La formule est restée célèbre, le général De Gaulle disait que la politique de « la France ne se fait pas à la corbeille », soulignant par là que l’économique doit être subordonné au politique. Avec une classe politicienne elle, largement inféodée à l’idéologie du mondialisme, après 40 ans d’abandon de souveraineté, de soumission aux diktats supranationaux et ultra-libéraux de l’Europe de Bruxelles, on peut encore douter de l’actualité de la devise gaullienne dans la France contemporaine.
La nouvelle a fait moins de bruit que la guéguerre Fillon-Copé et la recension habituelle des petites phrases, hier, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a apporté son soutien à la proposition du ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble. Au milieu du mois, ce dernier avait annoncé son souhait de voir se créer un poste de « commissaire aux Affaires monétaires » pour la zone euro, doté de supers pouvoirs lui permettant de passer par-dessus la tête des exécutifs nationaux.
M. Schäuble souhaite ainsi que ce commissaire ait le pouvoir de rejeter les budgets nationaux qui ne sont pas conformes aux critères de l’union monétaire. En janvier 2011, depuis le Forum économique mondial de Davos et en présence de Nicolas Sarkozy, ce ministre allemand avait déjà expliqué, devant un auditoire conquis, que pour consolider le système européiste, il était indispensable d’aller plus loin dans la fuite en avant, dans l’effacement de la souveraineté des nations européennes.
L’appui apporté à Wolfgang Schäuble par un antinational aussi caricatural que Mario Draghi n’est pas pour étonner, lui qui comme son collègue, le président du Conseil européen, Mario Monti, est un ancien cadre de premier plan de la tristement célèbre banque new yorkaise Goldman Sachs.
Mais avouons que nous sommes toujours un peu surpris lorsque nous voyons un souverainiste proclamé apporter son soutien à des dirigeants qui ont défendu et acté les différents traitées européistes, de Maastricht au traité budgétaire européen.
Ainsi en est-il du député UMP des Yvelines, Jacques Myard, souvent très proche des positions du Front National. Ce dernier, qui accessoirement a choisi de voter François Fillon pour la présidence de l’UMP, a précisé qu’il défendra la motion de la Droite populaire, pour «reconquérir la maîtrise économique et monétaire de notre destin face à une Union européenne dévoyée qui est devenue une machine infernale dévastatrice ».
Machine infernale à laquelle le parti sarkozyte ne s’est guère opposé quand il était au pouvoir. Et le 9 octobre, il s’est trouvé seulement à l’Assemblée dite nationale 17 députés UMP (sur 195…) pour voter contre le traité budgétaire européen, ce qui semble démontrer que les préoccupations de M. Myard ne sont guère partagées chez les amis de MM. Fillon et Copé…
S’il n’y a pas de souveraineté populaire sans indépendance de l’Etat, sa survie dépend aussi de ceux qui en ont la charge. Les têtes d’affiche des partis dits de gouvernement sont-ils encore persuadés que l’Etat reste un modèle viable, un cadre naturel, une structure nécessaire pour le développement, l’épanouissement et la protection de notre peuple ?
Si l’on s’en tient aux faits, la réponse à cette question est non, nos gouvernements successifs s’étant méthodiquement employés à abaisser notre Etat-nation au nom d’un travers intellectuel qu’Aymeric Chauprade a bien analysé.
« La crise de la souveraineté frappe avant tout les Etats dont les élites dirigeantes se sont convaincues que le monde entier s’éloignait de la doctrine classique de l’Etat. Dans l’Union Européenne relève M. Chauprade, certaines puissances semblent penser pouvoir compenser un insupportable abaissement de puissance, par une transformation radicale de la souveraineté : l’abandon de la souveraineté nationale au profit de la construction d’une souveraineté européenne, sorte de substitut de puissance face à l’hyper-puissance américaine »
« L’union européenne est cependant le seul exemple, dans le monde, d’une dynamique régionale ayant opté pour l’abaissement des souverainetés nationales. Partout ailleurs, la régionalisation prend la forme de coopérations interétatiques, de synergies économiques (…) ».
Bruno Gollnisch l’a souligné à son tour à de très nombreuses reprises, et c’était l’objet il y a quatre ans déjà de son intervention lors de l’UDT du FN à Evian, l’Europe bruxelloise de l’UMPS, des cénacles euromondialstes, cette « union soviétique européenne » n’est que la grotesque caricature de la civilisation et du génie européens.
Les nationaux sont conscients de « la réalité géographique, humaine et culturelle de l’Europe », et favorables à « des formes de coopération européenne ». Mais nous sommes résolument « contre l’escroquerie qui consiste, sous le couvert de cette coopération, à édifier un Super-Etat destructeur de nos identités particulières, de nos souverainetés, de nos libertés »
Et cela, « sans même pour autant édifier un ensemble véritablement européen, mais un espace euro-mondialiste ouvert à tous les vents, à tous les flux de personnes, de marchandises et de capitaux. »
Une folle politique du laisser faire-laisser passer « même quand ces personnes sont l’avant-garde d’une colonisation de peuplement venue d’autres continents, d’autres races, d’autres cultures, même quand ces marchandises ont été fabriquées à vil prix par les nouveaux esclaves des temps modernes, dans quelque pays asiatique, par des ouvriers surexploités ne disposant d’aucun droit social ou syndical.»
« Et même enfin quand ces capitaux sont des instruments de domination et de contrôle de ce qu’il nous reste d’industrie aux mains de puissances étrangères ou de fortunes anonymes et vagabondes. »
Nos compatriotes devront choisir « l’Europe » qu’ils veulent pour leurs enfants . Rapidement car il en va largement de notre survie.
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