François Mitterrand en avait fait l’aveu à la fin de sa vie, c’est une guerre impitoyable, sans merci, qui nous oppose aux Etats-Unis, notamment sur le plan commercial. La première puissance mondiale –pour combien de temps encore ?- ne ménage pas ses coups pour affaiblir notre pays et plus largement le vieux continent qu’elle souhaite cantonner dans son rôle de colonie obéissante et déclinante. Comment reprocher d’ailleurs aux Américains de défendre leurs intérêts alors que les dirigeants français, européens et « bruxellois » s’accommodent fort bien de leur statut de dhimmi, ayant largement renoncé au rayonnement et l’affirmation de leur puissance ? La nature a horreur du vide.
Nouvelle épisode de ce conflit, l’administration américaine et Boeing ont marqué des points contre le consortium franco-européen Airbus en obtenant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) mercredi, qu’elle juge illégales certaines aides de Bruxelles accordées pendant 20 ans à Airbus. L’aboutissement d’une plainte américaine déposée en 2004. Est-il nécessaire de la rappeler, l’OMC est présidée par le socialiste français et très européiste Pascal Lamy.
Au-delà du cas plus spécifique du dossier Airbus/Boeing, il s’agit de rappeler la nocivité du dogme de l’OMC, celui de « l’ouverture des frontières », de la « libre concurrence sans frein », qui expose la production nationale à la concurrence déloyale de pays dépourvus de protection sociale ou bénéficiant de coûts de main-d’œuvre infiniment moins élevés que les nôtres, aboutissant à des délocalisations à grande échelle. Mais il est vrai que M. Lamy et tous les défenseurs du de l’ultra libre échangisme ne défendent pas le bien commun des Français et des Européens mais les intérêts des institutions financières et commerciales qui les paient.
Plus largement encore, et Bruno Gollnisch a eu l’occasion de le réaffirmer souvent dans l’hémicycle Européen la politique alternative prônée par les défenseurs des identités et des souverainetés nationales, qui passe également par la mise en place d’un protectionnisme mesuré et intelligent, nécessite de supprimer le monopole de la Commission européenne, trop souvent impuissante à défendre les intérêts des nos pays en matière de négociation des accords commerciaux ou des négociations multilatérales à l’OMC.
A l’occasion de ce nouvel épisode de la guerre entre Boeing et Airbus, le représentant au Commerce américain Ron Kirk a affirmé que les Etats-Unis avaient remporté une « grande victoire », estimant que cette décision « bénéficiera aux employés de l’industrie aérospatiale américaine ». Histoire d’enfoncer le clou, le directeur juridique de Boeing, Michael Luttig, n’a pas hésité à affirmer qu’Airbus doit désormais « rembourser les 4 milliards de dollars d’aides illégales reçues pour le programme A380 ou restructurer le financement de l’A380 conformément aux conditions en vigueur sur le marché ». Rainer Ohler, vice-président d’Airbus chargé de la communication, a répliqué que « Boeing induit en erreur délibérément l’opinion publique en affirmant qu’Airbus doit procéder à des remboursements ».
Par le biais de l ‘Organe de règlement des différends (ORD) le rapport de l’OMC établit en effet que « les subventions allemandes, espagnoles et britanniques d’avances remboursables pour l’A380 sont des subventions subordonnées aux résultats à l’exportation » et constituent en conséquence « des subventions à l’exportation prohibées » dans le cadre de l’OMC, lesquelles ont eu des effets négatifs sur l’industrie américaine, en détournant « des importations d’un produit similaire aux Etats-Unis ».
Airbus, toujours en lice contre Boeing pour obtenir un contrat de 35 milliards de dollars pour fournir des avions ravitailleurs à l’armée américaine a assuré que la décision de l’OMC, « n’aurait pas d’impact » sur l’appel d’offres, et « ne doit pas en avoir ». On se souvient qu’à l’occasion de la visite de Nicolas Sarkozy à son homologie américain à Washington, Barack Obama avait lui aussi assuré de la totale équité et transparence de cet appel d’offres…
Pour sa part, l’Union européenne, qui fera en toute hypothèse « appel » de cette décision s’ est dite « déçue » d’avoir été condamnée, mais prête à négocier un « accord amiable » avec les Etats-Unis dans ce dossier. Le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, a tenu à relativiser l’incidence de cette première manche gagnée par Boeing en précisant qu’il fallait attendre à présent le jugement de l’OMC, prévu mi-juillet, sur la plainte déposée par l’UE contre les subventions publiques dont bénéficie Boeing aux Etats-Unis, « pour se faire une idée complète du contentieux ».
« Si l’OMC continue sur son raisonnement, il y aura des conclusions se chiffrant en plusieurs milliards de dollars contre les Etats-Unis », a assuré Allan Mc Artor président d’Airbus America. L’OMC doit rendre le 16 juillet son avis concernant le deuxième volet de cette guerre, les aides américaines à son constructeur aéronautique.
Il est en effet de notoriété publique que Boeing, via notamment sa branche militaire, est fortement subventionné par le gouvernement américain qui manie sans complexe, en fonction des circonstances et quand cela l’arrange, la carte du protectionnisme ou de l’ultra libre échangisme.