste libéral au sens classique depuis Maastricht, mais aussi un contestataire possible sur l’euro et la politique économique en Europe. C’est tout à fait nouveau et cela pose davantage de problèmes à LR qu’au FN. Puisque, avec le départ de Florian Philippot, le FN a abandonné sa ligne économique sur la sortie de l’euro qui effrayait certes les milieux économiques mais aussi les milieux populaires » pour « se concentrer sur l’identitaire, l’immigration (…). De fait, cela favorise des convergences possibles avec LR. Notamment à la base où il y a une pression des élus locaux pour des alliances. »
« Parallèlement ajoute-t-il, Laurent Wauquiez a fait le constat qu’il y a un énorme électorat qui s’est droitisé. Il faut donc miser sur l’efficacité pour gouverner. Personne ne nie que LR ait les moyens de gouverner. La structure est solide. Mais il y a un doute sur l’aptitude du FN à gouverner – un doute qui est réel, il serait stupide de le nier, mais que l’opposition nationale s’emploiera à lever, c’est aussi un des objectifs principaux de la Refondation! NDLR. Dès lors, on envoie des clins d’œil à l’électorat frontiste pour le ramener à LR (…) Mais entre FN et LR, la ligne eurocritique se rapproche beaucoup. Et ils vont continuer à se rapprocher sous l’impulsion de Wauquiez. Il y a un bloc de droite en France. Avec la porosité croissante, il faut voir où cela va mener. » La réponse à cette question ne tardera pas.
gracchus dit
J’aime l’Europe.
Je vis près de la moitié de l’année en Allemagne. Ma compagne est allemande. J’aime passer les frontières sans presque m’en apercevoir. J’aime ne pas devoir changer de monnaie d’un pays à l’autre. Et même en Hongrie où j’étais récemment (pays qui a conservé sa propre monnaie et sa banque centrale, gage d’une certaine liberté), on peut payer en euros dans les hôtels, les restaurants ou chez le dentiste. Donc, je suis de ces adhérents au FN qui aiment l’Europe.
MAIS JE N’AI AUCUNE ENVIE D’UNE EUROPE FEDERALE.
Qu’est-ce que ça voudrait dire, une fédération formée de pays qui parlent des langues différentes, où l’on serait gouverné par des gens nommés on ne sait par qui et comment, et qui vivent hors sol, et ne communiquent que dans une espèce de sabir vaguement anglais, le « globish », dont la pauvreté lexicale induit une pauvreté de la pensée ? Où les règles et lois devraient être les mêmes de Vilnius à Lisbonne, de Stockholm à Rome, de Paris à La Valette ? Mais où les « migrants », évidemment, se promèneraient encore plus à l’aise (ce qui n’est pas le cas en Hongrie, et ils ont bien raison).
L’Europe fédérale ? Ce serait la mort des peuples, de la diversité des cultures. En définitive, ce ne serait rien d’autre qu’une ANTI EUROPE,