Socialo-progressiste non pratiquant dans les urnes (il vote blanc depuis 1988 assure-t-il), le journaliste Jean-Michel Apâthie (RTL, Europe1, Canal+...) actuellement en tournée de promotion de son dernier livre chez ses confrères, a trouvé la formule provocatrice pour faire le buzz. Invité de public sénat il a ainsi déclaré en fin de semaine : « l’esprit politique français est fabriqué par le souvenir de Louis XIV, de Napoléon et du Général De Gaulle. Quand on fait de la politique en France madame, c’est pour renverser le monde. Eh bien ça ça n’entraîne que des déceptions. Moi si un jour je suis élu président de la République, savez-vous quelle est la première mesure que je prendrais ? Je raserais le château de Versailles. Ce serait ma mesure numéro un pour que nous n’allions pas là-bas en pèlerinage cultiver la grandeur de la France, devenons réalistes !». Opération de com réussie au regard de l’écho rencontré par ses propos mais qui ont aussi une résonance particulière avec l’actualité de la lutte contre l’Etat islamique. Ces derniers jours nous n’avons pas seulement appris la découverte d’un charnier d’une centaine de corps, dans la ville de Hammam Al-Alil, à proximité Mossoul, reprise aux troupes djihadistes, mais aussi la libération de la plurimillénaire cité antique assyrienne de Kalkhu (ou Kalhu), autrement baptisée Nimrod. Une ville, après les destructions opérées des œuvres impies du musée de Mossoul (ou leur vente au marché noir), que les miliciens décérébrés de l’EI avaient commencé à détruire au bulldozer pour raser des représentations jugées insultantes pour le prophète. Au nom d’un réalisme tendant à faire disparaître tout pèlerinage vers un lieu rappelant la grandeur d’une civilisation pré-islamique? Les bouffonneries de M. Apathie sont moins drôles qu’il ne le croit…
Après les commémorations du 11 novembre, Grande guerre dont le souvenir ne doit pas disparaître, la pire saignée jamais connue par notre peuple, qui a frappé cruellement toutes les familles françaises, cette fin de semaine fut aussi un moment de recueillement, d’émotion en ce premier anniversaire des massacres islamistes du 13 novembre dans les rues de Paris. François Hollande et Anne Hidalgo ont dévoilé des plaques au Stade de France et sur les lieux des autres attentats, des discours ont été prononcés, des bougies allumées… Toutes choses qui ne pourront bien évidemment effacer la douleur de ceux qui ont perdu qui un enfant, qui un conjoint, qui un parent, en partie du fait de l’aveuglement de la classe politicienne devant une réalité qu’elle n’a cessé de cacher sous le tapis pendant des années… pour « ne pas faire le jeu du Front National ».
Dans son livre La Cause du Peuple, Patrick Buisson, ex conseiller de Nicolas Sarkozy, ne dresse pas seulement un portrait corrosif des atermoiements, des faiblesses, des petitesses, de l’absence de colonne vertébrale intellectuelle de l’ex chef de l’Etat et d’une droite affaissée , sous l’emprise d’une gauche libérale-libertaire, euro-mondialiste, avec laquelle elle communie sur l‘essentiel. M Buisson analyse très finement les dérives de notre société contemporaine à la lumière de l’Histoire, la vision du monde qui anime les adversaires du camp patriotique ; il dessine aussi les contours de ce que sont les principes, les valeurs , le corpus idéologique d’une Droite nationale digne de ce nom.
Au détour d’un chapitre, il évoque les tueries du 13 novembre 2015 , les bougies allumées sur les lieux des attentats qui «ne vont pas sans évoquer la résurgence de quelque vieux culte animiste. Si elles dispensent un peu de chaleur, elles n’émettent guère de lumière (…) éphémères compensatrices de vacuité.» Il relève surtout qu’«un certain islam a administré la terrible démonstration de sa force aux dépens d’une République réduite à l’état d’agrégat de minorités par sa coupable complaisance à l’égard du communautarisme. Aux Français dans leur diversité désormais impossible à ramener à l’unité, la République n’a pu rien à faire partager si ce n’est un vague règlement de copropriété connu sous le nom de vivre-ensemble».
«L’un des non-dits les plus assourdissants du débat actuel» écrit-il plus loin, et ce constat est dressé par nous et par d’autres depuis longtemps, «consiste à taire la responsabilité du progressisme de gauche dans la séparation de l’islam et de la société française. Il n’est pourtant pas abusif d’imputer pour une large part aux effets conjoints de l’individualisme hédoniste et de l’idéologie émancipatrice le processus de radicalisation des musulmans français travaillés par le double sentiment explosif et contradictoire de la supériorité de leur civilisation et de l’infériorité de leur puissance. Le mépris que leur inspire la société française, jugée à la fois apostate et décadente, est pour beaucoup dans leur refus croissant d’intégrer la communauté nationale. De la banalisation de l’avortement, à la légalisation du mariage gay, de l’exaltation du féminisme à la marchandisation de la maternité, de la dévalorisation de l’autorité masculine à la proscription des vertus viriles, de la théorie des genres à l’ABCD de l’égalité, de obscénité à la la pornographie télévisuelle, les musulmans se sentent et se disent agressés en permanence dans leur être de croyants comme dans leur identité la plus profonde, par nos lois et nos mœurs».
Il est clair à l’aune de ces dérives là, qui fragilisent d’ailleurs notre communauté nationale toute entière, que rien n’oblige les musulmans à rester sur notre terre haram et qu’ils peuvent aussi nous quitter pour vivre pour un pays halal, comme le leur conseillent certains salafistes, à moins qu’une logique de conquête territoriale sous-jacente anime certains d’entre eux… Certes, un apostat comme le chanteur Sting milite pour toujours plus d’immigration. Lors de son concert samedi soir au Bataclan, en hommage aux victimes, ce dernier, quel symbole, a présenté sa nouvelle chanson « Inch’Allah »; un titre dédié à l’accueil des immigrés économiques et autres clandestins (migrants en novlangue) qui gagnent l’Europe par milliers chaque jour.
Est-ce le souhait des familles qui ont perdu un proche et des Français qui, par millions, s’enfoncent dans la pauvreté, sont frappés part la paupérisation, la relégation, deviennent étrangers dans leur propre pays ? M. Buisson pose finalement la question essentielle dont découle toutes les autres, celle implicite des responsabilités de la droite républicaine dans cette atomisation-implosion de la France. Il constate, là aussi après Bruno Gollnisch, Marine, les dirigeants du FN et bien d’autres, que «la question de l’immigration (souffre) en France d’un vice originel. les choix avaient été imposés part la classe dirigeante au peuple français, sans que celui-ci n’ait eu à aucun moment la possibilité de décider collectivement de son destin. Une nation qui ne décidait plus des conditions d’accès à la nationalité et de résidence sur son sol, ou pis, qui acceptait de se les voir dicter de l’extérieur méritait-elle d’être encore considérée comme une nation libre ?».
Il n’est pas étonnant que dans cette situation un sondage Vivavoice pour Libération, publié le 11 novembre, indique que le sentiment dominant pour nos compatriotes au sujet des attentats soit d’abord un sentiment de colère (56 %), devant la tristesse (48 %), la haine (24 %) et la peur (22 %). 26% des personnes interrogées affirment aussi avoir fait évoluer leurs positions électorales depuis les attentats. Ils ne doivent pas se tromper l’année prochaine, le pire peut encore être évité.
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