L’hebdomadaire L’Express s’est arrêté très longuement fin février sur ce qu’il est convenu d’appeler l’Affaire Tapie (la dernière en date). Rappelons là brièvement. En 2007, alors qu’il avait appelé à voter Sarkozy quelques mois auparavant (il récidivera en descendant François Hollande en 2011 dans Le Point), l’Etat UMP, via le Trésor public, permettait à M. Tapie d’empocher 210 millions d’euros dans le cadre du règlement de l’affaire Adidas. Soit les 165 millions d’euros, après impôt, versés à la société GBT dont il est actionnaire à plus de 90% et 45 millions d’euros au titre du « préjudice moral » -un record en France- une somme non imposable. En 2011 ce « règlement » à l’amiable refait surface lorsque la Cour des comptes décida de transmettre à la Cour de discipline budgétaire et financière – chargé de sanctionner les fautes lourdes commis par les agents de l’Etat dans la gestion des finances publiques – un rapport mettant en cause Jean-François Rocchi, président du Consortium de réalisation (CDR). C’est ce CDR qui est en effet chargé de liquider le passif du Crédit Lyonnais. M. Rocchi, aurait notamment « convaincu le conseil d’administration du CDR, d’abandonner les procédures judiciaires opposant l’ancien Crédit Lyonnais et Bernard Tapie sur la vente d’Adidas, pour recourir à un tribunal arbitral privé », affirmait alors le Nouvel Obs. C’est ce tribunal qui aurait accordé à l’homme d’affaires ses indemnités faramineuses. Toujours selon le Nouvel Obs, Jean-François Rocchi aurait menacé de démissionner et même modifié des procès-verbaux de séance du conseil d’administration pour que le « pauvre » Bernard empoche le pactole. Christine Lagarde est alors elle aussi mise en cause. Elle aurait donné l’ordre à Jean-François Rocchi de recourir à un tribunal arbitral -procédure sans précédent s’agissant d’une personne privée face à l’État- , affirmant à l’époque que Bernard Tapie toucherait « seulement » un maximum de 50 millions d’euros. Dans une lettre transmise à l’AFP, Jean-François Rocchi a démenti avoir contourné le conseil d’administration du CDR.
En juillet 2008, François Bayrou affirmait que cette décision d’indemnisation de M. Tapie était « un renvoi d’ascenseur par Nicolas Sarkozy au soutien de Bernard Tapie lors des Présidentielles 2007 ». Ce qui est certain c’est que cette affaire a l’étrange propriété de réunir plusieurs acharnés adversaires du FN. Front National dont le slogan «tête haute et mains propres » sonne comme une insupportable provocation pour beaucoup de gamellards et autres habitués des fromages ripoublicains.
Au premier rang de ses antinationaux de choc, Tapie lui-même, héraut du Système dans sa lutte contre le FN dans les années 90, jusqu’à ce que la prison le rattrape en 1997. Un hâbleur manipulateur comme le constata en pratique Bruno Gollnisch qui, avec le goût de la confrontation des idées qui est le sien, aurait accédé à sa demande de s’exprimer dans une réunion publique du FN. Mais contrairement à la légende (propagée par Tapie?), Bruno n’était pas à ce meeting frontiste à Marseille en 1992, lors de la campagne pour les régionales, lorsque Nanar s’y ridiculisa. Il y insulta avec des arguments bien pauvrets l’assistance et fit quelques heures plus tard, devant des micros complaisants, un compte rendu particulièrement mensonger de ladite réunion , traitant les électeurs frontistes de « salauds » coupables de pulsions génocidaires !
L’Express rapporte que trois autres vieilles connaissances du FN composaient ce fameux tribunal arbitral si compréhensif vis-à-vis de M. Tapie : « Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Denis Bredin, avocat et Pierre Estoup, magistrat, tous acceptés par toutes les parties en tant que Juges-Arbitres. » Les domiciles de ces derniers ont été perquisitionnés dans le cadre de cette affaire tout comme ceux de « Bernard Tapie et de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Mme Lagarde (…), les cabinets de Maurice Lantourne, l’avocat de Bernard Tapie (…) de Me Gilles August (…), le domicile et le bureau de Claude Guéant, ex-Secrétaire général de l’Elysée (…). »
Le juriste Pierre Mazeaud, accessoirement président de la Fondation Charles-de-Gaulle, est un farouche ennemi de l’opposition nationale, populaire et sociale depuis toujours. Le JDD rappelait en juin 2012, juste après les législatives, que « Sa détestation des idées du Front National n’a pas faibli avec le temps: Les alliances prônées par certains UMP avec le FN sont monstrueuses. Je me félicite de l’échec de Mme Morano aux législatives. Alors que la p’tite Kosciusko-Morizet a résisté et a été élue! » Comme c’est émouvant…
L’académicien Jean-Denis Bredin, autre adversaire vigilant du FN, met régulièrement en garde contre les nationaux. En mars 1997 il s’était même fendu d’une tribune solennelle et ampoulée dans Le Monde dans laquelle il appelait au « combat nécessaire » contre le FN. Le magistrat à a retraite Pierre Estoup, ancien premier président de la cour d’appel de Versailles (Yvelines), est un cas tout aussi intéressant, mais un peu à part.
L’Express rapporte que ce tribunal arbitral du trio Mazeaud-Bredin-Estoup « s’est partagé (pour ce travail) 1 million d’euros et 99 000 euros de frais. » Or, « Aujourd’hui, les soupçons de proximité de (Pierre Estoup, NDLR), l’ancien juge, âgé de 86 ans, avec l’avocat de Bernard Tapie, (Me Maurice Lantourne, NDLR) pourraient provoquer la remise en question de l’arbitrage de 2008 favorable à l’homme d’affaires (…). Car ces relations (avec Me Lantourne, NDLR) , qu’il reconnaît désormais, l’arbitre s’était bien gardé d’en parler lors de sa désignation, alors que la loi l’y contraint. Cette disposition a même un nom: l’obligation de révélation (…).»
«Selon le professeur de droit spécialiste de l’arbitrage, Thomas Clay, l’information aurait sans doute conduit à sa récusation. Pierre Estoup ne pouvait l’ignorer. Depuis sa retraite de la magistrature, en 1991, il s’est spécialisé dans l’arbitrage. Certaines de ces décisions, comme dans l’affaire Elf, ont déjà prêté à controverse. Un nouvel épisode est venu nourrir la suspicion. Le 28 juillet 2011, Pierre Estoup se voit récuser d’un arbitrage à la demande du Cameroun. Pour faire valoir sa démarche, ce pays a mis en avant le défaut d’indépendance et d’impartialité de l’arbitre. La raison? La présence de Me Lantourne dans le dossier. La cour d’appel de Paris annulera un peu plus tard la sentence d’arbitrage. »
Pierre Estoup présidait la cour d’appel de Versailles qui, le 18 mars 1991, condamna Jean-Marie Le Pen à la somme délirante de 1 200 000 francs de dommages et intérêts (plus de 183 000 euros !) pour ses propos tenus sur RTL le 13 septembre 1987, dans l’affaire dite du détail, lancée alors médiatiquement par feu la très à gauche Agence centrale de Presse (ACP).
Le Menhir dut noyamment payer 100 000 francs à chacune des neuf associations parties civiles : la Licra, l’Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus (UNADIF), la Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance ( F.N.D.I.R) , l’Amicale des anciens déportés juifs de France (AADJF), l’Amicale des déportés de Blechhammer-Auchwitz III, l’Amicale des anciens déportés de Bruna Monowitz-Auchwitz III, l’Association pour la fondation de la mémoire d‘Auschwitz, l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, l’Union des tziganes et voyageurs de France…
Rappelons-le, Jean-Marie Le Pen avait indiqué à l’antenne de ce Grand Jury RTL son attachement à la liberté d’expression et de recherche historique, puis avait ajouté en réponse à une question : « Je suis passionné par l’histoire de la seconde guerre mondiale. Je me pose un certain nombre de questions (…). Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu moi-même en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale. »
Point de détail. Partie d’un tout. Comme l’est aux yeux de nos impeccables juristes anti frontistes l’argent des contribuables français qu’ils ont accordé si généreusement à l’ex patron de l’OM, constate Bruno Gollnisch. Que le juge Estoup, arbitre en son temps des élégances sémantiques, soit aujourd’hui rattrapé (?) par l’Affaire Tapie, personnage emblématique de la ripoublique, a valeur de symbole. La vengeance de Toutanklepen a-t-elle a encore frappé ?
Affaire Tapie : Depuis longtemps je réclamais que la justice s’intéresse au rôle exact de l’ancien magistrat Estoup. C’est enfin en cours…
— Bruno Gollnisch (@brunogollnisch) May 28, 2013
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