« Qu’est-ce qui se passe au Front National ? » Tel était l’intitulé et le thème hier de l’émission d’Yves Calvi « C dans l’air » sur France 5, qui avait fait appel pour en débattre aux spécialistes de la question, habitués des plateaux de télévision : les politologues Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS, Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, Brice Teinturier directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos…. Outre un portrait détaillé du « nouveau FN » incarné par le vice-président en charge de la stratégie Florian Philippot, les commentateurs ont délivré un discours assez convenu, parfois outrancier, simpliste et tendancieux, en décalage avec la réalité, sur ce qu’était pour eux le Mouvement national et son devenir. Mais les téléspectateurs ont pu aussi y entendre quelques analyses assez justes sur l’audience accrue du FN au sein du peuple français. Et notamment auprès des catégories les plus sévèrement touchées par les conséquences de la mondialisation sans frein. Avec comme effet une « dédiabolisation » du FN sous le double effet du talent de Marine et d’une crise qui valide singulièrement et dramatiquement les avertissements et les propositions formulés par le Front National depuis plus de vingt ans. Reste que les débatteurs ont tenu à rassurer ( ?) leurs auditeurs en expliquant au final que les efforts frontistes se heurtaient à un « plafond de verre » électoral qui, conjugué avec un mode de scrutin majoritaire incapacitant, condamnait le Mouvement national, faute d’alliance « à droite », à rester cantonné dans l’opposition. A moins que la crise ne devienne torrentielle, emporte tout sur son passage. Et rebatte totalement les cartes. On le sait, « en politique le désespoir est une sottise absolue »…
Bien sûr actualité oblige, la question du mariage et de l’adoption par les couples homosexuels a été évoquée…alors même que son refus est unanime au FN, la différence d’analyse portant sur l’opportunité de participer ou non à la manifestation du 13 janvier, là ou l’UMP et même le PS sont réellement divisés. Et sondage à l’appui, il a cependant était expliqué que les sympathisants du FN seraient défavorables, dans des proportions bien moindres que chez les sympathisants de l’UMP, au mariage pour tous. L’explication serait à rechercher dans les différences sociologiques entre les deux électorats, les catégories populaires étant plus « déchristianisés » que les soutiens de la droitre classique.
Ainsi, selon un sondage IFOP pour Le Pèlerin publié mardi, les sympathisants de gauche sont 79 % à dire OUI au mariage homosexuel, ceux du FN 54%, et ceux de l’UMP 33%. L’ensemble des Français continuerait d’approuver la mesure à 60 %. Dans cette enquête, les plus de 65 ans sont les seuls à s’opposer majoritairement au mariage homosexuel, les autres catégories d’âge se prononçant majoritairement pour, jusqu’à atteindre un taux favorable de 75 % chez les 18-24 ans. Autre indication, 59 % des catholiques pratiquants le refusent, tout comme la grande majorité des sondés réunis sous la rubrique autre religion, principalement des musulmans, deuxième religion de France , mais 56% des non-pratiquants catholiques l’approuvent. Les ouvriers, catégorie dans laquelle le vote Marine et FN arrive en tête, seraient majoritairement pour le mariage pour tous.
Un sondage qui apparaît globalement en contradiction avec celui paru dans Valeurs actuelles-voir notre article en date du 7 janvier- où, toutes générations confondues, la volonté d’un referendum sur ce mariage là était très forte (69%). Un souhait d’une consultation référendaire dont on peut raisonnablement supposer qu’il ne vise pas majoritairement à dire OUI à un projet de loi pour lequel, tout le monde le sait, la gauche dans son ensemble ou presque, et un nombre important de députés UMP voteront favorablement le 29 janvier.
Soulignons encore avec Bruno Gollnisch que la question posée par l’IFOP comme par d’autres instituts de sondage apparaît par nature biaisée car elle opère une distinction artificielle entre l’approbation du mariage et celui de l’adoption par les couples homos. Or, si le projet de loi est adopté, celui-ci induira automatiquement cette possibilité d’adoption. A cette aune Bruno Gollnisch l’a rappelé lundi soir sur I-télé, non seulement quasiment l’unanimité des militants frontistes, mais plus encore, la grande majorité des électeurs FN, et des Français, quelles que soient leurs idées politiques ou leurs opinions religieuses, refusent ce projet de loi. Cet aspect est laissé (volontairement) dans l’ombre.
Ainsi, selon ce même sondage IFOP, l’ensemble des Français reste opposé (à 54 %) au droit d’adoption par des couples homosexuels. Seuls les sympathisants de gauche y sont favorables (62 %), contre 38 % pour ceux du FN et 22 % pour ceux de l’UMP.
Certains jugeront le pourcentage de sympathisants du Mouvement national favorable au mariage pour tous étrangement élevé, eu égard à ses conséquences et aux valeurs défendues de longue date par le FN. Mais nous l’avons vu cette question est l’objet d’un double enfumage. Il convient donc de pointer l’instrumentalisation de cette question par un gouvernement incapable de résoudre la crise économique, sociale et identitaire que nous subissons alors que rien ne justifie de satisfaire les besoins ultra minoritaires du lobby LGBT. Et il appartient aussi au FN de faire preuve de pédagogie, d’expliquer les implications de cette « avancée sociétale », comme il l’a fait avec succès sur d’autres sujets pour amener un nombre croissant de Français à approuver nos positions.
Dans cette optique, Bruno Gollnisch juge important que le FN, dépassant la simple opposition de principe au mariage et à l’adoption pour les couples homos, participe à la manifestation du 13 janvier, comme cela a été officiellement actée par une motion du Bureau Politique lundi : « Le Front National appelle ceux qui, élus, cadres, militants ou sympathisants, veulent exprimer leur opposition à ce projet de loi en participant à la manifestation pour tous organisée le 13 janvier à retrouver sa délégation Porte Maillot, en bas de l’avenue de la Grande Armée, à 12h30. »
Bruno Gollnisch s’est félicité de ce que Marine soutienne «les élus militants, sympathisants du Front National qui entendent se joindre à cette manifestation». D’ailleurs, si Jean-Marie Le Pen, retenu de longue date par une invitation qui lui a été faite par la fédération FN à Nantes a annoncé qu’il (« participera) mentalement » à celle-ci, outre Bruno, les députés Marion Maréchal-Le Pen, Gilbert Collard, les vice-présidents Marie-Christine Arnautu et Louis Aliot, le secrétaire général Steeve Briois, 80% des membres du Bureau politique, de nombreux élus, cadres, militants, sympathisants et bien sûr électeurs frontistes y seront présents.
L’avalanche de commentaires suscitée par cette motion du BP du FN et les interprétations spécieuses sur la non-participation de Marine ou de Florian Philippot à la manifestation du 13 janvier, n’ont pas manqué. D’aucuns ont évoqué –théme repris hier soit dans l’émission de M. Calvi- une fracture entre « les anciens » et les « modernes », les néo-frontistes enclins « à l’intégration des évolutions sociales» et les archéo-frontistes, les traditionnalistes au sens large et pour faire court. La grille de lecture médiatique est toujours un peu la même, par paresse intellectuelle, conformisme ou propagande assumée: si des catholiques sont membres du Front National, ils sont considérés comme les « durs » du mouvement. Et s’ils n’en sont pas membres d’ailleurs, c’est qu’ils sont encore « plus durs » ou alors tellement bourgeois qu’ils méprisent le peuple. De toute façon, ils ont tort!
Au premier rang desquels bien sûr, les de catholiques pratiquants. Ainsi sur les 6 à 7 millions de Français catalogués comme « pratiquants réguliers ou occasionnels » le sondage réalisé par Harris-Viadeo pour l’hebdomadaire La Vie le 22 avril indiquait que les jeunes catholiques « avec leurs exigences éthiques fortes, leurs réflexes identitaires plus marqués et leur plus grande radicalité » , avaient certes voté à 37 % pour Nicolas Sarkozy mais placé Marine Le Pen en deuxième position à 27 % . »
Une enquête Ifop pour l’Association pour la fondation de service politique (AFSP) et Famille chrétienne indiquait qu’une révolution silencieuse est en train de s’accomplir. François de Lacoste Lareymondie, vice-président de l’AFSP, notait que «le resurgissement des questions de société comme le mariage homosexuel ou l’euthanasie a contribué à la mobilisation des catholiques et à leur choix » et (entrevoyait) là une possible « mutation » du vote catholique traditionnel »…
Jérôme Fourquet, de l’Ifop, soulignait La Croix en novembre dernier, notait aussi que 65 % des cathos pratiquants, soit deux tiers d’entre eux, estiment que l’Église doit intervenir en politique. « Sans doute conscients de ne constituer désormais plus qu’une minorité dans la société, ils éprouvent le besoin de se faire entendre, y compris au plan politique. »
Enfin, Bruno Gollnisch rappelle aussi qu’une partie de l’UMP a beau condamner le mariage homosexuel, cette atteinte gravissime à « un des fondements moraux de notre civilisation », la droite libérale a puissamment contribué, plus largement, aux attaques menées contre les familles françaises avec la division par trois des allocations familiales en valeur absolue depuis 1950. C’est sous la présidence Sarkozy et avec le soutien de MM. Fillon et Copé qu’ont été supprimées en 2008 les majorations CAF à 11 et 16 ans, qu’a été mise en place une éco-taxe ou malus écologique pour les familles, supprimé l’avantage fiscal pour les nouveaux mariés, programmée la fin de la retraite à taux plein à 65 ans pour les femmes ayant élevé trois enfants.
C’est des rangs de cette même droite UMP qu’ont été entendues de multiples déclarations en faveur du mariage gay..auquel M Copé était favorable il y a encore quelques mois ! C’est le gouvernement Fillon qui a financé le lobby homosexualiste et notamment Act Up, accrédité SOS homophobie dans les écoles, reconnu les mariages homosexuels contractés à l’étranger, ou encore qui s’est soumis à la clause européenne la plus favorisée, alignant le droit français sur le droit des Etats membres de l’Union Européenne les plus progressistes dans chaque domaine du droit de la famille…
Autant de raisons de défiler nombreux, aux côtés de la délégation FN dimanche prochain !
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