Nous avons souvent cité ici la formule heureuse de l’homme politique israélien Shimon Peres: « les sondages c’est comme le parfum, il faut les humer mais ne pas les boire ».Bref, la photographie, plus ou moins floue qu’une enquête d’opinion donne à un instant donné, doit être analysée avec le recul nécessaire. Selon celle réalisée par l’institut BVA et publiée cette semaine, il se trouverait encore 30% des Français, toutes tendances politiques confondues, pour estimer que François Fillon -fort du prestige lié à ses fonctions d’ex Premier ministre ? -est actuellement le meilleur opposant à François Hollande. Il devancerait ainsi de 11 points Jean-François Copé, de 13 points Jean-Luc Mélenchon, de 15 points Marine le Pen.
Un constat que ne partage pas forcément l’hebdomadaire conservateur Valeurs Actuelles (et ses lecteurs) qui titre dans son dernier numéro de ce jeudi -« Sarkozy reviens !Ils sont devenus fous… »- sur les raisons de l’échec de l’UMP. Implosion en cours illustrée par la série d’ultimatums que se sont lancés les deux clans hier, celui de Copé refusant d’organiser un référendum sur un nouveau vote, celui de Fillon persistant dans la volonté de créer un groupe parlementaire dissident.
Rappelons que dans un entretien accordé à France Soir le 23 avril dernier, Bruno Gollnisch prédisait un éclatement de l’UMP en cas d’échec de Nicolas Sarkozy à la présidentielle -/2012/04/23/bruno-gollnisch-si-sarkozy-est-battu-lump-ne-survivra-pas/.
Dans ce chaos, les commentateurs sont nombreux à prédire que les principaux bénéficiaires de cette crise seront le Front National et le nouveau parti centriste de Jean-Louis Borloo, l’UDI. Les adhésions au FN ont en effet significativement progressé ces derniers jours. Elles émanent non pas tant d’(ex) adhérents de l’UMP –les désillusions, la colère suscitées par cette guerre interne doivent être d’abord « digérées » par ces derniers – que de Français de « droite » non encartés, écœurés par ce lamentable spectacle et qui comprennent que désormais l’alternative au socialo-mondialisme se trouve au Front National.
Selon un sondage de l’institut CSA pour BFMTV publié aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes auraient intégré cette montée en puissance de la crédibilité de l’opposition nationale. Interrogés pour savoir « à qui profite le plus la crise que traverse aujourd’hui l’UMP », 38% des sondés ont mentionné le FN, très loin devant l’UDI (20%) et le PS (17%). 25% des personnes interrogées sont sans opinion.
Ce qui n’est pas étonnant puisque étude après étude, les commentateurs pointent la porosité grandissante des électeurs, des sympathisants de l’UMP avec de nombreuses idées défendues par le Front National.
L’étude menée par l‘Ifop du 6 au 8 novembre et publiée dans le JDD le démontrait amplement : « sur l’assistanat, les chômeurs, l’immigration ou l’islam, la convergence (entre électeurs FN et UMP, NDLR) est presque totale.» Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop expliquait dans les colonnes de ce journal qu’ «Entre les sympathisants UMP et ceux du FN, il n’y a plus grand-chose.»
Significativement, toujours selon ce sondage, si 84% des sympathisants UMP et 97% des sympathisants FN pensent qu’il y a «trop d’immigrés en France», 50% des sympathisants de droite souhaitent que l’UMP et le Front National passent des accords électoraux pour les élections locales (municipales, cantonales, régionales…).
Lundi dernier sur « Le Plus », un blog hébergé par le Nouvel Obs, le contributeur « sympathisant d’extrême gauche » Philippe Sage expliquait sans grande originalité que le « duel Copé – Fillon » ouvrait « un boulevard pour le Front National de Marine Le Pen. »
Dans sa chronique, M. Sage rappelle ce que disait déjà il y a deux ans le directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) , Dominique Reynié.
« Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde en date du 3 août 2010, (M. Reynié) écrivait que la droite était menacée d’un séisme en 2012. « Soit une implosion de l’UMP, avec la renaissance d’un parti centriste plus fort qu’aujourd’hui, récupérant une partie des forces passées à l’UMP en 2002 (ce que nous observons avec, donc, l’UDI de Jean-Louis Borloo) et comme de bien entendu, un grand vainqueur, voire même le seul, j’ai nommé : le Front National. »
« il prédisait, qu’une nouvelle poussée de l’extrême-droite scellerait ainsi le sort de l’UMP dans le cadre d’une recomposition ne lui permettant plus de concevoir son avenir autrement que comme une force parmi d’autres dans une coalition à laquelle le FN finirait par prendre une part active. »
Même angoisse d’un « Alain Juppé, dimanche matin, sur Europe 1 :Si nous n’arrivons pas à rétablir la paix, la sérénité au sein du mouvement, nous risquons d’aller vers l’éclatement de l’UMP et qu’est-ce que ça veut dire ? Aux prochaines élections municipales, le parti qui arrivera en tête, c’est le Front National. »
« Le drame dans cette histoire poursuit cet article, c’est que ni l’UMP, ni le PS, n’auront su trouver le bon positionnement (…) pour enrayer cette poussée de l’extrême-droite. Au passage, ce n’est pas spécifiquement français, puisqu’on observe le même phénomène, soit une montée du national-populisme dans toute l’Europe. Et si cette montée est possible, c’est parce que nos principaux responsables politiques manquent de courage, de volonté, de force, et oublient l’essentiel : faire preuve de pédagogie. »
Au risque de décevoir ce « Philippe Sage sympathisant d’extrême gauche » qui aimerait tant que les socialo-libéraux fassent preuve de pédagogie pour ramener le troupeau dans le bercail euro mondialiste (l’extrême gauche n’est plus ce qu’elle était !), il se trompe lourdement.
C’est justement , note Bruno Gollnisch, cette pédagogie-propagande cosmopolite, antinationale, faisant fi de la volonté des peuples et assenée depuis des décennies qui est rejetée de plus en plus en France comme dans le reste de l’Europe. Ce Système à bout de souffle a été rattrapé par le principe de réalité et il en meurt. Les Français, les Européens exigent la vérité. Nous continuerons à la clamer.
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