Si Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, le FN tout entier voulaient une confirmation du caractère légitime de leur opposition au mariage pour tous, le sondage paru jeudi dans Valeurs actuelles en est une preuve éclatante. Pour 69% des personnes sondées (et comme le Mouvement national le réclame depuis le départ) , les Français « doivent être appelés à décider par référendum » sur cette question. Dans le détail, aucune différence n’est constatée en fonction de l’âge des personnes interrogées et, autre mauvaise surprise pour le gouvernement, 55% des sympathisants de gauche sont favorables à une consultation référendaire. Cela n’étonnera personne, cette opinion est encore plus largement partagée par les sympathisants de l’UMP (86%) et du FN (84%).
Face à cette fronde qui se dessine dans le pays réel au sujet de ce projet de loi qui sera examiné le 29 janvier, Vincent Peillon tente de cliver le débat sur une thématique gauche droite, pour tenter de remobiliser le camp des progressistes.
C’est la raison pour laquelle, avec le soutien de François Hollande, des humanistes du gouvernement ou encore de l’inénarrable Jack Lang, le ministre de l’Education « nationale » a mené en fin de semaine dernière une charge contre l’école libre pour tenter de ressusciter de vieux antagonismes, bien qu’il s’en défende assez maladroitement.
Dans une lettre adressée aux recteurs,le ministre a appelé à « la plus grande vigilance » autour du débat qui entoure le mariage pour tous dans les écoles catholiques, demandant de la « retenue » pour éviter la « stigmatisation homophobe ». Toujours volontairement hors sujet, Il demande ainsi aux recteurs de l’informer « au plus vite des incidents éventuels et de toute initiative contraire à ces principes » dans les établissements publics comme privés…
« Il est hors de question de remettre en cause la neutralité de l’enseignement et le respect des programmes » a réagi le « patron » des établissements catholiques, Eric de Labarre. Certes, « Il n’est pas question d’organiser spontanément des débats dans les classes avec les élèves», «même si, lorsqu’il y a des questions posées par les jeunes et les enfants, le pire c’est évidemment de garder le silence », a-t-il ajouté…
Un PS qui manœuvre lourdement dans ce débat avec le couteau dans les reins de son aile gauche et de ses alliées d’EELV. Les députés écolo-gauchises Noël Mamère et Sergio Coronado ont accusé samedi dans un communiqué, le gouvernement de « jouer les honteuses » (sic) : « Rarement un gouvernement aura autant louvoyé sur un projet de loi dont il avait pris l’engagement », ont-ils écrit.
Mais c’est bien une nouvelle fois l’hypocrisie de la très grande majorité des dirigeants de l’UMP dans cette affaire – caciques que nous ne confondons certainement pas avec la bonne foi de leurs électeurs et de leur base- qui est ici la plus écœurante.
L’ex ministre et actuel député UMP de la Haute-Loire,Laurent Wauquiez, qui avait annoncé lors des dernières législatives qu’il était prêt à voter PS pour faire « barrage » au FN, a dénoncé samedi dans les colonnes du Figaro la « grande manipulation politique» à laquelle se livre M. Peillon, « qui cherche à culpabiliser les chrétiens et à faire croire que l’opposition au mariage homo et à l’adoption est le fait d’une minorité ». « Au lieu d’être le projet de tolérance dont se réclament ses défenseurs, cette réforme est d’abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine envers les religions » ; « jamais on n’aurait accepté ces propos (stigmatisant sur les établissements catholiques, NDLR) sur l’islam et sur les juifs » a-t-il affirmé. Quelle audace !
Si M. Wauquiez se souvient que les établissements cathos ne scolarisent pas que les enfants des bobos, soucieux de préserver leurs rejetons d’une mixité qu’ils prônent pour les autres, la montée au créneau de l’ex ministre de l’Education Luc Chatel contre le courrier de Vincent Peillon est toute aussi « paradoxale », pour rester poli.
Dans le JDD, il affirme ainsi être « surpris que, d’un côté, on trouve normal d’organiser des débats dans les établissements publics par toutes les associations partenaires de l’Education nationale, sur tous les sujets, sans jamais dans ces cas-là invoquer la neutralité pour les empêcher, et que, de l’autre, on refuse que les établissements privés sous contrat organisent des débats sur l’évolution de la famille et le mariage homosexuel »
Rappelons ici l’évidence, comme l’a fait Marine en fin de semaine, à savoir que si la famille a «toujours été considérée comme l’ennemi à abattre par les socialistes», «c’est sous le mandat de Nicolas Sarkozy et grâce au ministre Luc Chatel (qui autorisa notamment a diffusion du film de propagande Le Baiser de la lune dans les classes de CM1, CM2, NDLR) que les portes des écoles ont été ouvertes au micro-lobby LGBT afin d’y diffuser auprès de nos enfants la délirante théorie du genre».
Une théorie du genre dénoncée également avec force par l’ancien ministre de François Mitterrand, Georgina Dufoix, dans le magazine La Vie, dans lequel elle prend position contre le mariage pour tous et annonce qu’elle ira manifester le 13 janvier. « Si François Hollande avait posé la question suivante: êtes-vous d’accord pour supprimer les mots père et mère du droit civil français et des codes qui régissent la famille, les Français s’y seraient opposés », a-t-elle estimé. « Nos concitoyens n’ont pas compris que derrière le mariage des homosexuels, c’est la théorie du genre qui est insufflée dans la société française. Cette théorie qui vient des États-Unis estime qu’homme et femme sont interchangeables », conclut-elle
Ce qui ne semble pas choquer M. Chatel outre mesure puisque avec l’aval de Jean-François Copé, de François Fillon et consorts, rappelions nous en novembre, il avait accepté l’enseignement dans les établissements scolaires (et à science-po) de cette fameuse la théorie du genre (gender), défendue notamment par le lobby homosexualiste et popularisée par l’universitaire gauchiste américaine Judith Butler.
Un gouvernement UMP qui a financé aussi le groupuscule extrémiste Act Up, celui là même qui avait organisé la promotion du « mariage gay » à Notre-Dame de Paris en 2005, groupuscule auquel la droite au pouvoir a versé de généreuses subventions (125 000 euros par an).
Alors, certes, Marine a eu raison de rappeler encore que la manifestation du 13 janvier «ne doit pas masquer la double instrumentalisation dont elle est l’objet de la part de l’UMP et du PS, dans le seul but de faire oublier leur proximité idéologique sur la politique d’austérité, de saccage social, de défense de l’ultralibéralisme destructeur tout comme leurs échecs patents dans la lutte contre l’immigration massive, l’insécurité permanente, le chômage de masse et les vagues de délocalisations».
Mais la présidente du FN a aussi apporté son « soutien » à la base militante, aux adhérents frontistes, aux cadres, élus, et électeurs de la droite nationale, populaire et sociale qui défileront dimanche prochain avec Bruno Gollnisch, « contre un projet de loi porté par ce qui n’est plus le parti socialiste mais est devenu le parti sociétaliste» -la formule est heureuse.
Bruno Gollnisch l’a rappelé sur ce blog, les questions dites sociétales, celle du mariage de l’adoption, de la PMA ne sont pas accessoires et secondaires. Elles sont pleinement et entièrement des questions de haute politique. Le sondage que nous évoquions plus haut le prouve, elles sont bien plus ou moins consciemment perçues ainsi par les Français.
Cette opposition frontale des frontistes à ce projet a suscité de nombreux commentaires dans les medias. Nous entendons ici réagir déjà à deux d’entre eux. Contacté par francetv info, « le politologue Jean-Yves Camus », est-il rapporté, explique qu’ « un homme pourrait tirer profit de l’absence de Marine Le Pen dans les cortèges : Bruno Gollnisch. Lui a toujours tenu des positions claires sur le sujet. Il est hostile à l’union homosexuelle, fidèle à la défense des valeurs traditionnelles, fait remarquer le chercheur. Il pourrait attirer à lui les électeurs du FN qui sont sensibles à cette question.Moralité, conclut-il, c’est un test important pour Marine. »
Rappelons à M. Camus que la question ne se pose pas en ses termes. Il peut certes exister parfois au sein du FN des différences d’analyses, bien normales dans un mouvement politique « adulte », « qui fait vivre le débat ».
Mais l’ambition de Bruno n’est pas différente de celle de la direction du FN : porter nos idées au pouvoir, ce qui induit nécessairement un travail collectif. Aussi, il ne cherche pas tant à « attirer à lui les électeurs du FN qui sont sensibles à cette question » , auprès desquels il est déjà connu et apprécié, qu’à attirer les électeurs qui ne votent pas encore FN et/ou qui sont demandeurs d’une ligne forte au sujet de la défense des valeurs traditionnelles.
Enfin, un autre spécialiste es « extrême droite », Nicolas Lebourg dans un entretien accordé au magazine les Inrocks, affirme qu’«il n’y a que des coups à prendre pour le FN en se lançant dans ce débat (sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, NDLR) ». «Le FN ne va pas marquer des points sur l’homophobie, sa martingale c’est l’anti-immigration. Ils ne vont pas faire de la politique sur une demande sociale homophobe car il n’y a pas la clientèle politique pour ça.»
Alors, rassurons là aussi M. Lebourg. Non, en effet, le FN ne va pas marquer de points sur l’homophobie, pour la simple et bonne raison que ce n’est pas de cela dont il s’agit comme il feint de le faire croire ; quand bien même cette revendication du mariage pour tous serait très minoritaire chez les homosexuels.
Mais a contrario affirme Bruno Gollnisch -/2012/12/31/manifestation-du-13-janvier-pourquoi-bruno-gollnisch-y-sera/- il y a bien une « clientèle politique » désireuse, sans outrances mais avec fermeté, de voir une force politique cohérente défendre la loi naturelle, les valeurs traditionnelles, une éthique de civilisation.
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